Eglise catholique au Togo : blog d'un prêtre de Lomé !

LA PENITENCE ou RECONCILIATION

INTRODUCTION

 

         Plusieurs passages bibliques à première vue laissent à penser qu’une fois incorporé au Christ par le baptême, on ne peut plus pécher : « Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche plus… » (1Jn 5, 18).

         La rechute du chrétien dans le péché semble exclure ou si elle se produit, ce fautif est un faux chrétien. On sera même tenté de désespérer de son salut puis qu’il ne peut pas recevoir de nouveau la rémission baptismale des péchés. Faut-il exclure ceux qui retombent de nouveau dans le péché ? L’idée d’une rémission des péchés commis après le baptême va naître dès les premiers siècles rappelant les paroles du Christ à ses apôtres : « … Recevez l’Esprit Saint ; ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis … » Jn 20, 22-23. Progressivement l’on parviendra au sacrement de pénitence.

         Les résultats de nos recherches porteront sur son historicité, sa cristallisation et les nouveautés apportées par le Concile Vatican II.

 

 

A)     ORIGINE DU SACREMENT DE LA PENITENCE   

 

l- le mystère de la pénitence dans l’Ecriture  Sainte

 

1.1. La pénitence dans  l’Ancien Testament

Tout l’Ancien comme le Nouveau Testament sont riches d’enseignements sur la pénitence. Pendant que les auteurs sacrés ont une vive conception du péché et du repentir, essayons de voir à travers quelques textes clefs comment ces auteurs entrevoient le mystère de la pénitence.

Au niveau de l’Ancien Testament et plus singulièrement dans le livre de la Genèse, l’expérience du peuple d’Israël nous prouve que le péché est avant tout considéré par rapport à l’Alliance. Ainsi définissons-nous le péché comme une destruction de cette Alliance voulue par Dieu dès la création. Face à cette désobéissance à Dieu, il est inévitable que l’homme mange le fruit de la connaissance sans en mourir car seul Dieu connaît le bien et le mal.

En réalité, disons que c’est le péché qui a séparé l’homme de Dieu et a introduit le désordre dans l’existence même de l’homme[1]. Dès cet instant, la familiarité confiante qui existait entre Dieu et l’homme n’est plus possible et celui-ci est séparé de l’arbre de vie (Gn 3, 22-24). Ce texte tout en relatant la nature du péché ne nous dit rien de façon explicite sur la pénitence. Cependant, nous supposons cette démarche pénitentielle dans la peur d’Adam qui se cache pour ne pas voir Dieu « j’ai entendu ton pas… j’ai eu peur car j’étais nu... et je me suis caché » (Gn 3, 10). Ce comportement d’Adam est une manière de nous dire que la nudité dans la Bible est une abominable aberration, une terrible honte, un péché grave qui exige pénitence de la part du coupable. A l’issue de ce premier péché, le texte ne mentionne aucun rite pouvant démontrer une réconciliation entre Adam et Dieu. En poussant toutefois les interprétations, on peut appliquer cette réconciliation à la confection des tuniques de peau dont s’est servi Dieu pour revêtir nos premiers parents après leur chute.

 

Par ailleurs, lorsqu’on se réfère au chapitre 24 du livre de Josué on se rend compte que l’assemblée de Sichem est essentiellement caractérisée par  l’alliance qu’elle a conclue avec son Dieu. Après que Josué ait rappelé les interventions de Yahvé en faveur d’Israël (Jos 24, 2-13), l’assemblée se prononce pour Yahvé au détriment des dieux étrangers tels que l’idolâtrie et la magie. Sans plus hésiter, celle-ci se décide puis s’engage de ne plus se détourner de Dieu et accepté de rentrer dans son mystère. En définitive, disons que le pacte de Sichem n’est autre chose que le retour ou mieux l’adhésion d’Israël à l’alliance avec Dieu.

1.2. La pénitence dans le Nouveau Testament

 

Il est difficile de trouver dans le Nouveau Testament, des textes dont la structure donne un enseignement sur le repentir. C’est au contact avec Jésus Christ que apôtres, disciples ou païens se sont rendu compte de la misère de leur vie pécheresse, se repentent et se convertissent. Mais, avant Jésus, Jean Baptiste invitait les gens à un bouleversement intérieur radical signifié par un baptême, appelé « baptême de conversion » qui est une préparation du peuple, en vue d’accueillir celui qui vient, le Messie (Lc 3, 1-18). Dans le cas de Jésus, en Lc 7, 36-50, la femme pécheresse que Jésus lui à manifesté.

 

Jésus a donc prêché et a envoyé ses apôtres prêcher la conversion en annonçant l’évangile du Royaume (Mc 1, 15 ; 6, 12). Après sa résurrection, le Christ a renouvelé cette mission aux apôtres qui iront proclamer en son nom le repentir à tous, en vue de la rémission des péchés (Lc 24, 47). Jésus réclame la conversion et ne fait aucune allusion aux liturgies pénitentielles. Il se méfie même des signes trop voyants (Mt 6, 18). Ce qui compte, c’est le retournement du cœur, acte d’humilité : « Mon Dieu, ayez pitié du pécheur que je suis »( Lc 18, 13). Il faut cependant reconnaître que la conversion est une grâce due à l’initiative divine qui précède toujours l’homme (Lc 15).

 

Quelques conclusions :

La pénitence – repentir

Le repentir est un regret douloureux que l’on a d’un acte déjà accompli. Il naît dans l’âme d’un sujet qui porte un jugement de valeur sur ses propres comportements. En d’autre terme, le repentir est un retour en arrière sur un acte du passé médité sous l’angle de la valeur morale. Chez le coupable, il demeure un certain mépris de soi, de dégoût sur certaines actions qu’il a peu commettre soit par inattention soit par inconscience. Le but de ce dégoût est donc d’aider le sujet à corriger sa conduite selon une échelle morale.

 

Au bout des comptes, il faut retenir que le repentir dans un sens religieux est un véritable regret pour l’homme d’avoir manqué au respect dû à Dieu juste et bon. Voilà pourquoi il est nécessaire pour l’homme de retourner à une décision relative en vue d’une sincère conversion pour éviter les mêmes manquements à l’avenir. C’est le cas du psaume 51 qui est attribué à David. Ce psaume est par ailleurs considéré comme le repentir par excellence qui appelle à la miséricorde divine.

 

Il s’agit donc de la reconnaissance des fautes, du ressentiment du poids de s péchés commis, de la contrition du cœur bref de la prise de conscience de la sainteté de Dieu et de la misère humaine qui finit par déboucher sur la proclamation des merveilles de Dieu (Ps 51, 16-17). Nous précisons que l’expression de ces sentiments de repentir passe entièrement par la prière et nécessite le dialogue avec Dieu. Comme conséquence de toutes ces démarches on peut citer : l’aveu des fautes, la demande de la purification intérieure, l’appel à la grâce qui seule peut changer nos cœurs en exigent de tout homme une orientation nouvelle vers une vie fervente.

 

Pénitence comme sacrement

A vrai dire, on ne peut donc pas encore parler de sacrement dans le régime vétérotestamentaire. Cependant, la réalité n’est pas absente pour celui qui veut considérer le sacrement non seulement comme lié au mystère de la Passion-Mort - Résurrection du Fils de Dieu, mais aussi comme un rite.

On implorait le pardon divin par des pratiques ascétiques et des liturgies pénitentielles : on jeûnait (Jg 20, 26 ; 1R 11, 8), on revêtait le sac (Jonas 3, 5-8), on se couvrait de cendre (2Sam 12, 16) on lançait des cris de deuil (Lm 16, 6-15) ; on faisait une confession collective du péché (jg 10, 10 ; 1Sam 7, 6) ; on recourait à l’intervention d’un chef ou prophète (Ex 32, 30).

Par centre, on trouve dans l’Evangile des indications relatives à l’institution par le Seigneur du Sacrement de la pénitence Jésus pardonne aux pécheurs et donne à son Eglise un pouvoir sur les péchés.

 

2. L’institution de la pénitence sacrement

 

2.1. L’attitude de  Jésus lui-même

L’attitude de Jésus à l’égard des pécheurs est foncièrement caractérisée par une justice non répressive mais réhabilitante. Fidèle à sa pédagogie, Jésus ne cesse d’accueillir avec bonté les pécheurs et reconnaît dans leur démarche un geste de repentir qui sera bouclé par une vie nouvelle. C’est le cas de la confession de Zachée qui a suscité la miséricorde de Jésus qui n’a pas tardé à loger chez lui.

En dehors des multiples attitudes bienveillantes de Jésus pour les hommes, celle de son entretien avec la femme adultère demeure l’une des plus remarquable. Selon la justice humaine, une telle femme devrait être condamnée et lapidée à mort. Cependant, elle a eu la vie sauve grâce à l’intervention de Jésus qui est venu non pour condamner mais pour sauver. « Personne ne t’a condamnée, femme ? Je ne te condamne pas non plus. Vas, et ne pèche plus ». (Jn 8, 10-11).

A côté de ces récits, nous pouvons citer d’autres textes similaires qui expriment dans le Nouveau Testament les mêmes attitudes charitables de Jésus. Il s’agit de la manifestation de sa miséricorde non seulement à l’endroit des pécheurs mais aussi à l’égard des malades dont le paralytique de Capharnaüm qui a été doublement guéri de son corps et de son âme par Jésus.

 

2.2. Le pouvoir concédé aux apôtres

Relevons deux textes relatifs au pouvoir promis, d’abord à Pierre (Mt 16, 18-20) et ensuite aux apôtres réunis (Mt 18, 15-18) L’objet de ce pouvoir est encore assez vague. Mais ce pouvoir est mis en corrélation avec l’idée de l’Eglise. C’est donc l’Eglise qui jouit de ce pouvoir. La Tradition ecclésiastique verra dans ces paroles de Jésus, la racine non seulement du pouvoir législatif de l’Eglise, mais encore de son pouvoir de remettre les péchés.

Après la résurrection on prendra aussi en compte et autres textes qui font autorité (Mt 28, 18-20 ; Lc 24, 47-49 ; Jn 20, 19-23) ;

En Matthieu et Luc il y a une allusion aux pouvoirs de sanctification qui sont donnés aux apôtres. Leur première tâche est d’annoncer le message du Ressuscité ; prêcher le repentir et la rémission des péchés (Mt 28, 19 ; Lc 24, 47). Mais, ces paroles du Ressuscité visent directement le baptême pour la rémission des péchés. C’est le texte de Jean qui prendra en compte le cas des baptisés qui viendraient de nouveau à pécher : «  Recevez l’Esprit Saint, ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis et ceux à qui vous les retiendrez, il leur seront retenus » (Jn 20, 22-23)

 

3. Fondements anthropologiques

 

* L’homme, un être relationnel

L’homme est de par sa nature, un être de relation. S’il est vrai que c’est l’homme qui fait la relation, il est encore plus vrai que c’est la relation qui fait l’homme. Le solitaire privé de la chaleur humaine se dénature, et de là, se confond aux autres créatures qui l’entourent. L’homme sans l’homme meurt donc par faute de référence semblable.

 

* L’homme, un être de réconciliation

La vie en société est souvent confrontée à des conflits interpersonnels qui créent en l’homme un déséquilibre. Pour retrouver l’harmonie perdue, l’homme prend le chemin de la réconciliation qui le fait maître de toute situation conflictuelle. La réconciliation fait de lui un être que les autres êtres créés. La réconciliation demeure un besoin vital dont l’homme ne peut se passer.

 

* La parole

La Parole est indispensable dans la vie relationnelle. C’est dans le dialogue, la conversation, l’échange des mots et des paroles que se trouve la première forme de coopération entre les hommes. Ainsi, la parole joue un rôle irremplaçable dans tout processus de réconciliation.

 

B) DEVELOPPEMENT HISTORIQUE DU SACREMENT DE PENITENCE

   

 l- Le temps Apôtres.

  

Après le départ de Jésus Christ au ciel et sous son injonction, les apôtres ont dans leur prédication, cherché à faire naître  le repentir dans les cœurs en assurant aux croyants la rémission des péchés par le baptême : « convertissez-vous et  que chacun  se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour obtenir le pardon de ses péchés » (actes 2, 37). Ainsi la pénitence au temps apostolique est comprise comme une conversion( métanoia). Le baptême est le premier sacrement de pénitence et de réconciliation. Mais quand il s’agit de fautes commises après le baptême, il est difficile de trouver dans le Nouveau Testament, l’exercice du pouvoir de remettre les péchés. Cependant, il ne faut pas croire que des scandales ne se produisaient pas  chez les premiers chrétiens baptisés ( cf. Actes 5, 1-11 : le cas d’Ananie ; 8, 18-24 : le cas de Simon à Samarie). Dans des cas très graves comme l’inceste, Paul préconise l’exclusion de la communauté. Les coupables sont privés des relations ordinaires avec leurs frères(1Co 5, 1- 13 ; 1 Tm1, 18- 20). Ils sont réintégrés après un sérieux repentir. A ceux- ci on imposait les mains en signe de réconciliation(Actes 19, 18 ; Jc5, 16 ; 1 Jn 1, 9 ; 1 Tm5, 22).                                                            

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1.1.      La didache

La didache décrit la réunion eucharistique du dimanche. Elle évoque  une certaine confession des péchés afin d’être pur pour prendre place à la table du Seigneur : «  le jour dominical, réunissez-vous, rompez le pain et rendez grâces, après avoir au préalable, confessé vos transgressions »[2] ou encore « dans l’assemblée, tu confesseras tes péchés et tu  n’iras pas à la prière avec une mauvaise conscience » (1 v, 14). Il semble  qu’il n’est pas question d’un rite de pardon. Ce sont tous les membres de  la communauté qui se reconnaissent pécheurs devant Dieu. De plus on note  une mise en quarantaine  des coupables ; ce qui suppose un certain acte de la pénitence canonique.

 

2.  Du IIe au Ve siècle : la pénitence antique selon quelques Pères de l’Eglise

 

 2.1.  La Didascalie des Apôtres

                                                                                       

Composé en Syrie au cours du IIIe siècle, elle fournit sur la pénitence canonique des  renseignements précieux. On y décrit surtout les qualités du vrai pasteur. L’Evêque doit être irréprochable, ce qui lui permet d’exercer sur les fidèles une véritable autorité et de traiter les pécheurs comme il convient. L’Evêque est un juge. Comme Dieu, il doit juger avec puissance, recevoir avec charité ceux qui se repentent.

 

En les encourageant en leur enseignant la promesse divine de faire grâce aux pénitents. On entrevoit également dans la didascalie, quelques unes des cérémonies de la pénitence : le pécheur doit lui-même se mettre à l’écart de la communauté pour pleurer ses péchés ; il devra ainsi demeurer au-dehors où l’on ira prier pour lui. Puis l’Evêque le fait introduire et examine s’il a fait correctement pénitence et s’il est digne d’être reçu dans la communauté ; il lui impose des jours de jeûne en proportion de sa faute et le renvoie en lui recommandant de joindre la prière au jeûne, afin de se rendre digne de la rémission de ses péchés. Quand le coupable a accompli sa pénitence, il  est reçu dans l'Eglise et pendant que toute la communauté prie pour lui, on lui, impose les mains. Il a dès lors, permission de demeurer avec ses frères

 

2.2.      Le Pasteur d’Hermas

 

Cet ouvrage enseigne qu’il n’y a pas d’autre rémission des péchés que le baptême. Mais il entrevoit une possibilité de pardon pour les péchés. Selon lui, il est possible aux chrétiens, après le baptême, d ‘obtenir une nouvelle fois, par la pénitence, quelle que soit la gravité de la faute  la rémission des péchés. Mais cette possibilité ne leur est donnée qu’une seule fois  dans leur vie. Hermas proclame ainsi le principe fondamental de la pénitence antique.

La pénitence  n’est pas réitérable. C’est une sorte de jubilé. L’occasion qui est offerte aux baptisés coupables ne se répétera plus. Mais on  ne voit pas chez Hermas une trace sur le moyen de la mise en œuvre pour opérer la réconciliation des coupables avec Dieu et avec l'Eglise.

 

2.3. Tertullien[3]

Dans son «  de la chasteté », Tertullien aussi enseigne  la possibilité de recourir, après le baptême, à l’exomologèse, mais une fois seulement. L’exomologèse consiste dans un acte de discipline qui impose au pécheur de se prosterner et de s’humilier et prescrit au pécheur un mode vie de nature à lui attirer le pardon. Par l’exomologèse, le pécheur  avoue à Dieu son péché et par cet aveu de culpabilité, l’expiation cherche à apaiser Dieu.

 

Cette pénitence a un caractère fortement communautaire. « Le corps ne peut se réjouir quand  un des membres est malade : il souffre tout entier, et doit travailler tout entier à la guérison. Là  où se trouve un  ou deux fidèles, l'Eglise est présente, or l’Eglise, c’est le Christ. » Tertullien fait alors remarquer comment la plupart des pécheurs se dérobent de cette pénitence ou la diffèrent à cause de sa note publique.

 

2.4. Origène[4]

Contemporain de Tertullien, Origène, dans son « de oratione », commente la demande « Dimitte nobis debita nostra ». Ce qui  l ‘ a amené  écrire  un passage sur la rémission des péchés. Selon lui, nous avons tous le pouvoir de pardonner les fautes  que le prochain  a commises contre nous. Quant aux fautes commises contre Dieu, seul un dépositaire de l’Esprit Saint et des pouvoirs sacerdotaux peut les pardonner au nom de Dieu et de l’Eglise.

 

2.5. Saint Cyprien[5]

L’Evêque Cyprien donna sur la pénitence  ecclésiastique des informations précieuses. Dans son « de lapsi », Cyprien s’est intéressé à la question des apostats lors de la persécution de Dèce ( 250) et de Valérien ( 258) : quels traitements faut-il  réserver à ceux qui ont apostasié soit en sacrifiant, soit en se procurant des attestations fictives.

 

Pour lui, la pénitence antique est un second baptême après la rémission des péchés absolument gratuite dont bénéficie le fidèle au bain baptismal. Dans la pénitence, le pardon est subordonné à une expiation proportionnée aux fautes commises. Ce pardon s’exerce  dans l’Eglise par ses ministres qui interviennent dans le processus pénitentiel. Ce processus( exomologèse) est très humiliant et se déroule devant la communauté tout entière par l’imposition des mains de l’Evêque et du clergé. Mais en définitive c’est  Dieu qui  peut  pardonner.

 

2.6. Saint Ambroise[6]

Pour lui, la pénitence n’est  accordée qu’une seule fois comme le baptême. A l’encontre des Novatiens qui n’entendaient pas pardonner aucun péché, Ambroise affirme qu’instituée par Jésus Christ, la rémission des péchés relève certes du pouvoir divin. Il s’appuie sur les textes ( Jean 20, 22 et Matthieu 16, 19). Le baptisé, bien que pardonné demeure pécheur.

 

2.7. Saint Augustin[7]

Il n’a pas élaboré une œuvre systématique sur la pénitence. Il prescrit cependant le fonctionnement de la discipline pénitentielle, les doctrines que cela suppose, et il donne des renseignements consistants sur la pénitence. L’Evêque d’Hippone distingue trois sortes de pénitence : celle qui doit se faire avant le baptême, celle que le chrétien accomplit en privé pour les fautes légères ou quotidiennes et celle enfin que le pécheur doit accomplir s’il est tombé dans une faute grave. La réconciliation a les mêmes effets que le baptême c’est pourquoi la pénitence équivaut à un second baptême. Augustin exhorte les pénitents à une prompte pénitence.

                                                                                                                             

Que retenir ?

Dans l’Eglise apostolique et ancienne, existait une possibilité de recevoir  le pardon des péchés commis après le baptême. Les Pères ont essayé de leur côté d’élaborer un rite pénitentiel appelé : pénitence antique, ecclésiastique, publique. Ceci  permettait aux  baptisés coupables de se réconcilier avec Dieu et avec l'Eglise : une sorte  de second baptême. Rappelons que cette pénitence communautaire se déroule en trois étapes : l’entrée en pénitence ( la confession), le stage (satisfaction), et la réconciliation. Il faut aussi noter que la terminologie de pénitence communautaire est ambiguë car l’on peut croire qu’on se confessait publiquement, mais en réalité c’est plutôt la pénitence qui est publique. On entrait en pénitence dans un rite solennel où  toute l’Eglise était présente.

 

3. La pénitence privée ou tarifée du VIIe – XIIe siècle

 

Dès le VIIe  siècle, la pénitence antique était tombée en désuetuite. Alors les moines de saint Patrick eurent conscience de créer une nouvelle forme en alliant quelques éléments de la pénitence antique à certaines pratiques monastiques de correction fraternelle. Nous serons amenés à parler dans ce paragraphe, des caractéristiques essentielles de cette forme de pénitence et des pénitentiels.

 

3.1. Les caractéristiques essentielles

         - L’aveu demeure secret, la pénitence le devient aussi. A cette époque, on ne fait plus pénitence publiquement.

         - Cette pénitence est réiterable. On peut y recourir autant de fois que l’on veut et, pour faciliter l’accès, ce n’est plus l’évêque seul qui en est le ministre, mais également les prêtres.

         - L’absolution qui, au départ était donnée après l’accomplissement de la pénitence (comme dans la pénitence antique) va être donnée immédiatement après l’aveu, et donc avant que le pénitent n’ait accompli son temps et ses actes de pénitence, pour que le pécheur n’attende pas trop longtemps on pardon.

         - L’évêque garde sur cette pénitence une certaine autorité en établissant des barèmes de pénitence (d’où le nom de pénitence tarifée) qui guide le confesseur. Ce sont les pénitentiels.

3.2. Les pénitentiels

         Ce sont des documents qui traitent de la pénitence tarifée. Il s’agit de petits livres destinés à guider ceux qui administrent la pénitence. Sous sa forme plus réduite, un pénitentiel ressemble à nos jours aux livrets d’ »examen de conscience », c’est-à-dire qu’ils énumèrent différentes espèces de péchés dont le classement peut être assez  variable. Alors qu’a notre époque les examens de conscience s’adressent aux fidèles, autrefois les pénitentiels s’adressent aux confesseurs. A côté de chaque faute, s’inscrit la pénitence qu’il faut imposer. De cette manière, l’allure générale est en définitive celle d’un tarif. Les pénitentiels peuvent également se définir comme « des directoires, pratiques destinées aux confesseurs dans le système de la pénitence tarifée. Par leur contenu, ils consistent en des catalogues de péchés accompagnés chacun de la taxe pénitentielle »[8]. Comme exemples de pénitentiel, nous pouvons citer le Pénitentiel du pseudo-Théodore[9] (690-740) et le Pénitentiel de Colomban (612-615).

         Précisons qu’une pénitence de longue durée peut être remplacée pour une autre de courte durée mais plus pénible[10] Il y a aussi la possibilité de confier la pénitence à accomplir à une autre personne pieuse (moine, laïc, jeûnant à la place d’une personne) : Gal 6, 2.

 

         4. Enseignement de Saint Thomas sur la pénitence privée[11]

 

         Saint Thomas centre son enseignement sur la justification. Comment peut-on rapprocher l’élément divin et l’élément humain dans le processus de la justification ? Jusque là, les théologiens n’avaient pas encore réussi à établir la connexion définitive entre la contrition et l’absolution, parce que la tendance était de considérer les diverses parties du sacrement de pénitence comme agissant successivement, et chacune pour son propre compte. L’apport de Saint Thomas sera donc de négliger toutes ces distinctions et de considérer le sacrement de pénitence comme constituant un tout, une entité dont toutes les parties concourent à produire un même effet, qui est la rémission du péché. Le principe théologique de Saint Thomas réside dans l’unité de » la forme et de la matière du sacrement de la pénitence.

 

         4.1. La vertu de pénitence et le sacrement de pénitence

 

         Saint Thomas distingue la vertu de pénitence et le sacrement de pénitence. La vertu de pénitence n’est pas la simple tristesse ou la douleur ressentie à l’occasion du péché. La vertu de pénitence comporte un acte de volonté. Le pécheur se décide à regretter l’offense faite à Dieu avec l’intention de la réparer et de l’écarter désormais de sa vie. Animée de l’amour, la vertu de pénitence relève des vertus surnaturelles infusées à l’âme au baptême. Elle devient par le fait même une disposition habituelle dans l’âme du croyant.

         La vertu de pénitence, pour aboutir à la justification (rémission des péchés) doit s’achever dans le sacrement institué par le Christ à cet effet. Les éléments constitutifs de ce sacrement sont : la contrition, la confession, la satisfaction et l’absolution.

         4.2. Les éléments constitutifs du sacrement de pénitence

* a contrition : Pour Saint Thomas, la contrition indique l’état du pécheur qui abandonne complètement toute affection pour le péché. La contrition est une douleur voulue de nos péchés, jointe à la résolution de nous confesser et de donner satisfaction. Elle est un acte de la vertu de pénitence engageant la volonté.

* L’attrition : Thomas d’Aquin ne distingue pas nettement contrition et attrition. Toutes deux sont des actes et non des habitus. Au sens strict, est contrition, toute douleur du péché qui procède de la pénitence infuse c’est-à-dire informée par la charité. Est attrition toute douleur du péché conçue par l’âme destituée de la grâce. La contrition diffère donc de l’attrition non seulement par l’intensité de la douleur, mais par le fait qu’elle est infusée par la grâce.

* La confession : C’est l’aveu des péchés, fait à un prêtre, dans l’espoir du pardon, pour recevoir l’absolution et l’imposition d’une satisfaction. L’institution de la confession est de droit divin.

* La satisfaction : c’est un acte de vertu. C’est une compensation volontaire rendue à Dieu par le coupable, en raison de l’offense commise par le péché. La satisfaction est nécessaire pour l’acquittement de la dette temporelle

* L’absolution : Pour Thomas, l’absolution représente la forme, c’est-à-dire l’achèvement du sacrement. L’absolution doit signifier ce que fait le sacrement en correspondance avec la matière sacramentelle, donc le rejet du péché. C’est ce qu’exprime « Je t’absous », « Je te délie ». Les effets du sacrement de pénitence sont donc de ce fait, la rémission des péchés mortels par l’infusion de la grâce habituelle et la rémission de la peine éternelle

 

5. La réforme protestante

         La doctrine protestante se base tout entière sur le principe de la justification supprimant tout intermédiaire entre Dieu et l’homme. Cette logique sera aussi appliquée au sacrement de la pénitence catholique.

 

5.1. Abelard (1142)

          Il s’agit du problème de l’existence du pouvoir chez les évêques indignes. Pour certains le pouvoir n’existait plus. D’autres pensent que les peines ecclésiastiques laissent subsister le sacrement de l’ordre, mais suppriment tout pouvoir sacramentel actif sauf celui de baptiser. C’est dans cette mouvance qu’Abélard affirmera que le pouvoir de lier et de délier a été aux apôtres seulement et non à leurs successeurs. Il distingue aussi possession du sacrement et pouvoir d’en exercer les fonctions. Il niait le pouvoir des clefs chez évêques qu’il jugeait indignes

 

         5.2. Wiclef

         Il soutient le système de la prédestination, qui rend inutile toute intervention de l’Eglise dans l’affaire du salut. Il affirmera que quelle que soit la condition morale du prêtre confesseur, l’absolution conférée par lui est un abus de pouvoir, car pardonner les péchés, c’est usurper les pouvoirs divins. Pour lui, si l’homme est suffisamment contrit, toute confession extérieure lui est superflue et inutile.

 

         5.3. Controverse de Luther

         Les thèses de Luther, portant sur la pénitence, débutent par une attaque à peine déguisée contre le sacrement de pénitence.

 

         5.3.1. Les thèses de Luther

- En disant : « Faites pénitence » (Mt 4, 14), notre Maître et Seigneur, Jésus Christ, a voulu que la vie entière des fidèles fût pénitence.

- Cette parole ne peut s’entendre du sacrement de pénitence tel qu’il est administré par le prêtre, c’est-à-dire de la confession et de la satisfaction.

- Toutefois, elle ne signifie pas non plus la seule (pénitence) intérieure : celle-ci est nulle si elle ne produit pas au dehors diverses mortifications de la chair.

- C’est pourquoi la peine dure aussi longtemps que dure la haine de soi-même, qui est la vraie pénitence intérieure, c’est-à-dire jusqu’à l’entrée dans le royaume des cieux.

 

         5.3.2. La notion de pénitence

Le péché a tellement corrompu la nature humaine et annihilé la liberté que l’homme est dans une radicale et absolue impuissance à s’opposer au péché. Loin donc d’être un mouvement libre de la volonté contre le péché. La pénitence ne saurait être qu’une éprouvée par le pécheur conscient du misérable état de damnation dans lequel il est plongé par le péché tant originel qu’actuel. Il faut insister ici sur le rôle du péché originel, avec la concupiscence, les vices, les attraits dépravés, les affections mauvaises, qu’il comporte et que les catholiques s’obstinent et à ne pas considérer comme péché

 

5.3.3. La valeur de la contrition

Pour les catholiques, d’après Luther, la contrition ne serait que la crainte des châtiments dont Dieu menace le pécheur, avec la confiance en ses propres œuvres pour mériter par elles la grâce, sans égard aux mérites de Jésus christ et sans recourir à la foi. Cette contrition pour Luther n’est que pure hypocrisie et n’éteint pas les flammes du péché.

 

         5.3.4. Sacrement de pénitence

Luther nie que la pénitence puisse être appelée un sacrement. Au début, Luther affirme qu'il n’accepte que trois sacrements : le baptême, la pénitence et le pain (eucharistie). Arrivé à l’exposition de ce sacrement, il constate combien l’Eglise romaine en a perverti la nature.

 

         Dans l’Evangile, ce sacrement implique seulement une promesse divine et notre foi : en pratique, l’Eglise en a fait l’exercice d’un pouvoir qu’elle a substitué au ministère à elle confié par le Christ et qu’elle exerce moyennant les trois éléments dont elle a constitué le sacrement nouveau, contrition, confession et satisfaction pour en faire un objet le lucre. Luther n’accepte d’appeler sacrement que les promesses (de la grâce) attachés à des signes : et, à ce compte, il n’y a que deux : le baptême et le pain, dans lesquels on trouve un signe institué divinement auquel est jointe la promesse de la rémission des péchés. Mais la pénitence manque d’un signe divinement institué, elle n’est pas en réalité, pour le pécheur, que la voie, le retour aux sentiments du baptême.

 

5.3.5. La confession

Il distingue deux sortes de confessions :

- celle qui se confond avec la pénitence elle-même et consiste dans la confiance exprimée à Dieu du pardon des fautes dont nous sommes coupables.

 

- L’aveu qu’on peut faire aux hommes, soit pour réparer une faute publique, soit pour la consolation du pécheur. Cette dernière n’est nullement nécessaire : aucun texte scripturaire ne l’impose, elle est utile cependant, à cause du pardon qu’elle provoque dans l’Eglise, de la discipline qu’elle maintient.

Pour lui la seule confession dont il soit fait mention dans l’Ecriture est la contrition ou pénitence par laquelle on se repent de ses fautes.

 

5.3.6. Le pouvoir des clefs et l’absolution

         Le pouvoir des clefs promis (Mt 16 et 18), conféré (Jn 20), a été complètement défiguré par l’Eglise romaine. D’après Luther, l’Eglise verrait dans le pouvoir des clefs un pouvoir de juridiction, alors que le Christ n’a conféré à Pierre et aux apôtres qu’un pouvoir de ministère. Ce ministère est la prédication de l’Evangile qui rendra le pénitent certain sur la terre de sa justification ratifiée dans le ciel. Le Christ n’a pas voulu autre chose : dans ses paroles, il n’y a rien qui touche au pouvoir, il annonce simplement le ministère du pardon.

 

         L’absolution conférée par celui qui entend la confession ne peut donc avoir la prétention de remettre les péchés. C’est le Christ qui absout en raison de la foi du pénitent. L’absolution du ministre est simplement une consolation et un engagement.

 

5.3.7. La satisfaction

Pour Luther, la vraie pénitence recommandée dans l’Ecriture, est l’observation des préceptes et une vie nouvelle selon la loi de Dieu. En 1518, Luther reconnaissait encore l’utilité de la satisfaction comme déclarative de la rémission faite par Dieu. Les catholiques méconnaissaient ainsi la satisfaction véritable qui est le renouvellement de la vie chrétienne.

 

         Pour lui donc, la satisfaction est un usage introduit par les hommes d’une façon arbitraire, n’ayant aucun fondement dans l’institution du Christ. On peut admettre des peines volontaires, des mortifications, mais non pas une satisfaction rachetable à l’aide d’indulgence.

 

         C) DONNEES DE CRISTALISATION DE LA DOCTRINE

                TRADITIONNELLE AU CONCILE DE TRENTE

 

1. Enseignement du Concile de Trente

 

1.1. Le travail des théologiens au Concile

 

La pénitence est un sacrement en tant qu’elle est une liturgie sacrée, instituée par Jésus Christ et à laquelle est jointe la collation de la grâce (Mt 18, 18 ; Jn 20, 21-25). Il s’agit du sacrement qui existe dans l’Eglise. L’institution de la pénitence (Jn 20, 22-23) diffère de l’institution du baptême quant aux paroles et quant à l’époque.

 

         Affirmer le caractère triparti de la pénitence (contrition, confession, satisfaction) s’accorde avec l’enseignement de l’Eglise (cf. la décision de Léon X, Concile de Florence). La pénitence est un tribunal où le prêtre remplit les fonctions de juge. Mais tout juge doit s’éclairer. Le procès doit être plaidé. Il faut connaître les fautes : d’où la nécessité d’une accusation volontaire de la part du pécheur désireux d’obtenir le pardon. Volontaire, cette accusation suppose préalablement le regret de la faute commise et la résolution non seulement de ne pas y tomber, mais aussi d’accepter, pour le passé, la peine qui pourrait être imposée.

 

1.2. La cristallisation.

C’est dans la XIV session que le Concile de Trente a défini la doctrine catholique relative au sacrement de pénitence.

 

         1.2.1. La nécessité et institution de ce sacrement (Cf. DH 1668)

La raison évidente : à proprement parler, c’est l’acte et non la vertu de pénitence qui est nécessaire pour disposer le pécheur à la justification. Toutefois, l’acte ou vertu, la pénitence se distingue même avant le sacrement de baptême, la pénitence est nécessaire à la rémission des péchés tout comme elle est nécessaire après le baptême, pour ceux qui sont tombés dans le péché. La pénitence n’était pas sacrement avant la venue du Christ et, même après cette venue, elle n’est pour personne avant le baptême. Mais le Seigneur a institué le sacrement de pénitence principalement lorsque, après sa résurrection, il souffla sur ses disciples, disant : « Recevez le Saint Esprit : à qui vous remettrez les péchés, ils seront remis ; à qui vous les retiendrez, ils seront retenus. Qu’un fait aussi remarquable, que des paroles aussi claires aient communiqué aux apôtres et à leurs successeurs légitimes le pouvoir de remettre et de retenir les péchés pour réconcilier les fidèles tombés après le baptême.

 

1.2.2. Essence du sacrement de pénitence (cf. DH 1673)

         Actuellement, c’est la « confession » globalement considérée. Mais la « confession » comprend deux éléments : les actes du pénitent qui s’accuse au prêtre et l’acte du prêtre qui l’absout. Ces deux éléments constituent la matière et la forme du sacrement de pénitence.

 

1.2.2.1. La « matière » de ce sacrement

Nous disions qu’elle constitue les actes du pénitent qui s’accuse au prêtre, lesquels actes sont la Contrition, la Confession et la Satisfaction traditionnellement retenus. Mais la contrition étant un acte intérieur, on ne comprend pas comment elle peut être comptée, à côté de la confession et la satisfaction, comme constituant la matière du sacrement.

 

- La contrition : c’est « une douleur de l’âme et une détestation du péché commis avec la résolution de ne plus pécher à l’avenir. » (DH 1676-1677). Ce mouvement prépare à la rémission des péchés, pourvu qu’il soit accompagné de la confiance en la miséricorde de Dieu et de la volonté de faire tout ce qui est nécessaire pour bien recevoir le sacrement de pénitence. Quand la contrition provient de l’amour de Dieu aimé plus que tout, la contrition est dite « parfaite ». C’est la contrition de charité. La contrition dite « imparfaite » ou « attrition » est engendrée par la considération de la laideur du péché ou par la crainte de l’enfer et des châtiments. Le Concile déclare que non seulement elle ne rend pas l’homme hypocrite et plus pécheur, mais même qu’elle est un don de Dieu et un mouvement de l’Esprit Saint.

 

- Confession : L’Eglise universelle a toujours entendu que la confession entière des péchés a été instituée par notre Seigneur (Jc 5, 16 ; 1Jn 1, 9) et qu’elle est nécessaire de droit divin pour tous ceux qui sont tombés après le baptême. (DH 1679) Le Concile conclut qu’en confession, les pénitents doivent énumérer tous les péchés dont ils ont conscience. La manière de se confesser secrètement au prêtre, pratiquée et recommandée dès le début, ne saurait être étrangère à l’institution du Christ.

 

- La satisfaction : c’est le paiement intégral d’une dette. Car qui dit satisfaction dit une chose à laquelle rien ne manque. Le Concile déclare qu’il est totalement faut et contraire à la parole de Dieu de dire que la faute n’est jamais remise par le Seigneur sans que la peine entière soit gracieusement remise.

 

1.2.2.2. La forme du sacrement 

Le Saint Concile enseigne encore que la forme du sacrement de pénitence, où réside principalement sa vertu, est dans les paroles du ministre : « je t’absous… », à ces paroles la coutume de l’Eglise a opportunément joint certaines prières qui n’appartiennent en rien à essence de la forme et ne sont pas nécessaire à l’administration du sacrement.

1.2.3. Les effets du sacrement 

La réalité et les effets de ce sacrement est la réconciliation de l’âme avec Dieu qu’accompagnent parfois la paix et la sérénité dans la conscience, jointe à une grande consolation de l’esprit (cf. DH 1674).

En disant tout cela sur l’essence et l’effet de ce sacrement, le saint Concile condamne en même temps les affirmations de ceux qui prétendent que les terreurs qui s’emparent de la conscience et la foi sont des parties de la pénitence (cf. DH 1675).

 

1.2.4. La différence du sacrement du baptême et de pénitence

         La différence entre baptême et pénitence se réside en premier lieu : la matière et la forme, par lesquelles l’essence du sacrement a son achèvement, sont dissemblables. De plus le ministre du baptême n’est pas un juge. Le baptême nous revêt du Christ, nous devenons en lui vraiment créature nouvelle, percevant la rémission pleine et entière de tous nos péchés. Par le sacrement de pénitence, nous parvenons sans y apporter les grands efforts et les larmes qu’exige la divine justice. Ce sacrement est nécessaire à ceux qui sont tombés après le baptême pour leur salut, tout comme le baptême est nécessaire à ceux qui ne sont pas encore régénérés.

 

         1.2.5. Ministre du sacrement et absolution

Au sujet du ministre de ce sacrement, le saint Concile déclare que sont fausses et entièrement étrangère à la vérité toutes les doctrines qui étendent pernicieusement le ministre des clés à toute sorte d’homme en dehors des évêques et des prêtres. Le saint Concile enseigne que les prêtres, par la vertu de l’Esprit Saint reçu à l’ordination exerce comme ministre du Christ la fonction de remettre les péchés et que c’est une opinion erronée de prétendre que ce pouvoir n’existe pas chez les mauvais prêtres (cf. DH 1684).

 

Bien que l’absolution du prêtre soit la dispensation d’un bien fait qui ne lui appartient pas elle n’est pourtant pas le seul et simple ministère ou d’annoncer l’Evangile où de déclarer que les péchés sont remis, mais elle est à l’image d’un acte judiciaire par où une sentence est prononcée par le prêtre comme par un juge (cf. 1685).

 

* Sujet : Tous les pénitents.

 

 

         D) LES ASPECTS THEOLOGIQUES ACTUELS

 

         1. La réforme de Vatican II

 

Le Concile Vatican II dans sa constitution sur la Sainte Liturgie (Sacrosanctum Concilium) au n° 72 suggère la réforme du rite de pénitence : « Le rite et les formules de la pénitence seront révisés de façon à exprimer plus clairement la nature et l’effet du sacrement ». C’est dans cet ordre d’idée qu’un synode a été réuni après le Concile. Au terme de ses sessions, le synode à promulgue en 1974 un nouveau rituel de la pénitence (Ordo Paenitentiae). Ce rituel a repris dans son intégrité la doctrine de la Tradition formulée par le Concile de Trente, en la transférant de son contexte historique pour l’exprimer fidèlement en termes plus adaptés au contexte de notre époque.

 

 

         1.1. Le nom de ce sacrement

Le vocabulaire qui désigne ce sacrement a subit des variations au cours des siècles avant le Concile Vatican II. Selon le C.E.C. aux n° 1423 et 1424, ce sacrement est appelé :

- Sacrement de la Conversion parce que, sacramentellement il réalise l’appel de Jésus à la conversion (Mc 1, 15).

- Sacrement de la pénitence parce qu’il consacre un cheminement personnel et ecclésial de conversion ;

- Sacrement de la confession parce qu’essentiellement, l’accusation ou l’aveu des péchés devant le ministre de l’Eglise est un aspect déterminant de ce sacrement ;

- Sacrement du pardon parce qu’à travers l’absolution, Dieu concède au pénitent le pardon et la paix de Dieu.

- Sacrement de la Réconciliation parce qu’il donne au pécheur la pleine réconciliation avec Dieu (2Co 5, 20) et avec les frères (Mt 5, 24).

 

         Le synode à porté la plus grande attention au signe sacramentel qui représente et en même temps réalise la pénitence et la réconciliation[12]. Et donc aujourd’hui on privilégie le nom : Sacrement de la pénitence et de la réconciliation. La pénitence intègre en soi les éléments de la conversion et de la confession, tandis que la réconciliation rappelle le pardon et la pleine restitution de la vie de la grâce.

 

 1.2. La place de la parole de Dieu

La lecture de la Parole de Dieu était particulièrement absente dans le cas de la réconciliation. Comment dorénavant la situer ? Pour les célébrations communes c’est assez simple. La première partie en est une liturgie de la Parole. La lecture principale a pour premier rôle d’annoncer un Dieu qui nous aime et qui pardonne. Dans un deuxième temps elle est révélation des appels de Dieu et invitation à la conversion. Elle devient ainsi le miroir qui nous révèle nos manquements. Pour les confessions individuelles, l’introduction d’une lecture de la Parole de Dieu apparaît comme une nouveauté. Le pénitent lui-même peut, en se préparant à la confession, choisir le passage de la Bible qui lui semble adapté à sa situation. Lorsque le pénitent n’a choisi aucun texte, il revient au prête, au moment qui lui paraît le meilleur, d'évoquer un passage de l’Ecriture.

 

1.3. Les vérités doctrinales de Trente réaffirmées

Les vérités réaffirmées par le synode sont synthétiser par Jean Paul II en six convictions[13] :

 

1° Pour un chrétien, le sacrement de pénitence est la voie ordinaire pour obtenir le pardon et la rémission des péchés graves commis après le baptême.

 

2° La fonction du sacrement de pénitence pour le sujet : la conscience de l’Eglise y voit, en plus du caractère judiciaire, un aspect thérapeutique ou médicinal.

Ceci se rattache au fait de la présentation du Christ comme médecin (cf. Lc 5,31-32).

 

3° Les réalités ou les éléments qui composent le signe sacramentel du pardon et de la réconciliation : quelques-unes de ces réalités sont les actes du pénitent, d’importance diverse, chacun étant toutefois indispensable ou bien à la validité ou bien à l’intégrité, ou bien à la fécondité du signe.

         - Une condition indispensable est avant tout, la rectitude et la limpidité de la conscience du pénitent. De ce fait se rendre compte que le péché est contraire à la norme éthique inscrite au plus intime de l’être, avouer avoir fait l’expérience personnelle et coupable d’une telle opposition, ne pas dire seulement « c’est un péché » mais « j’ai péché », admettre que le péché a introduit dans la conscience une rupture qui envahit tout l’être et le sépare de Dieu et du prochain. C’est un réel examen de conscience.

         - L’acte essentiel de la pénitence, de la part du pénitent est la contrition. C’est le principe et l’âme de la conversion  mais de cette contrition dépend la vérité de la pénitence ; c’est s’approcher de la sainteté de Dieu, c’est retrouver sa propre vérité intérieure, troublée et même bouleverser par le péché ; c’est se libérer au plus profond de soi-même et par la suite recouvrer la joie perdue, la joie d’être sauvé.

         - L’autre moment essentiel du sacrement est du ressort du confesseur juge et médecin, image du Dieu-Père qui accueille et pardonne celui qui revient c’est l’absolution. La formule sacramentelle : « je te pardonne… », et l’imposition de la main suivie du signe de la croix tracé sur le pénitent, manifestent qu’en cet instant le pécheur contrit et converti entre en contact avec la puissance et la miséricorde de Dieu. C’est le moment où la Trinité, en réponse au pénitent, se rend présent à lui pour effacer son péché et lui redonner son innocence, et la force salvifique de la Passion, de la Mort et de la Résurrection de Jésus est communiquée au même pénitent en tant que miséricorde plus forte que la faute et que l’offense. Dieu est toujours le principal offensé par le péché et Dieu seul peut pardonner. L’invocation  l’Esprit Saint dans la formule de l’absolution porte la nouveauté de l’Alliance (2Co 3,6). Si la loi du péché et de la chair a pu régner dans le cœur et dans la vie du fidèle, invoquant sur lui l’Esprit, il devient instrument dans lequel règne la loi de l’Esprit et de la justice (Rm 7,18.25 ; 8,2.4) ; nous sommes ainsi transformés des êtres charnels en des « hommes spirituels « (1Co 3,1). C’est pourquoi, l’absolution que le prêtre, ministre du pardon, tout en étant lui-même pécheur, accorde au pénitent, est le signe efficace de l’intervention du Père dans toute absolution.

- La satisfaction est l’acte final qui couronne le signe sacramentel de la pénitence. Dans certains pays, les actes que le pénitent pardonné et absous accepte d’accomplir après avoir reçu l’absolution s’appelle précisément pénitence. Quel est le sens de cette satisfaction dont on s’acquitte, ou de cette pénitence que l’on accomplit ? Ce n’est assurément pas le prix que l’on paye pour le péché absous et pour le pardon acquis : ces actes du pénitent sont le signe de l’engagement personnel que le chrétien a pris devant Dieu, dans le sacrement, de commencer une existence nouvelle ; ces actes de la satisfaction incluent l’idée que le pécheur pardonné est capable d’unir sa propre mortification corporelle et spirituelle, voulue ou au moins acceptée, à la Passion de Jésus qui lui a obtenu le pardon ; ces actes rappellent que, même après l’absolution, il demeure dans le chrétien une zone d’ombre résultant des blessures du péché, de l’imperfection de l’amour qui imprègne le repentir, de l’affaiblissement des facultés spirituelles dans lesquelles agit encore ce foyer d’infection qu’est le péché, qu’il faut toujours combattre par la mortification et la pénitence.

 

4° Le caractère individuel et ecclésial du sacrement : Le sacrement de pénitence est personnel et intime. Personne ne peut se repentir à la place du pécheur ou demander pardon en son nom. Tout se déroule seulement entre le pécheur et Dieu. Mais en même temps, on ne peut nier la dimension sociale de ce sacrement, dans lequel l’Eglise entière, qu’elle soit militante, souffrante ou dans la gloire du Ciel, vient au secours du pénitent et l’accueille de nouveau en son sein, d’autant plus que toute l’Eglise était offensée et blessée par son péché. Le prêtre, ministre de la pénitence, apparaît, en vertu de la charge sacrée qui lui est propre, comme témoin et représentant de ce caractère ecclésial. Ce sont ces deux aspects complémentaires du sacrement, individuel et ecclésial, que la réforme progressive du rite de la pénitence, spécialement l’Ordo Paenitentiae promulgué par Paul VI, a cherché à mettre en relief et à rendre plus significatifs dans la célébration.

 

5° Le fruit obtenu dans le sacrement de pénitence : ce fruit consiste dans la réconciliation avec Dieu. Cette réconciliation se produit dans le secret du cœur du fils prodigue et retrouvé qu’est chaque pénitent. Cette réconciliation a pour conséquence d’autres réconciliations qui portent remède à autant de ruptures causées par le péché : le pénitent pardonné se réconcilie avec lui-même dans les profondeurs de son être, où il retrouve sa vérité intérieure ; il se réconcilie avec ses frères, agressés et lésés par lui en quelque sorte ; il se réconcilie avec l’Eglise et enfin avec toute la création. La prise de conscience de tout cela fait naître chez le pénitent, au terme de la célébration, un sentiment de gratitude envers Dieu pour le don de la miséricorde qu’il a reçue.

 

6° Les prêtres ministres du sacrement de pénitence, qui sont et devraient être les bénéficiaires de ce sacrement. La vie spirituelle et pastorale du prêtre, comme celle de ses frères laïcs et religieux, dépend, pour sa qualité et sa ferveur, de la pratique personnelle, assidue et consciencieuse, du sacrement de pénitence. Chez un prêtre qui ne se confesserait plus ou se confesserait mal, son être sacerdotal et son action sacerdotale s’en ressentiraient vite, et la communauté elle-même dont il est le pasteur ne manquerait pas de s’en rendre compte.

 

2. Les indulgences

 

On appelle indulgence la remise de la « peine réparatrice des conséquences d’un péché. Pour l’Eglise tout péché même pardonné, entraîne un devoir de réparation de ce qui a été détruit (par exemple il faut rendre l’argent volé). Les indulgences sont  la reviviscence des mérites (cf. l’enfant prodigue en Luc 15, 1ss) ; mérites considérés comme droit au prix éternel pour avoir accompli de bonnes œuvres. Et le prix éternel est d’une part essentiellement la jouissance du Bien incréé et d’autre part accidentellement la jouissance du bien créé. (Cf. DH 3670)

 

Pour comprendre la doctrine des peines du péché et la pratique de l’Eglise, il faut savoir que le péché a une double conséquence. Le péché grave nous prive de la communion avec Dieu et par-là, il nous rend incapables de la vie éternelle dont la prévention s’appelle la « peine éternelle » du péché. D’autres part tout péché même véniel entraîne un attachement malsain aux créatures, qui a besoin de purification soit ici-bas, soit après la mort, dans l’état qu’on appelle « purgatoire ». Cette purification libère ce qu’on appelle la « peine temporelle » du péché.  Autrement dit, la peine temporelle exprime la condition des souffrances de celui qui, bien qu’il soit réconcilié avec Dieu, est encore marqué par les séquelles du péché qui ne le rendent pas totalement mort à la grâce. Par exemple David a été pardonné mais cela ne supprime pas les châtiments, son enfant moura (Cf. 2Sam 18). L’amour paternel du père n’exclut pas le châtiment, même si celui-ci doit être toujours compris à l’intérieur d’une justice miséricordieuse qui rétablit l’ordre violé en fonction du bien même de l’homme. En effet l’homme doit être progressivement guéri des conséquences négatives que le péché a engendrées en lui (et que la traditions théologique appelle peines et séquelles du péché. La peine temporelle par ailleurs, assume une fonction médécinale dans la mesure où l’homme se laisse interpeller par elle-même en vue de la conversion profonde.

 

L’indulgence est donc la rémission devant Dieu de la peine temporelle pour les péchés déjà remis quant à la faute, rémission que le fidèle, dûment disposé et à des conditions déterminées acquiert de l’Eglise, en vertu de son autorité, en tant que ministre de la rédemption, et applique le trésor des satisfactions du Christ et des saints.

 

La doctrine et la pratique des indulgences dans l’Eglise sont étroitement liées aux effets du sacrement de pénitence. L’indulgence s’obtient par l’Eglise qui, en vertu du pouvoir de lier et de délier qui lui a été accordé » par le Christ Jésus, intervient en faveur d’un chrétien et lui ouvre le trésor des mérites du Christ et des saints pour obtenir du Père des miséricordes la remise des peines temporelles dues pour ses péchés. C’est ainsi que l’Eglise ne veut pas seulement venir en aide à ce chrétien, mais aussi l’inciter à des œuvres de piété, de pénitence et de charité. Puisque les fidèles défunts en voie de purification sont aussi membres de la même communion des saints, nous pouvons les aider entre autres en obtenant pour eux des indulgences, de sorte qu’ils soient acquittés des peines temporelles dues pour leurs péchés (cf. CEC 1478-1479).

        

3. Le nouveau sens du péché[14]

 

         Selon Jean Paul II il faut saisir la réalité du péché au cœur de l’amour de Dieu. C’est en pénétrant cet amour que l’homme est capable d’une meilleure prise de conscience de ses péchés en vue de sa conversion pour enfin se réconcilier avec Dieu, lui-même, les frères et le monde. En effet, le péché est une réalité plus forte que l’homme. A partir du récit du premier péché et celui de Babel, le péché est saisi comme désobéissance à Dieu. Il est en même temps une exclusion de Dieu par le refus explicite de l’un des commandements par un geste qui manifeste une rivalité face à lui, par la prétention d’être comme lui. Le péché est indifférence à l’égard de Dieu. Désobéissance à Dieu, le péché eut aller jusqu’à l’athéisme, la négation de Dieu. Il s’agit de la non-reconnaissance, de la prédominance de Dieu dans la vie de l’homme. Les conséquences du péché : ce sont les brisures en soi, les déséquilibres intérieures, les contradictions, les conflits avec les autres et avec le monde.

 

4. Les lieux du pardon

 

          Nous avons essentiellement trois moments dans lesquels la victoire du Christ et le ministère de la réconciliation s’expriment, resplendissent :

- dans le baptême, nous passons du vieil homme à l’homme nouveau dans le Christ (Rm 6,4 -10).Voilà pourquoi l’Eglise professe sa foi « en un seul Baptême, pour le pardon des péchés ;

- dans l’Eucharistie, c’est le sacrifice qui rend présent la passion du Christ pour le salut de tous (salut qui advient dans la rémission  des péchés)…Dans l’Eucharistie, le Christ est présent et est offert comme « sacrifice de réconciliation »et pour que son Esprit « nous réunisse en un seul corps » ;

- dans la pénitence, du moment que c’est le Seigneur lui-même qui l’a institué dans son Eglise à travers les apôtres et leurs successeurs et collaborateurs de remettre les péchés (Jn 20,22- 23), également avec le pouvoir des clés (Mt 16,19). Un des Pères de l’Eglise dit justement que «  l’eau et les larmes ne manquent pas à l’Eglise : l’eau du baptême, les larmes de la pénitence ». Comme le Baptême est nécessaire pour ceux qui ne sont pas renés à la vie divine, ainsi également la Pénitence pour ceux qui fragilisent en eux cette vie ou la perdent à cause de leurs péchés personnels.

 

CONCLUSION

 

La révélation de la valeur de ce ministère, et du pouvoir de remettre les péchés conférés aux Apôtres et à leurs successeurs par le Christ, a fait se développer dans l’Eglise la conscience du signe du pardon donné parle sacrement de pénitence. Il s’agit de la certitude que le Seigneur Jésus lui-même a institué et confié à l’Eglise un sacrement spécial pour la rémission des péchés commis après le baptême. La pratique de ce sacrement, quant à sa célébration et à sa forme, a connu un long processus de développement, comme l’attestent les sacramentaires les plus anciens, les Actes des conciles et des synodes épiscopaux, la prédication des Pères et l’enseignement des Docteurs de l’Eglise. Mais en ce qui concerne la substance du sacrement, la certitude que, par la volonté du Christ, le pardon est offert à chacun au moyen de l’absolution sacramentelle donnée par les ministres de la pénitence, est toujours demeurée solide et inchangée dans la conscience de l’Eglise ; et cette certitude est réaffirmée vigoureusement aussi bien par le Concile de Trente que par le Concile Vatican II : « Ceux qui s’approchent du sacrement de Pénitence y reçoivent de la miséricorde de Dieu le pardon de l’offense qu’ils lui ont faire et du même coup sont réconciliés avec l’Eglise que leur péché à blessée et qui, par la charité, l’exemple, les prières travaille à leur conversion »[15]. On doit réaffirmer comme une donnée essentielle de la foi sur la valeur et le but de la pénitence, que notre Sauveur Jésus Christ institua dans son Eglise le sacrement de pénitence, afin que les fidèles tombés dans le péché après leur baptême puissent recevoir la grâce et se réconcilier avec Dieu. Le rite sacramentel de la pénitence, dans son évolution et les variations de ces formes concrètes, a toujours conservé et mis en lumière les vérités fondamentales. Le Concile Vatican II, en prescrivant la réforme de ce rite, a repris dans son intégrité la doctrine de la Tradition formulée par le Concile de Trente, en la transférant de son contexte historique pour l’exprimer fidèlement en termes plus adaptés au contexte de notre époque.

 

Par un groupe d'étudiants en théologie

Grand séminaire Jean Paul II de Lomé

 



[1] Cf. VTB, éd. Du Cerf, Paris, 2003,  p. 934

[2] Didachè, Livre 14, 1-2. Cité dans le cours de Morale spéciale du père Kpogo L. Année académique 2002-2003.

[3] Tertullien, De la chasteté, in C. VOGEL, 81-82, cité dans Morale Spéciale, Kpogo L. Année 2002-2003.

[4] Cf. Dictionnaire de Théologie Catholique, 767-769.

[5] Cyprien, De Lapsi, in C. Vogel, 86, cité dans Morale Spéciale, Kpogo L. Année 2002-2003.

[6] Cf. Dictionnaire de Théologie Catholique, 771-772.

[7] Cf. C. Vogel, op. cit 114-115, cité dans Morale Spéciale, Kpogo L. Année 2002-2003.

[8] C. VOGEL, Le pécheur et la pénitence au Moyen Age, Paris, 1989, p. 39

[9] Le pénitentiel du pseudo-Théodore impose pour un acte de fornication 4 ans de jeûne ; pour le désir de fornication, 40 jours de jeûne ; pour un homicide, 10 ans de jeûne. Cf. C. VOGEL, op cit. p. 29.

[10] Une année de pénitence peut être remplacée par un séjour de 3 jours ininterrompu dans une Eglise ; 3 jours de jeûne strict équivaut à 30 jours de pénitence ; 50 psaumes + un pater équivaut à un jour de jeûne ; une messe équivaut à 12 jours de jeûne.

[11] Thomas d’Aquin, Sum. Theol, IIIa, q. LXII, a.4.

[12] Jean Paul II, dans son exhortation apostolique post synodale « Réconciliation et pénitence », décembre 1984, éd., Centurion,  n°28

[13] Jean Paul II, op cit. n° 31

[14] Cf. Jean Paul II, op cit. 14-18

[15] Cf. Concile de Trente, Session XIV, le sacrement de pénitence, chap. I et can. 1



05/03/2011
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