Eglise catholique au Togo : blog d'un prêtre de Lomé !

MARIAGE

 

 

 

 

 

LE MARIAGE

 

 

INTRODUCTION

 

Le septième sacrement de la loi nouvelle est le mariage. Mais le mariage a ceci de particulier qu’il existait bien avant la Christ. De par son origine il est contemporain de la création même de l ‘homme et la femme. Il procède immédiatement, en effet, de la nature humaine et des exigences inscrites par le Créateur dans cette nature. Le Christ n’a donc pas institué le mariage comme tel. Il l’a seulement élevé à la dignité d’un signe efficace de la grâce. De ce fait, le mariage se trouve être à la fois une institution de la nature et un sacrement de la loi nouvelle. Dans cet exposé nous essayerons de donner les fondements scripturaires du sacrement de mariage, son évolution à travers les grandes étapes de l’histoire et enfin la doctrine de l’Eglise de ce sacrement.

 

I. Données positives et historiques

 

1.1 Aspect anthropologique

La communion est une relation et n’existe que par l’exercice de cette relation. Dans cette communion, il a présence à une autre réciprocité, immédiateté, communauté. Dans la présence à l’autre, il ne suffit pas d’être là, il faut la présence dans un face-à-face. « On se présente devant l’autre et on l’accueille. En fait, être présent, c’est être ouvert, c’est envoyer un message à l’autre dans l’attente et dans l’espérance d’être écouté et d’être reçu et en même temps, écouter et recevoir le message de l’autre. » [1]

Dans la réciprocité, « la communion implique un chemin d’aller et retour vers l’autre la communion, dans son concept même, suppose au moins deux présences qui entrent  en relation. Il n’y aura jamais fusion entre Les deux êtres totalement distincts, car chaque partie conserve son identité. Mais le désir de fusion, c’est-à-dire  de devenir un avec l’autre caractérisera le niveau de profondeur de la communion. Dans la communion qui suppose intimité, transparence d’intention, union des cœurs, convergence d’intérêts. Il y a en effet dans l’homme et dans la femme un attrait inné qui les porte l’un vers l’autre, et les incite à se rapprocher et à s’unir. Cette inclination toute spontanée provient d’un double besoin inscrit dans la nature. 

L’homme et la femme en dépit des traits communs qui en font  à titre égal des individus d’une seule et même espèce, sont doués, en vertu de leur distinction sexuelle, qui atteint au plus profond de leur personnalité physique et psychologique, de caractères bien divers, lesquels cependant sont plutôt complémentaires qu’opposés. Ils sentent donc confusément, l’un et l’autre que de leur union résultera une sorte de perfectionnement et d’achèvement de leur être propre, à quoi ils aspirent. Cf. le mythe d’androgyne in Banquet de Platon. " Chacun d’entre nous est donc une fraction d’être humain dont il existe  le complément, puisque cet être a été coupé comme on coupe les soles, et s’est dédoublé.[2] "

L’instinct de conservation est aussi vivace chez l’être humain que chez tous les autres être vivants : conservation de l’individu par l’autodéfense, et conservation de l’espèce par la reproduction de nouveaux individus, semblables à ceux qui les ont engendrés, et destinés à venir prendre la place de ceux qui disparaissent. Mais la procréation de nouveaux individus humains  ne peut se faire que par l’union de l’homme et de la femme, dont la distinction sexuelle est manifestement, en dernière analyse, ordonnée par la nature à la génération. L’instinct de la génération dépasse les individus et c’est lui qui constitue la composante fondamentale du désir complexe qui meut l’homme et la femme à s’unir.

 

En définitive, la communauté, c’est le résultat issu des relations de la communion. « Elle implique convivialité, valorisation de chœur dans son individualité accueil de la différence parce qu’elle signifie richesse communiquée, établissement de relations personnelles, absence de formalités.

 

1.2 Mariage comme institution naturelle.

* Origine du mariage naturel

L’existence de cette institution particulière qu’on appelle le mariage est un fait dont il faut expliquer l’origine. On envisagera  la question au niveau, de la réflexion rationnelle.

La société ou l’union stable de l’homme et de la femme, que l’on désigne du nom de mariage est une institution naturelle.

On appelle institution naturelle une institution qui est nécessaire au bien de la nature humaine, et à laquelle cette nature elle-même incline spontanément. Le mariage ou l’union stable entre l’homme et la femme, est de cet ordre. Il ne tire donc pas son origine  d’une libre création de la volonté humaine, d’une convention entre les individus, qui ne serait que progressivement intervenue  au cours des âges, et ne constituerait qu’une forme possible, sinon arbitraire, de la relation concrète homme femme.

1.3 Fondement biblique du sacrement de mariage

 

1.3.1. Dans l’Ancien Testament

 

*Le récit de Gn2, 18-20

C’est le plus ancien[3] ? D’après ce récit, Yahvé Dieu, ayant façonné l’homme de la glaise du sol et l’ayant placé dans le jardin d’Eden, constate avec sollicitude la solitude dans laquelle il se trouve. Dieu décide en conséquence de faire à l ‘homme « une aide qui lui assortie », c’est à dire un être proportionné, avec lequel il puisse conserver, travailler et collaborer. Dieu créa les animaux mais l’homme ne trouve parmi eux aucun être avec qui il ait quelque ressemblance. Alors durant un profond sommeil, de l’homme, Dieu lui-même prend une côte et il en forme la première femme. Ce récit vise à expliquer l’attirance puissante et mystérieuse qui porte spontanément l’homme vers la femme. L’homme et la femme sont ainsi les aspects complémentaires d’un même tout. Leur union devra reconstituer l’unité primitive dissociée.

 

*Gn1, 26-28

Dieu dit « faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance… » Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : « soyez fécond, multipliez-vous, emplissez la terre, soumettez-la. L’union de l’homme et de la femme est envisagée explicitement au point de vue de la génération en vue de la propagation de l’espèce humaine.

Dieu est le créateur du premier couple humain. Il est donc l’auteur du mariage. Le mariage n’est pas un simple fait social, mais il est intrinsèquement lié à la volonté positive originelle de Dieu. C’est donc la loi divine et naturelle qui exige le mariage. Le mariage est principalement ordonné, selon le dessein divin à la procréation à travers une communion de vie de l’homme et de la femme.

 

*Tb 8, 4-10

La prière de Tobie et de sa femme Sara. Cette péricope marque l’aboutissement heureux du mauvais sot que connaissait Sara dans les tentatives de son père de lui trouver un mari. Sept fois déjà Ragouël a donné sa fille en mariage mais les maris sont tous morts le premier soir même quand ils entraient dans la chambre de Sara. Tobie, lui prend sa sœur en mariage(7,11) et déjoue ce sort en chassant, grâce au remède donné par l’ange Raphaël, le démon perturbateur. La prière confirme l’origine divine du mariage. Dieu est l’auteur du premier couple et est le protecteur du mariage.

* Osée

Ce livre traduit l’amour de Dieu pour son peuple malgré son infidélité. Il se traduit par le terme hébreu « hésed » qui signifie tendresse, désignant un amour maternel, un amour qui est bonté. Pour l’homme juif, Dieu aime le juste et le comble de bonheur. Cependant, le livre d’Osée fait voir que Dieu est lui-même Amour ; il aime malgré les infidélités de l’homme ; il va à sa recherche. Il transforme le cœur de l’homme jusqu’à la conversion totale. Les couples doivent avoir un amour vrai et sincère quelles que soient les limites et les défauts du conjoint.

*Le péché originel et le mariage

Le récit de la chute suit immédiatement dans la Genèse celui de la création. Le péché des premiers parents a t-il en quelque chose à voir avec le mariage ? L’interprétation commune est que le mariage n’a joué aucun rôle dans ce péché. Ce fut un péché d’orgueil et non de sensualité. Ils voulaient devenir comme des dieux [4]. Mais le texte sacré nous laisse entendre clairement que le péché a blessé profondément l’union de l’homme et de la femme. Il a eu un résultat nocif sur le mariage. La femme, en effet, ayant pris et mangé du fruit défendu à l’instigation du serpent ; se fait tentatrice à son tour ; et invite l’homme à la désobéissance.

Avant le péché : ils étaient nus(2,25). Cette nudité sans honte de l’Eden ne fait pas seulement allusion à un état d’innocence ; caractérisé par l’absence d’impulsions sexuelles désordonnées ; elle indique aussi et surtout, si l’on se réfère à l’antiquité hébraïque , une situation de confiance ; d’estime réciproque entre les personnes humaines ; un état dans lequel les relations intersubjectives ne sont troublées par rien ; ni par la crainte ni par le mépris.

Mais quand ils transgressèrent le commandement divin ; « alors leurs yeux s’ouvrirent et ils connurent qu’ils étaient nus » (3 ;7). L’apparition de la pudeur, ce sentiment complexe dont les composantes débordent le domaine sexuel ; ne signifie pas exclusivement ; ni même principalement ; le désordre surgit dans la sensibilité; ce que la théologie appellera la concupiscence ; elle manifeste une ambiguïté et une gène envahissante désormais toute la vie humaine de relation ; et affectant particulièrement les rapports personnels de l’homme et de la femme.[5] Il faut ajouter à cela le châtiment de Dieu au couple : enfanter dans la douleur, travailler à la sueur de son front…

 

*La polygamie dans l’Ancien Testament

Pratiquée par tous les peuples voisins d’Israël, la polygamie est de même admise par la coutume israélite. Une somme d’argent, le mohar, devait être versée en effet par le fiancé à son beau père(Gn34,12) et l’entretient de plusieurs épouses n’étant pas la portée de tous, la polygamie demeure surtout le privilège des riches, des notables et des rois.

Un usage assez fréquent paraît avoir été la bigamie. Ainsi Jacob, le patriarche, était bigame ; le récit de ses deux mariages, avec Léa et Rachel est bien connu(Gn29,15ss). Le roi Joas semble de même avoir épousé deux femmes(2Ch24,3). Un autre coutume est celle du concubinat, forme mitigée de la polygamie :un même homme possède une épouse de plein droit et une concubine dont le statut ne diffèrent guère de celui de l’esclave. Ainsi Agar était la concubine d’Abraham. Après l’exil, cependant, la polygamie tend de plus en plus à l’emporter. La famille juive représentée par le livre de Tobie est de fait monogamique. Les livres sapientiaux exhortent le mari à « mettre sa joie dans la femme de sa jeunesse » (Pr5,18). Il faudra attendre le Nouveau Testament pour que les hautes vérités sur le mariage contenues dans les premières pages de la Genèse soient pleinement comprises.

 

1.3.2. Dans le Nouveau Testament
* Le mariage dans les Evangiles

Un des points les plus remarquables du message de Jésus par sa nouveauté au regard de la loi ancienne est un enseignement relatif à l’indissolubilité du mariage.

Mt19,3-9 : une discussion qui eut lieu entre les pharisiens et Jésus au sujet du divorce. Est-il permis à un homme de répudier sa femme pour n’importe quelle raison ? La question adressée par les pharisiens à Jésus nous situe d’emblée au centre des débats qui opposent les diverses écoles rabbiniques au sujet des divorces (écoles d’Hillel et de Shammaï. S’élevant au-dessus des discussions des docteurs qui prétendent interpréter la loi divine, il renvoie ses interrogateurs à l’Ecriture qui manifeste suffisamment l’intention de Dieu sur le mariage, il le cite deux textes complémentaires, tirés de deux récits de la création : » n’avez-vous pas lu que le créateur, dès l’origine, les fit homme et femme, et qu’il a dit : » Ainsi donc l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront qu’une seule chair ? Aucune puissance purement humaine n’a donc le droit d’attenter à l’indissolubilité du mariage voulue par Dieu. Dans aucun cas, pour aucun motif, le divorce n’est pas permis ; en toute hypothèse il est interdit.

 

* Le mariage chez l’apôtre Paul(1Co7)

De cet enseignement paulinien qui se situe dans la tradition du Maître, il est clair que pour l’apôtre, le mariage est légitime parce qu’il permet aux époux d’assumer leur sexualité. Il est donc une chose bonne. Le mariage entre frères chrétiens est indissoluble. Toutefois le cas particulier du mariage entre non chrétien à la suite de la conversion d’un des conjoints a donné lieu à ce que l’exégèse médiévale a appelé « le privilège paulin » ( Co7,12-16) .[6]Ce privilège désigne une faveur accordée par Paul à la loi naturelle de l’indissolubilité matrimoniale. Il a pour but de protéger la foi du conjoint chrétien que pourrait menacer l’intransigeance du conjoint reste païen.

L’indissolubilité du mariage n’est pas un obstacle aux secondes noces après la mort des conjoints. Le célibat masculin ou féminin accepté en vue de Dieu, constitue une libération par rapport aux attachements, aux préoccupations mondaines.

 

1.4 Les erreurs combattues par les Pères de l’Eglise

Les Pères de l’Eglise ont combattu deux tendances excessives au sujet du mariage : la tendance rigoriste et la tendance laxiste.

 

1.4.1. La tendance rigoriste  

Pour la tendance rigoriste, l’état de mariage est un état de péché et l’acte du mariage est une faute. Elle refuse aux chrétiens de se marier. On distingue : les Encratiques, les Gnostiques, les Montanistes, les Novatiens, les Ascètes, les Priscillianistes.

 

* Les Encratiques[7] 

L’encratisme courant de l’ascétisme  chrétien dans les premiers siècles a ses racines  dans la doctrine des Allobiens chez les Indiens. Ils n’habitaient pas les villes. Ils n’usaient pas du mariage le danger inhérent à cette discipline est d’arriver à croire que la matière est d’essence mauvais et ne peut être l’œuvre de Dieu, mais celle d’un démiurge (cf. Cerdon, Marcion). Pour eux, tout chrétien doit nécessairement être un ascète et doit garder la continence. Ces sectaires s’apposaient  aux rapports sexuels, même dans le mariage. Exemple de Jules Cassien, Tatien voit dans l’union conjugale le fruit de l’arbre défendu, ni le salut d’Adam.

 

*Les Gnostiques

Ce qui définit le fond commun des gnostiques, se ramène à une défiguration du dogme chrétien : dogme de l’existence de Dieu, de la création et de la sotériologie[8]. Ils ont pour  point de départ la conciliation  de l’existence de Dieu avec  l’existence de la matière. Dieu est parfait mais la matière est d’essence mauvaise et c’est le siège du mal. A cet effet la matière ne pouvait donc pas être l’œuvre immédiate de Dieu. Leur problème était d’expliquer l’existence de ce monde matériel en sauvegardant la perfection divine. Dieu est capable en soi d’émanations successives et il ne peut pas créer la matière qui est mauvaise. Il faut un démiurge comme auteur pour la matière.

En Dieu et par Dieu s’est opéré une première manifestation divine. C’est un couple d’éons, mâle et femelle. De ce couple est sorti un second couple, ainsi de suite jusqu’à ce qu’il se produise une dégradation proportionnellement de l’être divin et le dernier éon se possède que le minimum de divinité. De ce système, il ressort que le monde, la matière et la chair passent essentiellement pour mauvais. Au regard de la chair, soit on est sévère, ascète rigoureux, soit on un relâchement qui facilité, autorise ou ordonne toutes les dépravations.

 

* Le manichéisme

Le manichéisme désigne une secte religieuse fondée au IIIè siècle par Manès (Mani) et qui se repose sur une conception dualiste du monde de deux principes opposés : le Bien et le Mal, la lumière et les Ténèbres. Chacun d’eux est inséré et sans commencement. Ils sont juxtaposés sans se confondre et l’opposition de leur nature suffit à les séparer. Ils ont donc en dédain tout ce qui peut souiller l’homme dont la matière. Le mariage qui a donc pour fin la procréation  est mauvaise en soi et condamnable.

 

* Le montanisme[9]

Le mouvement montaniste était caractérisé par un ascétisme rigoureux qui portait les adeptes du Paraclet à un grand souci de perfection plus aiguë par l’atteste de la prochaine fin du monde. Donc, il faut rompre avec le mariage, vivre la continence et dans le détachement des biens en attendant le dernier jour. Tertullien en sera un des grands défenseurs de ce mouvement.

 

1.4.2 Tendance laxiste

La tendance laxiste, plus tardive, méconnaissait la grandeur et la perfection de la continence et ne mettait aucune différence de valeur entre le mariage et la virginité. Pas de doctrine assez élaborée, tout simplement et ont voulu soit excuser leur propre conduite soit protester contre certains abus qui jetaient du discrédit sur la vie religieuse pour Helvidius, le mariage l’emportait en valeur sur la virginité. Enfin, le créateur en mettant la distinction des sexes, n’a pu indiquer pour but que la propagation de la race humaine par le moyen du mariage.

 

1.5. Témoignage des Pères

 

1.5.1 En Orient

 

* Saint Jean Chrysostome (350-407)

Evêque de Constantinople, Jean Chrysostome a  dû  achever sa vie en exil dans la solitude. D’après ce père, grec, le mariage établi par Dieu, Créateur, n’a pas été détruit ni abaissé par Jésus, qui au contraire, a honoré et sanctifié le mariage un assistant aux noces de Cana. Il est convaincu avec St Paul  qu’il vaut mieux se marier que de faire la fornication considérée  comme pure malice du démon. Il déclare que le mariage n’est pas un obstacle au salut sans quoi Dieu ne l’aurait pas institué et qu’il n’est ni un obstacle insurmontable à la pratique des devoirs religieux, ni un obstacle à la vertu. Il souligne aussi que le mariage après le péché, a pour but principal dans l’état présent de l’humanité, de remédier à la concupiscence ; c’est pourquoi St Paul recommande d’y recourir afin de bénéficier de sa grâce  sacramentelle. A cause de la sacramentalité du mariage, la femme répudiée pour n’importe quelle raison ne peut se remarier : liée  à son époux, elle reste tant qu’elle vit, sa femme.

 

* Grégoire de Nysse (entre 330-395)

Grégoire de Nysse a mené de front la vie conjugale et épiscopale. La vie conjugale ne semble pas avoir plus entravé son évolution spirituelle. Il considère le mariage comme une bénédiction divine parce que Jésus l’a élevé à la dignité du sacrement, et pour en finir, il déclare que «  la vertu est mesure, juste milieu »

 

1.5.2 En Occident

 

* Tertullien

Dans son traité «  Ad Uxorem », Tertullien, qui était marié, faisait du mariage chrétien les plus magnifiques éloges. Pour lui, le mariage n’est pas condamnable parce qu’il est béni par Dieu dès le début de la création et restauré ensuite par le Christ. A cet effet, il applique le mot de « sacramentum » au mariage où il cite toujours le texte de saint Paul aux Ephésiens. Mais sa pensée sur la sacramentalité du mariage ne dépasse pas celle de l’apôtre. Il voit dans le mariage  actuel, un symbole, une allégorie, une figure, annonçant ou rappelant l’union mystique du Christ et de l’Eglise.

Tertullien donne également des indices sur la célébration  du mariage par un prêtre devant qui, on conclut les mariages et qui les bénit. Ce qui, pour lui, caractérise le mariage que Dieu protège, c’est que l’Eglise le noue, et que la bénédiction sacerdotale le scelle sur la terre en même temps que le Père le ratifie au ciel (dans « De monogamia »)

 

* Saint Augustin (Ve siècle)

Saint Augustin, docteur du mariage chrétien, ( à cause de ses nombreux écrits sur le mariage par exemple « De Bono conjungali »), déclare que le mariage a été institué  et béni par Dieu dès l’origine du monde, puis élevé par le Christ au rôle sublime de représenter sa propre union avec l’Eglise. Pour lui, le mariage comporte constitutivement trois choses bonnes, trois biens : proles, fides; sacramentum

- Proles désigne la génération  et l’éducation de l’enfant ;[10]

- Fides, la fidélité des époux dans la chasteté qui exclut tout  adultère dans l’amour mutuel ;

- Sacramentum est la valeur symbolique du mariage  par rapport  à l’union, du Christ et de l’Eglise symbolisme qui implique l’unité et l’indissolubilité du mariage. Un tel mariage des chrétiens est l’image parfaite du Christ et de son Eglise. Il n’y a pas de divorce en cas d’adultère et même en cas  de stérilité de la femme, il n’est pas permis de sacrifier le bien du sacrement (filiorum procreandorum causa) par désir d’avoir des enfants.

 

II. Valeur théologique et finalité du mariage.

 

2-1- Le mariage pendant la période médiévale

A cette période, théologiens et canonistes ont donné des explicitations doctrinales sur trois questions fondamentales concernant le mariage à savoir sa formation, sa finalité et sa sacramentalité.

 

* La formation du mariage

Au cours de la période médiévale, deux théories ont été retenues sur ce qui fonde véritablement le mariage :

-Pour certains, c’est le consentement des parties qui fait le mariage ; tandis que pour d’autre, c’est l’union conjugale.

-Ainsi, pour st. Jérôme par exemple, il n’y a pas de mariage véritable sans consommation.

-Pour st. Augustin, le mariage est parfait par le seul consentement.

-Le pape Nicolas 1er a mis l’accent sur le caractère consensuel du mariage en disant : « on doit tenir pour suffisant, le seul consentement des conjoints. Si ce consentement vient à manquer dans les noces, tout le reste qui a été accompli, y compris la conjonction des sexes elle-même, est rendu inutile »[11] (DH 643.)

-Yves de Chartres tout comme Anselme de Laon diront que le mariage est formé dès l’échange des consentements et il est indissoluble dès que le pacte conjugal a été conclu.

-Pour Hugues de st. Victor, le consentement mutuel exprimé par des paroles au présent, (manifestation d’une intention actuelle) est la cause efficiente du mariage. Autrement, la consommation n’est pas requise chez lui pour la validité du mariage.

Vers le milieu du XIIè siècle, Gratien et Pierre Lombard vont donner leur point de vue, se basant sur les idées récentes. Pour Gratien donc, l’union conjugale suffit pour la formation du mariage. Pour que le mariage existe véritablement, il faut qu’à l’échange des consentements s’ajoute la copula carnalis. Quant à Pierre Lombard, il met l’accent sur le caractère consensuel du mariage. Il compare le mariage à une société dans laquelle on entre par un acte de volonté, un acte contractuel. Le lien matrimonial est formé entre les fiancés dès l’échange du consentement.

A la fin du XIIè siècle et début XIIIè siècle, une théorie se fera jour en s’appuyant sur la doctrine de Pierre Lombard mais sans toutefois refouler celle de Gratien ; ainsi fut retenu que le consentement exprimé par des paroles au présent constitue le mariage véritable et produit le lien matrimonial. Mais, le mariage contracté par des paroles au présent n’est pas absolument indissoluble tant que n’a eu lieu la copula carnalis.

 

* Finalité du mariage.

Au moyen-âge, théologiens et canonistes, surtout les scolastiques (Hugues de st. Victor, st. Bonaventure, st. Thomas) parlèrent d’une double finalité du mariage correspondant à une double institution du mariage. Il s’agit du mariage avant et après la chute. Avant la chute, le mariage avait pour but la procréation ; répondant ainsi au précepte divin (Gn.1, 28 ). Mais après la chute, il devient remède à la concupiscence.

Les scolastiques diront que la cause principale qu’impose le consentement matrimonial est l’union des esprits : l’homme et la femme s’entraident à grandir dans l’amour divin. L’union des corps constitue une cause secondaire. Cet acte, (l’union des corps) fut imposé aux 1er parents en vue de peupler la terre. Après le péché, il devient remède à la concupiscence.

 

*La sacramentalité du mariage.

Pour les théologiens et canonistes médiévaux, le mariage fait partie des sacrements de l’Eglise. C’est un sacrement qui engage la volonté humaine. C’est également un signe de la grâce étant donné qu’il est le signe de l’union du Christ avec l’Eglise. Mais il ne s’agit ici qu’un signe figuratif. Le mariage ne serait pas lui-même cause de grâce et n’a qu’une fonction médicinale détournant du mal.

St. Albert le Grand et st. Thomas diront que la grâce du mariage, non seulement détourne du mal (grâce médicinale) mais aussi elle aide les mariés à accomplir leurs devoirs.

 

2-2- La crise protestante.

 

*  Le mariage d’après les réformateurs ( Luther, Calvin …)

Les réformateurs protestants considèrent le mariage comme une institution purement naturelle qui relève du domaine du pouvoir civil et dans laquelle l’Eglise n’a rien à voir. Dieu a bien béni le mariage mais il n’y a en lui aucune promesse de grâce, aucun signe d’institué.

Aussi admettent-ils la légitimité du divorce et de la polygamie, se basant sur la sainte Ecriture (Mt 5,32 ; 19,9 ; 1Cor 7,15). Mais Calvin s’oppose aux autres en soutenant  la monogamie qui est une prescription divine. Et pour cela les patriarches étaient coupables d’adultère (Gn 16,1). Et pour Luther, «  le mariage est une nécessité physique imposée par la nature. Il est indispensable à tout homme et les vœux de chasteté sont contraires à la nature. »[12]

 

2-3- Le concile de Trente

 

*  L’enseignement du concile de trente.

Dans le but de faire face aux hérésies et erreurs notables soulevées contre le mariage, le concile a traité, dans sa 7ème session (tenue le 3 mars 1547), certains points doctrinaux sur le mariage.

D’abord il a rappelé, se basant sur des références bibliques, l’institution divine du mariage, son indissolubilité et son unité (qui constituent ses propriétés essentielles), et  la collation de la grâce, qui vient parfaire l’amour naturel des époux l’un pour l’autre, confirmer l’indissoluble unité de leur conjonction, et les sanctifier personnellement.(DH 1797 à 1799)

 Le concile a ensuite reconnu le mariage comme un des sept sacrements de la loi nouvelle, instituée par le Christ, un vrai et véritable sacrement (DH 1800)

Il a également décrété 12 anathématisations ou canons contre les erreurs de l’époque ; ces canons concernent la sacramentalité vraie et propre du mariage, son institution par le Christ, la collation de la grâce, son caractère monogamique, les empêchements matrimoniaux, l’indissolubilité du mariage, le célibat sacerdotal et la virginité. (DH 1801à 1812)

Le dernier point du concile fut de préciser un décret disciplinaire sur les mariages clandestins : C’est le décret Tametsi. Le mariage clandestin est donc « ce mariage contracté par le seul échange des consentements entre les futurs sans la présence d’aucun témoin et en dehors des formes publiques habituelles »[13] Le concile affirme de fête consécutifs. que ce type de mariage doit être considéré comme vrai et ratifié. Cependant, pour des problèmes qu’engendrent ces mariages clandestins, le concile prend des dispositions afin de les rendre dans l’avenir illicite, nuls, invalides, d’où l’introduction dans la loi matrimoniale la publication de banc, trois fois, trois jours

 

III. DOCTRINE FONDAMENTALE

 

3.1 Concile Vatican II

  • Confirmation de la doctrine traditionnelle.

L’aggiornamento du CVII n’a pas consisté en une dévalorisation de la doctrine traditionnelle de l’Eglise, mais à reprendre la même doctrine avec une attention particulière aux crises que traverse les familles à savoir : la polygamie, l’épidémie du divorce autre déformation comme l’avortement la contraception.. en définissant le mariage comme une communauté de vie et d’amour formée par le couple, dotée des lois propres par le créateur, établie sur l’alliance des conjoints, sur leur consentement personnel et irrévocable. Les Pères entendent confirmer l’institution divine du mariage qui échappe à la fantaisie de l’homme. En mettant en évidence le caractère humain et divin qui spécifie cette communauté d’amour, se sont l’unité, l’indissolubilité, la dignité la sainteté et la sacramentalité du mariage chrétien qui sont visées.

  • Dignité de l’amour conjugal.

A ce niveau de l’amour conjugal on notera un progrès dans l’enseignement de l’Eglise sur le mariage. La valorisation de l’amour conjugal reconnu par les Pères conciliaires a certainement sa source et son fondement  dans la vision de l’homme comme personne c’est pourquoi le mariage, société  de l’homme et de la femme est aussi définit comme communion des personnes. L’amour conjugal est calqué sur l’amour que Dieu garde pour sa créature. L’homme peut pleinement se trouver à travers le don désintéressé de lui-même. Les Pères conciliaires ont  à ce propos des paroles très audacieuses. Le mariage sacrement fait des époux les participants de l’amour même du Christ pour son Eglise. L’authentique amour conjugal est assumé dans l’amour divin et il est dirigé et enrichi par la puissance rédemptrice du Christ et l’action salvifique de l’Eglise. C’est aussi un amour qui est capable d’animer les époux dans leur marche personnelle et ensemble vers la perfection et la sainteté et ainsi ils glorifient t le Seigneur.

  • La paternité responsable

L’amour conjugal est un amour ouvert sur la transmission de la vie. Certes le mariage n’est pas institué en vue de la seule procréation. Mais il ne s’en suit nullement que l’homme puisse changer le sens et l’expression de l’inion conjugale. On se rappellera toujours qu’il faut donner à toute la vie conjugale et en particulier à toutes les unions sexuelles la pleine signification et la parfaite expression d’un amour qui rend les époux disponibles pour le service de la vie. Ce service doit être à coup sûr assumer en pleine et consciente responsabilité pour parvenir à une procréation qui soit à la mesure de l’homme, la vertu de chasteté conjugale est bénéfique et les parents ne doivent pas emprunter désapprouvée s par le Magistère de l’Eglise. Les familles peuvent se confier à des spécialistes des sciences humaines pour mettre au clair des diverses conditions favorisant une saine régulation de la procréation humaine. Le concile ouvre également une perspective purement pastorale qui permettra aux jeunes de bien se préparer au mariage  et de bien assumer les exigences de la vie conjugale. 

 

3.2 Caractère  sacré du mariage naturel.

Dire du mariage qu’il est une institution naturelle ne signifie pas pour autant qu’il soit une chose purement profane. Selon le Pape Pie XI, « Il y a dans le mariage naturel lui-même, quelque chose de sacré et de religieux, non adventice, mais inné, non reçu des hommes, mais inséré par la nature même  » [14] . Ce caractère sacré du mariage  ressort :

a. De son origine divine : le mariage, en effet a pour Dieu auteur et pour législateur ; il est contemporain de la création, il fait corps avec elle, il est antérieurement à toute chute, une institution immédiate de Dieu, qui est intervenu positivement pour en révéler l’idée, en promulguer les lois, en fixer les buts ;

b. De sa fin qui est double :

  • Rattacher à Dieu les époux par l’aide mutuelle qu’ils se procurent, aide, en effet, qui ne doit pas être conçue uniquement dans une perspective temporelle et terrestre, mais  aussi comme un moyen spirituel très approprié de s’élever ensemble dans ’amour te le service de Dieu.
  • Engendrer et former pour Dieu des enfants, car chez des êtres faits à l’image de Dieu, comme sont l’homme et la femme, procréer et propager l’espèce n’est pas   autre chose que  donner la vie à des nouvelles images de Dieu destinées à le connaître, l’aimer, le glorifier et, dans l’état surnaturel de fait où l’humanité a été établie par Dieu, à participer à sa vie intime par la grâce, à sa béatitude souveraine par la vision[15] .

 

3.3. Propriétés essentielles du mariage

 

3.3.1 L’indissolubilité du mariage

La tradition de l’Eglise primitive, qui se fonde sur l’enseignement du Christ et des Apôtres, affirme l’indissolubilité du mariage, même en cas d’adultère. Le concile de Trente a déclaré que l’Eglise ne se trompe pas quand elle a enseigné et enseigne, selon la doctrine évangélique et apostolique, que le lien du mariage ne peut être rompu par l’adultère (DH.1807)

Paul est catégorique sur cette question : A Corinthe, des chrétiens mariés, soit avant, soit après leur conversion, et qui aient voulu user du divorce, si largement pratiqué dans le monde greco-romain et même juif, à ceux là l’apôtre oppose un commandement qui vient du Seigneur (1Cor7, 10). Il envisage d’abord le cas de la femme qui voudrait quitter son mari : qu’elle ne le fasse pas. Si cependant elle le faisait, elle n’a que deux possibilités : ou bien demeurer sans se remarier, ou bien se réconcilier avec son mari(v 11). C’est affirmer implicitement que le lien qui unit la femme à son mari persiste indissolublement  ce lien ne peut être rompu que par la mort de celui-ci(v39). Pour ce qui est de l’homme, Pau l est très bref. « Que le mari ne répudie pas sa femme »(v11). C’est dire qu’on  se marie pour toujours.

 

3.3.2 L’unité du mariage

Les Pères de l’église sont unanimes pour affirmer que le mariage, du moins tel que l’a restauré le Christ, est une union monogame. Cette question n’a d’ailleurs pas pour eux d’intérêt pratique, la polygamie n’étant pas en usage chez les Grecs et chez les Romains. Si la stérilité de la femme est une  cause de divorce, elle n’était pas une raison pour prendre une seconde femme. La polygamie était même officiellement défendue par la législation civile[16].

Pour  Tertullien  la loi de la monogamie est inscrite dans le fait que Dieu à l’origine n’a fait qu’un homme et qu’une femme et celle-ci d’une seule côte de celui-là. Quant à St Augustin, il cherche la raison profonde de la loi de l’unité qui s’impose aujourd’hui au mariage chrétien, dans le symbolisme de celui-ci. L’union conjugale entre chrétiens est le symbole de l’union mystique du Christ avec l’Eglise et de Dieu avec l’âme humaine.

 

3.4 Sacrement du mariage

 

3.4.1 Existence du sacrement de mariage

Comme le mariage dérive de la nature humaine elle-même dont Dieu est l’auteur, et comme il a existé dès les débuts de l’humanité en tant que qu’institution naturelle, il peut paraître étonnant de le voir énumérer au nombre des sacrements de la loi naturelle. Pour que le mariage soit cependant un sacrement de cette loi, il n’est pas nécessaire qu’il tue directement son origine du lui-même ; il suffit qu’institué  par Dieu lors de la création de l’homme et de la femme, il ait été, depuis l’incarnation et la passion du Christ, doté par celui-ci d’une efficacité surnaturelle dont il ne jouissait pas auparavant.

 Le mariage chrétien n’a d’ailleurs pas, en vertu de cette élévation perdue toute continuité et toute identité avec le mariage de l’ordre naturel. Une seule idée divine du mariage commande à tout mariage, qu’il soit conclu en régime  du christianisme ou en dehors. Le mariage entre chrétiens  est vraiment et proprement un sacrement de la loi nouvelle pour marquer qu’il n’est pas seulement le signe figuratif (c’est-à-dire le symbole de l’union du Christ et de l’Eglise) d’une chose sacrée ou de la grâce mais aussi un signe productif de la grâce qu’il signifie car les obligations imposées aux époux sont d’ordre purement  surnaturel : au mari un amour de charité à l’exemple du Christ et à la femme une soumission parfaite à son mari par motif de foi. Il est clair que par-là le mariage chrétien se trouve promu à un niveau  supérieur  de perfection. Aussi le mariage entre non-chrétiens bien disposés reçoivent-il des grâces actuelles qui leur permettent de vivre dans leur union en conformité avec la volonté de Dieu.

 

3.4.2 Essence du sacrement

Le mariage consistait avant le Christ, et consiste encore chez les baptisés, dans le contrat naturel par lequel les conjoints consentent à entrer dans la société conjugale et à assumer les obligations inhérentes à cette société. Une question reste posée. La loi nouvelle, en élevant le mariage à l’ordre sacramentel a-t-elle seulement  élevé le contrat lui-même à la raison de signes efficaces de la grâce, ou bien quelque rite s’est-il trouvé surajouté au contrat, rite dans lequel il faudrait chercher l’essence même du sacrement[17] ?

Le sacrement de mariage consiste essentiellement dans le contrat matrimonial lui-même. La parfaite identité du sacrement et du contrat est l’échange même des consentements qui à raison de signes efficaces de la grâce : c’est dire que le sacrement consiste dans le contrat lui-même.  Dans tous les mariages il n’y a rien de plus, ni rien d’autre que le contrat ou l’échange mutuel des consentements. Pour St Thomas, la bénédiction du prêtre n’est qu’un simple sacramental.

 

3.4.3 Matière et Forme

Le sacrement de mariage n’étant rien d’autre que le contrat matrimonial promu à la dignité de sacrement, la matière et la forme du sacrement sont donc à chercher dans ce contrat lui-même ( et non point dans la bénédiction du Prêtre).

Mais comment la matière et la forme du sacrement se trouvent-elles dans le contrat matrimonial ? C’est une question sur laquelle il n’il y a pas accord entre les auteurs.

Certains disent que la matière consiste dans le consentement interne, a forme dans les paroles ou les signes par lesquels s’expriment ce consentement.

D’autres tiennent que la matière consiste dans les droits conjugaux réciproques, la forme dans le consentement exprimé par les paroles ou les signes.

Bref, la matière du sacrement du mariage est le consentement et la forme, les paroles.

 

3.4.4 Ministre et sujet du sacrement

Les théologiens qui tenaient que la forme ( ou même la totalité du signe sensible) du sacrement de mariage était à placer la bénédiction du Prêtre,  voyaient en  conséquence dans le Prêtre seul le ministre du sacrement. Mais puisque le sacrement le mariage n’est rien d’autre que le contrat matrimonial élevé à a dignité du signe efficace de la grâce, il s’ensuit nécessairement que ce sont les contractants eux-mêmes qui sont les ministres du sacrement ; le Prêtre n’est que le témoin nécessaire du contrat quand la forme canonique ordinaire est requise.

Car si le Prêtre était le ministre qu sacrement du mariage, il ne pourrait y avoir de mariage valide entre les chrétiens que celui contracté devant le prêtre et avec sa bénédiction, puisqu’il n’y a de mariage valide entre chrétiens qui ne soit sacramentel. Or en certains cas, il y a de mariage valide entre chrétiens sans que soient requises la présence du prêtre et sa bénédiction par exemple en péril de mort, ou bien si en dehors du péril de mort, on ne peut trouver de prêtre avant un mois, ou encore s’il s’agit de chrétiens non catholiques.( D 2069 ; 2070, §3 ; CJC 1098, 1099, §2 ).

 

le prêtre ne pourrait-il pas être dit aussi ministre du sacrement de mariage ?

 

Bien que les contractants soient de vrais ministres du sacrement de mariage, il faut remarquer pourtant que le prêtre peut être appelé lui aussi en un certain sens, ministre du sacrement de mariage.

Le mariage, en effet, n’est pas seulement un acte privé, c’est également un acte social et éminemment religieux. Or c’est l’intervention du prêtre, témoin autorisé testi qualificatus, député par office, deputatus ex officio, que le consentement mutuel des époux, de sa nature contrat simple, privé, devient un contrat solennel, réglé et entériné par la société[18]. De plus c’est au prêtre qu’incombe le soin d’entourer le mariage des cérémonies qui manifestent sa signification religieuse : c’est lui qui donne aux époux la bénédiction nuptiale nous dit St Thomas. Cette bénédiction est pour eux une source supplémentaire de grâce ex opere operantis, en vertu des prières de l’Eglise.

En d’autres termes, le, prêtre est le ministre de  la célébration solennelle du mariage à la face de l’Eglise.

 

3.5 Les effets du mariage

 

3.5.1 Le lien conjugal.

Le consentement par lequel les époux se donnent et s’accueillent mutuellement, est scellé par Dieu lui-même. De leur alliance une institution, que la loi  divine confirme naît ainsi au regard  même de la société. L’alliance des époux est intégrée dans l’alliance de Dieu conjugal est assumé dans l’amour divin. Alors le lien matrimonial est donc établi par Dieu lui-même de sorte que le mariage conclu et consommé entre baptisés ne peut jamais être dissous. Ce lieu qui résulte de l’acte humain livre des époux et de la consommation du mariage, est une réalité désormais irrévocable et donne origine à une alliance garantie par la fidélité de Dieu « Il n’est pas au pouvoir de l’Eglise  de se prononcer contre cette disposition de la sagesse divine »

 

3.5.2 La grâce

Le contrat matrimonial élevé à la dignité de sacrement confère immédiatement une grâce initiale qui comprend : Une augmentation de la grâce sanctifiante et des vertus et des dons qui en découlent. En plus de cette grâce initiale le sacrement de mariage donne un droit à recevoir dans l’avenir, en temps opportun, les grâces actuelles spéciale dont les époux chrétiens auront besoin pour remplir les devoirs de leur était. Ces secours  surnaturels particuliers les aideront à s’aimer mutuellement, à éduquer leur enfant, à surmonter les difficultés que présente la chasteté conjugale etc..

La condition pour que ceux qui contractent mariage  reçoivent la grâce est qu’ils ne mettent à cette grâce aucun obstacle substantiel, comme serait le péché mortel. Le sacrement de mariage est d’ailleurs susceptible de réviviscence, une fois l’obstacle levé.

 

3.6. Nécessite  du sacrement de mariage.

 

En parlant de la nécessite du sacrement, nous voudrions essayer de répondre à la question de savoir si l’on a encore besoin de ce sacrement, lorsqu’on pense que c’est une donnée naturelle et culturelle. Et aussi « pour plusieurs aujourd’hui l’institution sociale et ecclésiale du mariage semble avoir perdu son rôle normatif. Pour eux seul l’amour fonde le couple. On en fait facilement un absolu qui justifie sans référence à d’autres valeurs, les relations sexuelles et la cohabitation prémaritale »[19]      

Pour nous le sacrement du mariage est nécessaire pour les raisons suivantes :

-Le mariage est inhérent à l’Eglise, car il est l’image de l’union Christ avec l’Eglise. Une union indissoluble malgré l’infidélité de l’Epouse.

 -Le sacrément de mariage donne aux baptisés d’avoir accès aux autres sacrements ( sources de grâce), notamment l’eucharistie et la pénitence.

-« Le sacrement de mariage donne la force spirituelle de la foi, de la charité pour l’accomplissement du devoir de la procréation et de l’éducation des enfants, rendant ainsi les couples coopérateurs du Dieu Créateur. [20]»

Ajoutons enfin que le but premier des sacrements c’est le salut des âmes.

N’oublions pas l’aspect pastoral dont bénéficient les couples depuis le temps des fiançailles jusqu’à l’accompagnement spirituel après le mariage.

Nous situons cet aspect en trois niveaux, à savoir :

_La préparation éloignée qui commence dès l’enfance, selon la pédagogie familiale qui vise à conduire les enfants à se découvrir eux-mêmes.

_La préparation immédiate qui précède la célébration du mariage proprement dit.

La pastorale post_ matrimoniale qui constitue l’accompagnement spirituel des couples. (Pour d’amples explications, consulter Familiaris Consortio, les numéros 65-69.)

   Le lien entre le mariage et les autres sacrements nous permet de comprendre davantage la nécessité de ce sacrement.

 

 IV- Le mariage et les autres sacrements

 

4.1. Le mariage et le baptême

Le sacrement du mariage qui reprend et spécifie la grâce sanctificatrice du baptême est bien une source spéciale et un moyen original de sanctification pour les époux et pour la famille chrétienne. « Par le baptême l’homme et la femme sont définitivement insérés dans la nouvelle et éternelle Alliance, Alliance nuptiale du Christ avec l’Eglise. C’est en raison de cette insertion indestructible que la communauté intime de vie et d’amour conjugal fondée par le Créateur a été élevé par le Christ. »[21]

 

4.2. Mariage et Eucharistie

« L’Eucharistie fortifie d’une manière inépuisable l’unité et l’amour indissoluble de tout mariage chrétien. En lui, en vertu du sacrement, le lien conjugal est intrinsèquement lié à l’unité eucharistique entre le Christ Epoux et l’Eglise Epouse.

Le lien fidèle, indissoluble et exclusif qui unit le Christ et qui trouve son expression sacramentelle dans l’Eucharistie, est en relation avec le donné anthropologique par lequel l’homme doit être uni de manière définitive à une seule femme et réciproquement. Si l’Eucharistie exprime le caractère irréversible de l’amour de Dieu pour son Eglise dans le Christ, on comprend pourquoi elle implique, en relation au sacrement du mariage, l’indissolubilité à  laquelle tout véritable ne peut qu’aspirer. Le synode a confirmé la pratique de l’Eglise de ne pas admettre au sacrement les divorcés remariés, parce que leur état et leur condition contredisent objectivement l’union d’amour entre le Christ et l’Eglise qui est signifiée et mise en œuvre dans l’Eucharistie.

Toutefois, les divorcés remariés, malgré leur situation continuent d’appartenir à l’Eglise qui les suit avec une attention spéciale désirant qu’ils développent autant que possible un style de vie chrétienne par la participation à la Messe, mais sans recevoir la Communion, par l’écoute de la Parole de Dieu, par l’adoration eucharistique et la prière, par la participation à la vie de la communauté »[22].

 

4.3. Mariage et sacrement de réconciliation

La famille chrétienne n’est pas toujours cohérente avec la loi de la grâce et la sainteté baptismale proclamée de nouveau par le sacrement de mariage. Le repentir et le pardon mutuel au sein de la famille chrétienne si importants dans la vie quotidienne trouvent leur moment sacramentel spécifique dans la pénitence chrétienne.[23]

Au sujet des époux le pape Paul VI écrivait dans l’encyclique, Humanae Vitae : « si le péché avait encore emprise sur eux, qu’ils ne se découragent pas, mais qu’ils recourent avec une humble persévérance à la miséricorde de Dieu, qui est accordée en abondance dans le sacrement de pénitence. Le péché contredit l’alliance avec Dieu et l’alliance entre les époux et la communion de la famille. Ils sont conduits maintenant à la rencontre de Dieu riche en miséricorde, lequel en accordant son amour plus puissant que le péché reconstruit et perfectionne l’alliance conjugale et la communion familiale.

 

4.4 Mariage et ordre.

Jésus le Prêtre par excellence n’a pas méprisé ni sous estimé le mariage. Jésus a honoré et sanctifié le mariage par sa présence au mariage de Cana. Par la transformation de l’eau en vin, on peut dire que Jésus vient au secours des mariés quand l’amour tarit(vin signe de l’amour)

Par le sacerdoce ministériel le prêtre agit in personna Christi par l’exercice de son ministère. Par le sacerdoce baptismal les époux aussi sont consacrés par un sacrément spécial pour participer à l’œuvre du Créateur par la procréation et l’éducation des enfants.

 

Remarque : mariage et virginité

La virginité et le célibat pour le Royaume des Cieux ne diminuent en rien la dignité du mariage, au contraire ils la présupposent et la confirment.

Le mariage et la virginité sont deux manières d’exprimer et de vivre l’unique mystère de l’Alliance de Dieu avec son peuple. Là où il n’y a pas d’estime pour le mariage il ne peut pas non plus avoir de virginité consacrée. Là où on ne considère pas la sexualité humaine comme un don de Dieu, le fait d’y renoncer pour le Royaume des Cieux perd son sens. St Jean Chrysostome dit en effet : dénigrer le mariage c’est amoindrire le sens même de la virginité ; en faire l’éloge, c’est rehausser la virginité.

Grâce à son témoignage la virginité garde vivante dans l’Eglise le mystère du mariage le défend contre toute atteinte à son intégrité et tout appauvrissement. C’est pourquoi, en raison du lien tout à fait singulier de ce charisme avec le Royaume des Cieux, que l’Eglise, tout au long de son histoire a défendu sa supériorité par rapport à celui du mariage. Les époux chrétiens ont le droit d’attendre des personnes vierges, de bons exemples et le témoignage d’une fidélité à leur vocation jusqu’à la mort. Tout en ayant renoncé à la fécondité physique, la personne vierge devient féconde spirituellement[24].

 

4.5 Le mariage et le sacrement des malades.

 

A ce  Propos, dans les milieux où il n’est pas facile de trouver un prêtre pour l’accompagnement spirituel des malades, les familles seront pour ces malades, des lieux de soutien, de réconfort et d’assistance. Nous pensons particulièrement malades du SIDA, qui sont de plus en plus marginalisés.

 

 

CONCLUSION

 

Le mariage n’est pas seulement une donnée culturelle ou naturelle, il est avant tout une institution divine « L’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme et tous deux formeront un seul corps » (Gn2, 24). Le mariage, institution divine inscrite dans le cœur de l’homme sera élevée à la dignité du sacrement par le Christ. Il est avec St Paul le signe de l’union indissoluble entre le Christ et son Eglise et connaît une particularité : le privilège paulin. Au début de l’ère chrétienne, on note une certaine supériorité du célibat sur le mariage. Les Pères de l’Eglise quant à eux, vont se pencher aussi sur la question notamment : St. Augustin, le docteur du mariage, Tertullien, St Grégoire de Nice. Les erreurs qu’ils vont combattre se ramènent à deux tendances excessives : la tendance rigoriste et la tendance laxiste. Les Pères nourris de l’enseignement du Seigneur et de St. Paul sur l’indissolubilité du mariage vont chercher à répondre aux questions pratiques qui se posaient à eux : la valeur morale du mariage, les secondes noces, la comparaison entre virginité et mariage. Ils vont surtout insister sur les fins du mariage surtout avec Augustin.

« Le développement de la théologie du mariage est assez remarquable pendant le Moyen-Age : il a surtout été l’œuvre des canonistes et de théologiens au point où il est difficile de dissocier les deux domaines puisque le mariage est à la fois, par le même  acte, contrat et sacrement » DTHC, 2162.

Avec la crise protestante, les Réformateurs vont attaquer surtout le caractère religieux du mariage une simple réalité de ce monde soumise à l’Etat. Pour les Protestants le mariage n’est pas un sacrement.

Avec la crise protestante, le Concile de Trente va préciser la doctrine de l’Eglise sur le mariage : c’est l’union conjugale de l’homme et de la femme, contractant selon les lois de l’Eglise et constituant une communauté de vie inséparable.

Enfin, la nouveauté du Concile Vatican II, c’est de ne pas mettre la hiérarchie entre les biens du mariage, surtout entre la procréation  et l’épanouissement des époux car si le mariage en général, est ordonné à la procréation et à l’éducation des enfants, il  garde toute sa valeur pour le bien des époux quand la procréation s’avère impossible, ce qui cause souvent une profonde peine chez les époux. (cf. G.S. 50,§3)

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

1.  Bible Edition Intégrale, Cerf, Paris,1988.

2.  Concile Œcuménique Vatican II, Cerf, Paris, 1966.

3.  Code de Droit canonique Annoté, Wilson et Lafleur Itée, Paris, 1999.

4.  Denzinger, Symboles et Définitions de la Foi Catholique, Cerf, Paris, 2005.

5.  BOFF L., Trinité et Société, Paris, 1990, cité par KPOGO Laurent, dans Etude III, P. 231.

6.  DUBARTE A.M, le péché originel dans l’Ecriture, Paris, 1958

7.  ADNES Pierre. et AUBERT  J.M., le Mariage(le mystère chrétien) Ed. Desclée,  Belgique, 1963

8.  PLATON, Le Banquet, texte établit et traduit par Paul VICAIRE avec le concours de LABORDERIE Jean, professeur à l’Université de Paris Sorbonne, 1989, p.121

  1. PIE XI, Casti Connubii, Lettre Encyclique, Vatican, 1930
  2. JEAN-PAUL II, Les sept sacrements, collection Laurier, Paris, 1993
  3. JEAN-PAUL II, Familaris Consortio 13,CentreParole de Vie, Lomé
  4. BENOIT XVI, Sacrametum Caritatis,28.29 Centre Parole de Vie, Lomé, 2007
  5. Questions Actuelles, Le Sacrement de Mariage, H.S. n° 2, décembre 2002.
  6. KPOGO Laurent, Notre vie devant Dieu, Etude III  éd. Saint  Augustin, Lomé, 2004
  7. DICTIONNAIRE DE THEOLOGIE CATHOLIQUE, Mariage, T.XI, Paris, 1926, 2044-2335.


[1]  .BOFF  L, Trinité et Société, Paris, 1990, cité par KPOGO Laurent, dans Etude III, P. 231

[2] PLATON, Le Banquet, texte établit et traduit par Paul VICAIRE, avec le concours de Jean LABORDERIE, professeur à l’Université de Paris Sorbonne, 1989,  p.121

[3] Il appartient au document yahviste du Pentateuque, source caractérisée par son style vivant et coloré, et par la psychologie délicate de certaines de ses descriptions.

[4] Gn3,5

[5]  DUBARTE  A.M; le péché originel dans l’Ecriture, Paris, 1958

[6] Canon 1143 « Le mariage contracté par deux non-baptisés est dissous en vertu du privilège Paulin en faveur de la foi de la partie qui a reçu le baptême, par le fait même qu’un nouveau mariage est contracté par cette partie, pourvu que la partie non baptisé s’en aille »

[7] Dictionnaire de Théologie Catholique… T V, col.4-13

[8] Ibidem, art Gnostique, T.VI, col. 1434-1467

 

 

[9] ibd op cit ., T IX, col.1841-1895

[10] ADNES Pierre, AUBERT J.M., le Mariage   (le mystère chrétien) Ed. Desclée  Belgique, 1963, P.56

[11] Idem, p 78

[12]KPOGO Laurent, Notre vie devant Dieu, Etude III  éd. saint  Augustin, Lomé, 2004,  P.136

[13] ADNES Pierre. et AUBERT J.M., le Mariage   (le mystère chrétien) Ed. Desclée, Belgique, 1963, P.103

[14] Pie XI, Casti Connubii, Lettre Encyclique, Vatican, Décembre 1930

[15] Sur le caractère sacré du mariage naturel, voir M.-J. SCHEEBEN, les mystères du christianisme, ch. 7, §85, p.596-601—.VERHAMME A., Matrimonium est res sacra, collationes Brugenses,47 (1951)207-209. 

[16] En 258  une loi de Valérien et de Gallien l’interdit à tout citoyen romain ; en 393 une loi spéciale  est portée par Théodose contre les juifs pour les forcer à la monogamie

[17] Il s’agit ici  de l’essence physique du sacrement, c’est-à-dire du signe sensible.

[18] Parmi les diverses de contrats, on distingue, en effet : a) les contrats solennels : ce sont ceux que la loi positive  ( divine, ecclésiastique, ou civile) soumet à certaines formalités extérieures qu’elle prescrit sous peine de nullité ; le consentement des parties est bien nécessaire pour la conclusion de ces contrats comme de tous les autres,mais il ne suffit pas ; et s’il n’est pas manifesté dans la forme légale, il n’a aucune valeur ; b) les contrats simples : ce sont ceux dont la validité n’est pas soumise à des formalités spéciales exigées par la loi positive ; il suffit qu’ils soient conformes à la loi naturelle. De soi, le contrat matrimonial est un contrat simple, qui ne demande qu’à être conforme à la loi naturelle. Au concile de Trente pourtant l’Eglise en a fait, par le décret Tametsi   ( D990 sq.), un contrat solennel, afin de remédier à la plaie des mariages clandestins ( supra, p. 103-104 ). Depuis le 19 Avril 1908, la forme canonique du mariage est réglementée par le décret temere ( D2067 sq. ), dont les dispositions essentielles sont passées dans le nouveau  CJC, entré en vigueur  le 19 Mai 1918 ‘ can 1094 sq.)        

[19] Intervention de Mgr Henri LEGARE, archevêque de Gouard-Melennan au synode des évêques sur la famille en 1980.

[20] Jean-Paul II, Les sept sacrements, collection Laurier, Paris, 1993, p. 61.   

[21] Jean-Paul II, Familaris Consortio 13,CentreParole de Vie, Lomé

[22] Benoît XVI, Sacrametum Caritatis,28.29 Centre Parole de Vie, Lomé, 2007

[23] Jean-Paul II, Familaris Consortio 58 Centre Parole de Vie, Lomé

[24] Jean-Paul II, Familaris Consortio16, Centre Parole de Vie, Lomé

 

 Par un groupe d'étudiants en théologie

Grand séminaire Jean Paul II de Lomé



05/03/2011
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