Eglise catholique au Togo : blog d'un prêtre de Lomé !

L’inculturation : réalité ou discours ?

     Article VII          L’inculturation : réalité ou discours ?

 

 

Il s’agira ici moins de faire l’inventaire des recherches ou résultats que de peindre globalement l’environnement qui porte l’effort d’inculturation sur le continent.

  1. 1.      Grande émulation par ici et inertie par là

Certains milieux théologiques foisonnent de recherches, de débats, de propositions d’inculturation. Ces travaux séduisent par leur rigueur méthodologique et leur perspicacité. Des semaines théologiques organisées par certaines facultés de théologie posent de façon nouvelle et insidieuse la problématique de l’inculturation sur le continent notamment l’actualité de sa pertinence et son impact sur la vie – liturgique surtout – des communautés chrétiennes. Des clercs (évêques et prêtres) mus par le souci pastoral, font le point de la question et tentent des essais circonstanciels et circonscrits. Tous ces approches et entreprise ont en commun d’être fondés sur des bases scripturaires, ce qui les rend accessibles à tous et partout.


A côté d’une telle émulation théologique, d’autres ont fait l’option évangélique de l’enfouissement du talent. Quel sera leur sort, quand le maître, à son retour, demandera le compte ?

  1. 2.      L’oralité, une option mais un réel frein !

Longtemps l’Afrique a été taxée de tradition de l’oralité et bien de leaders se sont époumonés à défendre l’Afrique d’un cliché jugé peu noble et péjoratif. Avec les analyses des linguistes et les conclusions des sciences de communication, il est clair que l’oralité n’est pas un vice – de communication – mais une option. Cependant nous sommes acculée et contraints au nom de la probité intellectuelle de reconnaître que l’écriture est une option plus substantielle et apte à rendre compte des acquis car elle est meilleure conservatrice et présente toutes les garanties d’authenticité et de responsabilité engagée de l’auteur.


Depuis le lancement de la propagande de l’inculturation avec Vatican II (196 – 196) et son renforcement à l’échelle africaine au 1er Synode spécial pour l’Afrique en …, peu de pas concrets ont été posés serait porté à déplorer tout observateur externe. En effet, sur le continent, l’inculturation est l’un des thèmes de débat – oralité oblige – prisés et recherchés dans les cercles cléricaux, aux cours de théologie dans les séminaires et écoles, aux sessions de formation et d’information du laïcat, la vie consacrée n’est pas du reste. Mais comment se fait-il que rien ne bouge ? L’équation  est simple et est à un inconnu : la tradition de l’oralité. Parler, dire, exprimer – oralement – voilà les verbes qui introduisent et portent les efforts et initiatives ingénieuses d’inculturation de bon nombres d’Africains. A cette allure, l’inculturation tardera à éclore car inculturer, c’est rechercher, puis soutenir et justifier, et enfin soumettre au jugement de l’autorité ecclésiastique compétente pour amélioration, évaluation et approbation.

 

En somme, inculturer, c’est écrire, c’est rédiger : car comment rendre compte des recherches fidèlement par la seule parole ; comment soutenir sans avoir recours à des éléments scripturaires ; comment soumettre aux théologiens d’ici et d’ailleurs pour jugement et contribution, sans support écrit ; comment se faire entendre au Saint Siège si depuis l’Afrique on se met – en éternel griot – à crier, un document WORD ou PDF joint à un mail ou à l’ancienne, un tas de papiers reliés à la spirale posté ferait mieux l’affaire.

 

Abbé Romain SEMENOU,

Lomé, le 22 novembre  2011



22/11/2011
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