Danger : Introduction d’éléments culturels sans préavis !
Article VIII Danger : Introduction d’éléments culturels sans préavis !
- 1. Dictature pastorale ou parodie d’inculturation
Sur le terrain, il est fréquent d’assister à des célébrations eucharistiques surtout lors des rassemblements – ordination, profession de vœux, pèlerinage, enterrement, mariage, les grandes fêtes : Pâques, Noël, fin d’année, ... – qui rompent merveilleusement avec l’ordinaire du rite romain par leur coloration africaine, résultat d’introduction de rites, gestes, actes propres à la tradition culturelle du terroir. Devant de si beaux décors et spectacles, on est porté – quand on est informé sur l’inculturation – à faire des essais d’interprétation et de rapprochement entre ces introductions culturelles et le sens liturgique de l’étape de la célébration. Dans quelques cas, les arguments de l’introduction se réclament d’une manière ou d’une autre de l’ordre de l’évidence tandis que la réflexion sur l’introduction de certains éléments culturels porte à des gymnastiques spéculatives qui ne parviennent point à satisfaire la soif de comprendre. Sur ces entrefaites, on décide d’approcher les responsables liturgiques du lieu pour quémander des explications. La plupart du temps la réponse reste orale et sans fondement théologique, faute de la suivi d’une méthodologie rigoureuse. Ainsi des rites, des gestes, des attitudes – certes religieuses – des actes, des schémas de dialogue, des éléments tirés du vécu traditionnel culturel et religieux de l’Afrique sont introduits dans la liturgie sans un réel travail ni en amont ni en aval. Il s’agit d’une dictature pastorale quand l’auteur est le pasteur du lieu, et d’une parodie d’inculturation quand c’est un acte qui émane de la communauté prise dans son ensemble.
- 2. Saupoudrage culturel et essais empiriques
Dans les deux cas, tant que les obligations méthodologiques ne sont pas respectées, il n’y a pas lieu de parler d’inculturation au sens plein, strict et ecclésial du terme ; et ceci en dépit de la justesse et de la pertinence de certains de ces efforts. Sans une organisation scripturaire, toutes ces entreprises – signe du dynamisme de l’Eglise en Afrique – demeurent malheureusement au rang de saupoudrage culturel[1], et la plus extrême complaisance ne peut les reconnaître que comme essais empiriques d’inculturation. L’espoir, le rêve d’un christianisme inculturé à l’africaine est toujours permis, car les génies ne manquent point, les talents ne font pas défaut ; le blocus se chiffre plutôt en défaut d’organisation renforcé par l’handicap de l’oralité qui nous colle à la peau.
Abbé Romain Séménou,
Lomé, 23 novembre 2011
[1] On assiste à des « saupoudrages culturels » et non à une véritable inculturation. (Ex. des célébrations eucharistiques : introduction des calebasses, paniers, marmite en terre cuite, de perles et le port de pagne traditionnel pour les offrandes)