Eglise catholique au Togo : blog d'un prêtre de Lomé !

Le denier de culte

Le denier de culte

 

Un mot, toute une histoire

 

Du latin denarius, le mot denier avait originellement le sens de monnaie avant de connaître une extension qui lui a conféré aussi  le sens général d'argent, d'unité de mesure et de taux ou pourcentage d'intérêt. L'entrée du mot dans le langage ecclésiastique remonterait à l'expression "denier de Saint-Pierre (en latin denarius Sancti Petri) qui est d'abord un tribut annuel versé par l'Angleterre du VIIIe siècle à 1534 au Saint-Siège. Sous le pontificat de Pie IX (1792 - 1878), le nom est repris pour désigner une contribution volontaire des fidèles à la papauté. Le mot a fait fortune, de nos jours, grâce à l’expression très familière denier du culte qui renvoie à l’offrande versée annuellement par les fidèles.

 

Portée canonique de l’expression

 

Le groupe de mots denier du culte, semble inexistant dans le Code de Droit Canonique actuel de 1983 de même que dans l’ancien de 1917. Même le Catéchisme de l’Eglise Catholique ne l’emploie pas. Cependant l’expression est présente dans les manuels de catéchisme propres à certains diocèses et elle se rencontre dans plusieurs textes et documents du magistère ordinaire.

L’expression denier du culte tient son fondement juridique de deux séries canons.

 

D’une part, des canons posent le principe :

  • Le canon 222 §1 stipule que « Les fidèles sont tenus par l'obligation de subvenir aux besoins de l'Eglise afin qu'elle dispose de ce qui est nécessaire au culte divin, aux œuvres d'apostolat et de charité et à l'honnête subsistance de ses ministres ».
  • Le canon 1261 §1 : « Les fidèles ont la liberté de disposer de leurs biens temporels en faveur de l'Eglise ».

D’autre part, des canons qui tracent les grandes lignes d’applicabilité :

  •  Le canon 1261 §2 précise que « L'Evêque diocésain est tenu d'avertir les fidèles de l'obligation dont il s'agit au canon 222 §1, et d'en urger l'application de manière opportune ».
  • Le canon 1262 rappelle que « Les fidèles aideront l'Eglise en s'acquittant des contributions demandées selon les règles établies par la conférence des Evêques ».

Il découle de la lecture de ces canons que l’acte de contribuer ou de subvenir aux besoins temporels de l’Eglise est à la fois une obligation et un exercice conséquent de la liberté des fidèles. De même il revient à la conférence des Evêques de fixer la nature et la périodicité des contributions.

 

Quand payer le denier du culte ? 

 

Dans les diocèses du Togo le denier du culte est une contribution annuelle. Ainsi chaque fidèle est tenu de verser sa participation une fois l’an. Cette périodicité annuelle est très prégnante dans la traduction éwé : « fémé nu djodjo » qui donne littéralement cotisation annuelle.

Mais quand payer son denier du culte ? Faut-il nécessairement attendre le temps de carême ? Non ! En principe, le fidèle peut à tout moment de l’année s’acquitter du payement du denier du culte. Il faut nécessairement dépasser la confusion de périodicité entre le denier du culte et la confession pascale qui existe – peut être – du fait de leur enregistrement dans  des cases juxtaposées du carnet de baptême. De plus il n’est pas très catholique ni de bonne foi d’attendre les heures de grave maladie sinon le trépas pour payer les arriérés de denier du culte, question de s’assurer la pompe des funérailles religieuses.

 

Pour finir, …

 

Soulignons que le denier du culte ne constitue qu’une forme de concrétisation parmi tant d’autres de l’obligation des fidèles de contribuer à la vie matérielle de l’Eglise qu’énonce le canon 222 §1. Au demeurant, l’obligation du denier du culte est inscrite au nombre des commandements de l’Eglise dont le caractère obligatoire « a pour but de garantir aux fidèles le minimum indispensable dans l'esprit de prière et dans l'effort moral, dans la croissance de l'amour de Dieu et du prochain » (CEC 2041). Puisse l’Esprit du Seigneur nous aider à percevoir le denier du culte comme un devoir filial envers notre mère l’Eglise et une occasion de sanctification – et non comme un visa pour les funérailles religieuses !

 

Abbé Romain SEMENOU

 

Sources :

Code de Droit Canonique bilingue et annoté, 3e éd., Wilson & Lafleur, Montréal, 2007

Catéchisme de l’Eglise Catholique, Centurion/ cerf/ Fleurus-Mame/ CECC, Paris, 1998

Encyclopédie Wiképédia

 

 

 

 



04/05/2011
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