Eglise catholique au Togo : blog d'un prêtre de Lomé !

l’Eglise de Kara pleure un vaillant prêtre, le Père ADJOLA

L’Eglise - Famille de Dieu qui est à Kara, a été frappée par un deuil, il ya à peine deux semaines : l’humble serviteur de Dieu, le très Révérend Père ADJOLA Kaka Nsonou Raphaël  né vers 1924 à Yadè a rendu l’âme. 

  

Humble et véritablement simple et discret, ce témoin vivant de la foi de notre temps ; a été arraché à notre affection dans la nuit du 18 Mars 2011, dans sa 87è Année de vie.

 

Le père ADJOLA, dit communément «cozo » c.-à-d. ancêtre, fait partie des premiers prêtres du Togo, de même que les premières élites noires formées en Europe. C’est ainsi qu’il a été ordonné prêtre le 15Juillet 1956 à Rome en Italie où il aterminé avec brio sa formation sacerdotale. Rentréau pays, il a exercé son ministère dans l’ex-diocèse de SOKODE qui couvrait à l’époque KARA jusqu’en 1994. Détaché de Sokodé, à partir de cette année, le Père ADJOLA a préféré continuer sa mission à Lama-Kara où il a été longtemps curé de la Cathédrale. Comme curé de la Cathédrale, il sillonnait tout le Pays Kabyè de la région pour faire connaître l’Evangile du Christ.En parcourant tout Lama-Kara (actuelle préfecture de la Kozah), toute la préfecture de la Binah et une partie de la préfecture de Doufelgou (Siou en particulier), le père ADJOLA a donné entièrement sa vie à la cause de la Bonne Nouvelle. C’était une vie donnée, toute donnée pour la cause de l’Evangile. Sans congés ni repos, l’infatigable travailleur dans la vigne du Seigneur a collaboré avec beaucoup de missionnaires pour construire l’Eglise de Kara qui compte aujourd’hui plus de 33 paroisses. Avec leur soutien et en collaboration étroite avec ses jeunes frères prêtres Kabyè, le père ADJOLA a traduit toute la Bible, les missels, les livres liturgiques et certains livres de prières, en Kabyè. Par cet excellent et noble travail, le père a semé la Parole de Dieu dans le cœur du peuple Kabyè partout où il se trouve. Grâce à sa direction, aujourd’hui le Kabyè peut lire et écrire la Parole de Dieu dans sa propre langue. Cela a dû lui coûter non seulement le temps, mais aussi l’effort et l’intelligence des Saintes Ecritures. En dehors de sa pastorale kérygmatique, il a participé largement à l’inculturation des rites initiatiques des jeunes filles kabyè malgré les incompréhensions, non seulement des différentes autorités traditionnelles et politiques, mais aussi de son peuple à l’époque. Il a bravé toutes ces contrariétés avec le Christ et pour le Christ. Fatigué déjà par l’activité pastorale de ce temps où le plus grand moyen de déplacement était la motocyclette, il a œuvré jusqu’à sa dernière maladie dans la révision de la Bible pour une deuxième édition vue et corrigée. Ce qui malheureusement, il n’a pas achevé avant son départ pour la maison du Père.

 

Homme de foi indéfectible, pauvre, chaste et obéissant, l’histoire retiendra qu’il était un prêtre selon le cœur de Dieu. Oui, il était véritablement prêtre, dit-on avant et après son décès. Comme homme, il a aimé les autres hommes quelque soient leur ethnie et leur race, même s’il aimait sa langue plus que tout. D’ailleurs, il maîtrisait bien le latin, langue dans laquelle il a étudié et priait ses offices. Aux français, il insistait de ne pas oublier leur langue, vu leur goût pour la langue de mission. La langue pour lui, était un instrument très efficace pour communiquer le message du Christ et partout.

 

Homme de Dieu, il était admirable par ses vertus humaines, sa piété, sa force et sa rigueur dans le travail soigné et dans son alimentation.  Aux yeux des autres hommes, même les non chrétiens, « FADA » ADJOLA est un bon père qui écoute et qui partage. La preuve qu’il n’avait rien pour lui. Tout pour Dieu et pour les pauvres de Yahvé. Quand on allait chez lui mécontent, même dans sa vieillesse ;on repartait pleins de joie et de nouvelles convictions. Pourquoi ?  Tout simplement parce qu’on gagnait chez lui toujours des nouveautés, lui qu’on croyait âgé. On peut retenir encore de lui, sa persévérance et son amour de l’effort consenti et voulu. Même dans ses dernières années, il repoussait les mains secourables qui tentaient de l’aider à être plus proche de l’autel eucharistique dans les concélébrations. De même, si on veut l’aider à monter ou à descendre les escaliers : il répliquait avec sourire « mon fils ou ma fille, ne te gêne pas, je ne suis pas si vieux ; j’ai encore de la force ». Il voulait marcher et faire tout, tout seul ; même si cela pouvait le prendre du temps. Quelle endurance ?

 

On note de lui encore, sur le plan humain, la simplicité et la discrétion. Ou mieux, nous dirions que son étoile de sainteté se trouvait là. Vraiment simple et parfois oublié parmi ses paires, celui-ci se distinguait seulement par la recherche de la vérité et de la paix partout et en tout. Sa simplicité transparait dans sa vie de pauvreté. Détaché de tout, ce prêtre aussi pieux, a fêté cinquante ans (50ans) de sacerdoce le 15 juillet 2006 à la cathédrale de Kara. Discrètement vécu, de 2006 à 2011, « cozo » surnom de vieillesse, le père ADJOLA n’avait pas changé tellement sinon par la forme et non par le caractère. Il était toujours simple et serein dans sa foi, quand l’on le visitait.

 

Désormais, le père ADJOLA n’est plus ; mais ses œuvres parleront de lui. Son corps se repose sur la cour de la Cathédrale où il a longtemps servi comme curé.

 

Florent KATAKATA



04/04/2011
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