Malades et agents de santé, deux saints patrons pour vous !
Malades et agents de santé, deux saints patrons pour vous !
Les malades, les agents de santé et les hôpitaux sont placés sous le patronat des Saints Jean de Dieu et Camille.
Saint Jean de Dieu
Juan Ciudad (c’est le véritable nom de St Jean de Dieu) est né à Montemor-o-Novo (Portugal) en 1495. A l’âge de 8 ans, il quitte la maison natale et sera adopté par la famille de Francisco Cid, dénommé « el Mayoral ».Il passe la majeure partie de sa vie à Oropesa. La famille du Mayoral est une famille qui fait de l’élevage, et jusqu’à l’âge de 20 ans il se consacre au métier de berger ce qui lui fait murir le vrai sens de la vie.
A deux reprises, il quitte Oropesa pour participer comme soldat à la guerre : la première fois à Fuenterrabia d’où il revient à Oropesa prostré tant physiquement que moralement. La deuxième fois, il se rend à Vienne, en Autriche, pour combattre contre les Turcs.
Au retour de Vienne, il se rend en Espagne et revient dans son pays natal. Ne retrouvant plus les gens qu’il connaissait, il se rend en divers endroits toujours à la recherche de ce que le Seigneur voulait de lui. Enfin il s’installe à Grenade comme vendeur de livres en particulier des textes religieux et sur la chevalerie.
Les aléas de la vie ne l'avaient jusqu'alors pas épargné. Enfance déracinée, engagements armés dans les conflits sanglants qui dévastent l'Europe des décennies 1500 – 1530, instabilités d'une vie jamais satisfaisante, Juan Ciudad est un homme bousculé, chahuté, assoiffé de vérité jusqu'à la démesure, enthousiaste et bon, avide de donner un sens à sa vie, d'y chercher Dieu. Cet homme nous ressemble aujourd'hui étrangement, avec le même appétit de vivre aux dimensions du monde, les mêmes évidences à vouloir effacer des trop-pleins de souffrance.
Les biographies racontent qu’en 1537, après avoir entendu un sermon de saint Jean d’Avila à l’Ermitage des Martyrs, il perçoit un grand changement en lui. Sa foi traverse une grande crise. Il se met à parcourir les rues de la ville en criant et en se roulant par terre, détruit sa librairie et continue à se comporter de cette manière pendant plusieurs jours si bien qu’on le prend pour un fou et qu’on l’enferme à l’Hôpital Royal de Grenade d’où il sort quelques mois après tranquille, en paix avec lui-même et prêt à suivre le Seigneur en consacrant sa vie à son prochain. Il choisi Saint Jean d’Avila comme guide spirituel. C’est au plus intime de la détresse qu'est sa maladie, que Dieu l'éclaire. Quel incroyable chemin pour nous, pèlerins aussi de nos souffrances, de nos interrogations…
Il commence de rien. Il travaille, il demande l’aumône, il recueille les pauvres dans les rues, et après une période où il est tout seul, d’autres personnes le rejoignent, des bénévoles et des bienfaiteurs.
Dans les dix années qui suivent, et jusqu'à sa mort, il va tout donner. Sans moyen extraordinaire, il ose un geste vers la personne qui souffre juste à côté de lui, puis vers une autre, vers des malades, vers des oubliés de la vie qui n'ont plus rien que leurs douleurs. Jean les écoute, les réchauffe, les lave, les nourrit, les héberge, les soigne, les guérit, les aide, leur parle. Des gestes ordinaires, simples, des gestes de tous les jours. ‘Jean' deviendra ‘Jean de Dieu', plus tard ‘saint' et il sera même reconnu ‘saint patron des malades et des infirmiers', lui qui sut simplement écouter son cœur pour mieux aimer. L’Archevêque de Grenade change son nom en "Jean de Dieu". Il se voue énormément au sort des prostituées pour que celles-ci se repentent et changent de style de vie en les aidant à se réinsérer dans la société.
Il meurt en 1550 en odeur de sainteté.
C'est de cet homme, de ces petits riens de ces jours-là, que va naître un Ordre religieux Hospitalier qui, 4 siècles et demi plus tard, avec 1400 Frères, vit, soigne, accueille, prie, dans une cinquantaine de pays sur les 5 continents, essayant de répondre aux nouvelles urgences de notre monde auprès des personnes qui souffrent. Avec les mêmes gestes qui trouvent, partout, une vérité et une énergie qui nous motivent si mystérieusement.
Aussi, dans nos quotidiens, pourrons-nous transformer nos vies. Dans notre dialogue personnel et unique avec Dieu, au milieu de nos épreuves et de nos difficultés, chacun à notre manière, tendons alors la main vers celui qui souffre, en silence, à côté de nous… Saint Jean de Dieu, montre-nous un peu le chemin…
Saint Camille
Les religieux camilliens sont une œuvre d’un bonhomme enthousiaste qui donna toute sa vie au service des malades dans lesquels il voyait le Christ Lui-même, et qui sut attirer d’autres à ce service combien charitable.
Camille de Lellis naît à Bucchianico en Italie le 25 mai 1550. Sa mère Camilla s’applique à l’élever en lui donnant une éducation religieuse mais l’absence répétée de son père fait de lui un enfant dissipé, se passionnant plus pour le jeu que pour les études. Camille a treize ans quand elle meurt. Peu après, il perd aussi son père. Une plaie à la jambe droite l’oblige à prendre du repos. Un jour qu’il se lamentait sur son sort, le Seigneur fit qu’il croise deux Frères Capucins. Il en fut édifié et se promit de changer de vie et de devenir religieux comme eux. Or, sa plaie l’obligea à se rendre à l’hôpital Saint-Jacques-des-Incurables de Rome pour se faire soigner. Pour payer ses soins, il est employé comme infirmier. Mais sa passion du jeu occasionnera son renvoi de l’hôpital.
Camille est soldat pendant cinq ans, de 19 à 24 ans. Il vit là diverses situations périlleuses. Alors qu’il mendie aux portes d’une église, des Frères Capucins l’embauchent comme manœuvre dans leur couvent. Mais il pensait repartir quand un jour, chargé de faire une livraison au couvent de Castello di San Giovanni à Manfredonia, il fut pris à part la veille de son départ, par le frère Angelo, pour un entretien spirituel. Le lendemain, Camille se recommande aux prières de ce capucin, et le quitte comme prévu.
Chemin faisant et repensant à tout ce que lui a dit avec tant de douceur le Frère Angelo, une illumination du Ciel, le terrasse en ce 2 février 1575. Camille comprend combien Dieu lui fait miséricorde. Il ne peut que tomber à genou et pleurer amèrement toutes les fautes de son passé. Désormais, Camille va rejeter sa jeunesse turbulente. Il veut se faire capucin pour mener une vie de pénitence toute consacrée au Seigneur.
Cependant sa plaie s’ouvre à nouveau. Il ne peut rester chez les Capucins. Il retourne à l’hôpital Saint-Jacques-des-Incurables pour s’y faire soigner. Camille devient maître de maison, il exerce cette charge avec tant de zèle qu’il étonne et édifie son entourage. Sa plaie guérie, il retourne chez les Capucins mais le 19 décembre 1581, il doit repartir se soigner. En effet, sa robe de bure frottant sur sa plaie, il ne peut rester capucin. Dès lors, Camille prend conscience que le Seigneur l’appelle autrement : auprès des malades.
En 1582, vers la fête de l‘Assomption de Marie, Camille songe à fonder une simple congrégation de laïcs pour soigner gratuitement les malades par amour de Dieu, ce qu’il fit avec l’encouragement de son confesseur et de ses amis qui n’hésitent pas à s’engager dans l’aventure. Or, ce projet suscitera la jalousie manifeste du restant du personnel de l’hôpital. Camille est découragé. Réconforté par le Christ, il va reprendre ses études pour devenir prêtre en 1584.
Le 18 mars 1586, le pape Sixte-Quint approuve la congrégation des Serviteurs des Malades. Le 26 juin de la même année, il autorise Camille et ses compagnons à porter sur leur habit (une soutane noire) une croix de tissu rouge, symbole que Camille a choisi pour être témoin de l’amour miséricordieux du Christ pour tout homme et pour le monde. Le 21 septembre 1591, le pape Grégoire XIV érige la congrégation en Ordre et autorise Camille et vingt-cinq de ses compagnons à faire profession solennelle. L’Ordre, ainsi fondé, répond aux besoins de l’époque. Il se répand dans toute l’Italie.
Le 14 juillet 1614, à 64 ans, Camille entre dans la gloire de Dieu, laissant un Ordre en plein essor, qui se développera dans le monde entier. Il est béatifié, le 8 avril 1742, canonisé le 29 juin 1746. Il est reconnu saint patron des malades et des hôpitaux, le 22 juin 1886, et saint patron du personnel soignant, le 28 août 1929.
En quoi la vie de saint Camille peut-elle être un exemple pour nous ? Ses vingt-cinq premières années sont bien ordinaires et rien ne laisse présager qu’un jour, il deviendra un saint. Notons que Camille est, comme chacun de nous, un homme blessé par la vie : l’absence de son père dans sa toute petite enfance, la mort de sa mère à l’adolescence et celle de son père quelques années plus tard, lui donnent un sentiment d’abandon. Cependant, la Providence lui a fait rencontrer des personnes qui l’ont profondément touché et aidé dans son cheminement : des frères capucins, le frère Angelo, son confesseur… Mais nous devons surtout retenir que Camille a fait l’expérience unique de l’Amour miséricordieux de Dieu le Père ce qui a déterminé toute sa vie après le 2 février 1575. En effet, à travers cette expérience Camille fut guéri de tout son lourd passé. C’est ce que nous appelons aujourd’hui la guérison intérieure. Saisi par cette tendresse de Dieu, Camille est devenu un apôtre de la charité ne sachant plus que faire pour soigner tous les malades et les pauvres de la société de son époque. Aujourd’hui encore, et peut être avec plus d’ardeur, nous devons nous laisser pétrir par son exemple. Saint Camille a su innover en son temps. A nous de savoir, comme lui, reconnaître dans chaque malade la personne du Christ, et voir dans la personne malade, une personne à aimer, à soigner, à écouter, à comprendre, à traiter avec cœur dans sa dimension corporelle et spirituelle.
Romain SEMENOU &
Jean Claude MENSAH AKPATA