L’OECUMENISME : Ut unum sint !
L’OECUMENISME : Ut unum sint !
Introduction
Il était une fois un homme qui vécut environ 36 ans dans un pays lointain. Il grandit dans une famille sainte. A l’âge de 33ans, il se mit à prêcher et à annoncer un monde nouveau, une vie nouvelle. Il connut un grand succès et eut bon nombre de disciples. Puis un jour il fut trahi et condamné à une mort infâme selon un dessein divin. Quelques jours après sa mort, il ressuscita et disparut dans les cieux. Ses disciples continuèrent son œuvre. Ce fut le commencement. Puis après des querelles éclatèrent entre les disciples. Les uns accusèrent les autres et vice versa. Ainsi des groupes se formèrent au sein du premier groupe et de ses groupes naissent d’autres subdivisions qui ne cessent de se multiplier. Voilà sobrement peint le portrait d’une communauté : j’ai nommé, le christianisme dont le maître Jésus Christ a prié en ces termes : « Père saint garde-les en ton nom que tu m’as donné, pour qu’il soit un comme nous sommes un. » Jn. 17, 11
1. Définition
Au sens large l’œcuménisme est l’attitude qui consiste à accepter le rassemblement de personnes d'obédiences et d'idéologies très diverses. Dans le contexte religieux il désigne un mouvement qui se donne pour objectif le regroupement de toutes les Églises chrétiennes en une seule.
Le Concile Vatican II (1962-1965), a consacré un décret à l'œcuménisme Unitatis Redintegratio qui dit : « Par "mouvement œcuménique", on entend les entreprises et les initiatives provoquées et organisées en faveur de l'unité des chrétiens, selon les nécessités variées de l'Eglise et selon les circonstances. » (U. R. 6)
2. Bref historique
Tout d’abord soulignons que le mouvement œcuménique a commencé dans le cercle protestant. En effet en 1910 fut tenue une Conférence missionnaire internationale à Édimbourg en Ecosse qui marqua le début de l'œcuménisme moderne qui tente de mettre en valeur la mission évangélique, la vocation de service et la responsabilité doctrinale de l'Église. L’Eglise catholique montra des réticences à adhérer à ce projet jusqu’au Concile Vatican II.
L’entreprise œcuménique protestante donna naissance en 1948 au Conseil œcuménique des Églises; en 1994, il regroupait plus de 320 Églises de plus de 90 pays. Après le CVII, l’Eglise catholique tout en entretenant de bonnes relations avec ce conseil, n’en fait pas parti.
3. Les conditions catholiques de l’œcuménisme
Ces conditions tiennent en une phrase que nous tirons du Décret sur l’œcuménisme au n° 1 : « À ce mouvement qui vise à l'unité, et qui est appelé œcuménique, prennent part ceux qui invoquent le Dieu trine et confessent Jésus comme Seigneur et Sauveur, non seulement des chrétiens pris individuellement, mais encore des chrétiens réunis en groupes, dans lesquels ils ont entendu l'Evangile et qu'ils appellent chacun son Eglise et Eglise de Dieu. »
C’est donc à partir de ces éléments, notamment la foi en la Trinité Divine et la reconnaissance du Christ comme Seigneur et Sauveur, qu’on peut dire qu’une Eglise ou communauté de chrétiens séparés fait parti du processus œcuménique. Ainsi l’œcuménisme au sein de l’Eglise catholique ne prend pas en compte tous les groupes qui se disent chrétiens.
4. L’exercice de l’œcuménisme
La division entre les disciples du Christ est un contre témoignage et un scandale pour le monde. C’est toujours honteux et déshonorant de voir des gens qui se réclament d’un même et unique maître se faire la guerre au nom de leur fidélité à l’enseignement reçu du maître commun. Il est alors de bon ton et très impérieux que tous les chrétiens s’engagent pour l’unité. Cette démarche œcuménique passera par :
- Ø La rénovation de l’Eglise
- Ø La conversion du cœur
- Ø La prière en commun
- Ø Le dialogue
- Ø Connaissance réciproque fraternelle
- Ø Formation œcuménique
- Ø La manière d’exprimer et d’exposer la doctrine de la foi
- Ø Collaboration avec les frères séparés
5. Les fruits de l’œcuménisme
La Bible TOB (Traduction Œcuménique de la Bible), voilà le premier fruit de l’œcuménisme qui me vient à l’esprit. Ensuite le processus de retour à la communion avec l’Eglise catholique romaine entamé avec les clercs de la Fraternité Saint Pie X (Mgr Lefèvre).
- Ø La fraternité retrouvée
- Ø La solidarité dans le service de l’humanité
- Ø Convergence en ce qui concerne la parole de Dieu et le culte divin
- Ø Progression de la communion
- Ø La reprise des contacts
- 6. Les points de blocage
- Ø Des différences théologiques de base
- Ø L’autorité papale
- Ø L’ordination des femmes
- Ø Des questions morales (contraception…)
- Ø La mariologie
- Distinguo : Le dialogue interreligieux
Si la démarche de l’Eglise vers nos frères chrétiens séparés a pour nom l’œcuménisme, celle vers nos frères d’autres religions s’appelle dialogue interreligieux. C’est ce qui se fait quand l’Eglise va à la rencontre des musulmans, des adeptes de la RTA, des bouddhistes et autres. [Ex : La très symbolique première rencontre d’Assise, organisée en 1987 sous l’instigation du pape Jean Paul II (et renouvelée en 2002), au cours de laquelle se réunissent pour la première fois des représentants de toutes les religions, dans le but de prier ensemble pour la paix.]
Conclusion
Ut unum sint ! Afin qu’il soit un ! (Jn 17,21) ce titre d’une encyclique du pape Jean Paul II (1995) a été repris récemment par un évêque togolais qui en fait son devise (Mgr Barrigah). C’est dire que l’unité des Chrétiens unis de fait par le baptême qui en fait de droit des membres d’un unique peuple, est un défi pour l’Eglise. Un défi qui angoisse mais qui se doit d’être relevé. Certes il est si difficile d’imaginer un jour où tous les chrétiens tairont leurs divergences et formeront une seule communauté. Cependant le combat pour l’unité n’est pas perdu d’avance, car à défaut d’unité de culte et de gouvernement, un réel amour entre tous les chrétiens et une reconnaissance respectueuse de l’autre suffiraient.
Romain Séménou, diacre