Que ma situation change ! Que je réussisse enfin !
Que ma situation change ! Que je réussisse enfin !
Dimanche des rameaux, année B : Mc 11, 1-10 ; Is 50, 4-7 ; Ps 21 ;
Ph 2, 6-11 ; Mc 14, 1 – 15, 47
Le Dimanche des rameaux est-ce un jour de joie ou un jour de tristesse ? Une telle question est légitime puisque d’une part la première péricope évangélique (Mc 11, 1-10) nous montre une foule en liesse acclamant Jésus comme son roi, son messie, et d’autre part, dans la seconde lecture de l’Evangile (Mc 14, 1 – 15, 47) lamême foule réclame la mort de Jésus dénoncé comme blasphémateur et troubleur de l’ordre public.
Le dimanche de rameaux est un jour de bilan au début de la Semaine Sainte. Après les jours de carême, nous devons nous situer par rapport au Christ ; il est temps que nous fassions un choix pour la vie : choisir le Christ ou choisir le monde et son prince.
La foule qui suivait Jésus lorsqu’il entrait dans Jérusalem, se disait : « enfin voilà le puissant roi qui vient nous délivrer de tous nos maux, nous libérer des envahisseurs, de la domination des puissant de ce monde ; voilà le messie qui vient instaurer la paix et la justice ». Et c’est au nom de tous ces espoirs que la foule a suivi Jésus ; c’est en vue de l’accomplissement de tels événements, que la foule a accepté sacrifier pagnes, habits (étendus par terre) et temps pour l’acclamer.
Chers frères et sœurs, tout commecette foule, nous aussi nous ployons sous le poids de diverses misères : l’exploitation par les puissances politiques et économiques, manque de liberté, la faim, les maladies, le deuil, les problèmes de mariage, la stérilité, le chômage, l’incompréhension, la solitude,… Chacun a son fardeau et nous tous nous avons un vœu identique : Que ça cesse ! Que ma situation change ! Que je réussisseenfin ! Mais rien ne nous semble s’arranger comme nous l’aurions souhaité.
C’est alors que déçu et fatigué de prier, nous faisons un procès à Dieu : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Tout comme nous, la foule intente un procès à Jésus. En effet la foule est vite désillusionnée, elle necomprend rien et se pose des questions : n’est-ce pas un roi que nous avons acclamé ? Jésus n’est-il pas le messie ?
La foule a omis de remarquer que Jésus, au lieu de choisir un beau et fort cheval pour monture, a choisi un petit âne. La foule n’a pas remarqué que Jésus, au lieu de s’entourer de redoutables soldats armés jusqu’aux dents, a choisi une bande d’hommes ordinaires sans armes – les apôtres.
La foule n’a donc pas remarqué que la royauté de Jésus est une royauté d’humilité (cf. 2ème lecture) et non de puissance humaine. La foule n’a pas compris que le salut que Jésus apporte est d’un ordre supérieur ou salut matériel immédiat et périssable. La foule n’a pas compris, c’est pourquoi elle a regretté d’avoir suivi Jésus et d’avoir chanté pour lui : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient… ». Elle n’hésitera donc pas à réclamer aux côtés des pharisiens et alliés, la mort de Jésus : « crucifie-le ».
Et nous aujourd’hui, irions-nous jusqu’à réclamer la mort de notre Dieu ? Je crois que nul d’entre nous n’oserait faire cela. Mais nous tous, nous agissons ainsi au quotidien. Chaque fois que nous nous justifions et pensons que Dieu ne fait pas assez pour nous ; chaque fois qu’il nous arrive d’abandonner la prière, la vie de foi parce qu’un malheur nous frappe ; chaque fois que nous voulons communiquer aux autres notre tristesse ; chaque fois que nous refusons de voir les autres heureux et en paix quand nous nous souffrons ; chaque fois que nous préférons le mensonge à la vérité. Changeons notre manière de penser, ayons un regard positif sur la vie, afin que nos actes et pensées cessent de crier : « crucifie-le ».
Prions Jésus de nous donner de comprendre comment la faiblesse de Dieu est-elle plus forte que la puissance humaine, et comment la folie de Dieu est-elle plus sage que la sagesse des hommes.
Amen
Romain Séménou,
Lomé, le 31-03-2012
