Eglise catholique au Togo : blog d'un prêtre de Lomé !

Togolais, honorons la mémoire de Jean Paul II !

Jean Paul II au Togo : 25 ans déjà !

 

Le Togo a eu la grâce d’accueillir il y a 25 ans le Pape Jean Paul II lors de son 27ème voyage hors d’Italie. Ainsi du jeudi 08 au samedi 10 août 1985, le Saint Père de vénérée mémoire a séjourné sur la terre de nos aïeux.

 

Des chiffres pour le bilan ! 25 ans déjà !

 

Un bilan de ce quart de siècle, sur le plan ecclésial, montre que la visite du Saint Père fut une source de grâce et de bénédiction pour notre pays. Une comparaison des statistiques d’alors avec ceux d’aujourd’hui plus rayonnantes, en dit long. En 1985, le Togo était « un des pays le moins christianisé, avec 20% de catholiques sur une population de 3 millions d’habitants, les concurrents protestant et musulman n’en font pas mieux : respectivement 7% et 9% de fidèles ; parmi les protestant, le général-président Etienne Eyadema. En revanche l’animisme bat le record : 64% de Togolais s’en réclament. L’Eglise catholique comprend quatre diocèse (Lomé, Atakpamé, Sokodé et Dapango), dont trois confiés à des évêques nationaux ; elle compte 203 prêtres, dont 94 Africains, 266 religieuses (81 Africaines), 83 grands séminaristes » . La population du Togo a été estimée à 5,5 millions d’habitants en 2007, avec 26% de catholiques, 9% de protestants et 20% de musulmans . Aujourd’hui l’archidiocèse de Lomé, à lui seul, compte 132 prêtres diocésains, un nombre plus grand que les 94 prêtres Africains en service dans tout le Togo en 1985. De quatre, le total des diocèses est passé à sept. A ce jour, les séminaristes des sept diocèses du Togo atteignent un effectif de 472, cinq fois plus que les 83 des années 1985 qui n’étaient pas majoritairement formés sur le territoire togolais.

 

Ordination : en Jésus pas de cloisonnement ethnique !

 

L’un des événements capitaux qui ont marqué son passage fut la messe d’ordination presbytérale de onze prêtres togolais à Kara le 09 août. Au nombre de ces prêtres nous comptons Mgr Isaac-Jogues GAGLO, évêque d’Aného et le père Timothée KPENU, vice-recteur du Grand Séminaire Jean-Paul II. Les prêtres jubilaires ont célébrés, dans les diocèses, des messes anniversaires et ce grand jubilé d’argent connaîtra son apothéose le 4 novembre 2010 au Grand Séminaire Jean-Paul II avec une ordination diaconale. La messe d’ordination sera présidée par l’évêque jubilaire entouré des autres prêtres jubilaires. Les premières phrases de l’homélie du Pape Jean Paul II, lors de la messe d’ordination à Kara, étaient : « Chers Frères et Sœurs, nous devons aujourd’hui remercier le Maître de la moisson, puisqu’il m’est donné d’ordonner onze nouveaux prêtres, onze nouveaux ouvriers apostoliques qui vont être envoyés pour la moisson du Seigneur. Ce sont tous des fils de l’Eglise au Togo, nés dans ce pays, au sud, au centre ou au nord : ils proviennent des diocèses de Lomé, d’Atakpamé, de Sokodé, et de diverses ethnies. Ils vont recevoir le même sacerdoce du Christ Jésus. Ils se sont préparés ensemble, au grand-séminaire de Saint-Gall à Ouidah, avec leurs frères du Bénin. Ils apportent au service du Christ les fruits de cette préparation, avec leurs talents personnels et les qualités de leur terroir natal, de leurs familles humaines. »

 

En 1985 déjà, le Souverain Pontife a jugé de bon ton de nous rappeler que nés au sud, au centre ou au nord, nous étions tous frères et fils du Togo. En Jésus Christ, la diversité ethnique n’est point source de conflit mais richesse pour la vie commune : nés au sud, au centre et au nord, onze diacres togolais ont reçu un même sacerdoce ; de diverses ethnies, onze jeunes togolais se sont formé ensemble ! Tirons en des leçons pour vivre sagement ces jours où la volonté de réconciliation est fortement exprimée !

 

Inculturation oui ; Syncrétisme non !

 

Sur la terre togolaise, le Pape Jean Paul II n’a pas omis d’exprimer sa vision du lien possible entre la foi et la culture, nous reprenons ici quelques passages de son homélie lors de la messe du Jeudi, 8 août 1985 sur la place du 2 février « A travers et au-delà de ces actes méritoires, le Seigneur veut opérer progressivement une profonde transformation des mentalités, au point qu’on puisse dire : voilà une famille chrétienne, voilà une communauté chrétienne, voilà une société chrétienne. (…)

 

Chaque coutume est à examiner prudemment, avec discernement, sans arracher prématurément le bon grain avec l’ivraie. Et pourtant, la nouveauté et la liberté de l’Evangile doivent faire leur œuvre en ce domaine. On peut s’attendre, on doit s’attendre à ce que la conscience des baptisés interroge ces coutumes, pour retenir ce qui est sain, juste, vrai, bénéfique, compatible avec la foi dans le Dieu unique, avec la charité de l’Evangile, avec l’idéal chrétien du mariage, et pour rompre, par contre, avec ce qui s’oppose à la révélation de Dieu et à la charité qu’il a diffusée dans nos cœurs, ou qui serait entaché de pratiques syncrétistes. Cela se fait - est-il besoin de le dire - dans le respect des personnes qui, en conscience, pensent devoir demeurer dans leurs habitudes traditionnelles. La charité chrétienne l’exige. Mais la vérité et la liberté chrétiennes peuvent inviter à prendre ses distances vis-à-vis de telles habitudes ; cela demande du courage personnel, et de la cohésion dans la communauté chrétienne autour des prêtres. Il s’agit d’être authentiquement Africain et authentiquement chrétien, sans séparer l’un de l’autre, et sans craindre de témoigner en public de ses convictions. (…) D’une façon plus large, on pourrait en dire autant des divers aspects de la culture. Il y a un effort d’inculturation à poursuivre. Chaque pays africain, après avoir reçu la foi de pionniers méritants venus d’ailleurs, doit vivre l’Evangile avec sa sensibilité et ses qualités propres ; il doit le traduire, non seulement dans sa langue, mais dans ses mœurs, en tenant compte des valeurs humaines de son patrimoine. Cela ne pourra se faire que par vous, évêques, prêtres, religieuses, laïcs togolais, à la mesure de votre propre maturation, avec un grand souci de fidélité à l’essentiel de la foi et de la discipline ecclésiastique de l’Eglise universelle. Cette œuvre magnifique, nécessaire, requiert à la fois l’audace et la prudence, l’intelligence et la fidélité, disons la sainteté d’apôtres tels que Cyrille et Méthode. »

 

Honorons la mémoire de Jean Paul II

 

En guise de conclusion, méditons ces phrases belles et bien habillées du Pape Jean Paul II. « Pour cette Eglise, j’ai déjà exprimé bien des vœux : je continuerai à les recommander à Dieu dans la prière. Je souhaite par-dessus tout que vous regardiez en avant. Ayant reçu la foi chrétienne, approfondissez-la, tirez-en toutes les conséquences, construisez avec elle une civilisation chrétienne originale, qui puise ce qu’il y a de meilleur dans vos traditions, et qui se réfère en même temps à l’expérience de l’Eglise universelle. Ce n’est pas l’Evangile qui doit changer, ce sont les cultures qui doivent s’efforcer de mieux assimiler les germes de vie et de salut apportés par Jésus-Christ. (…) Je suis sûr que vous pouvez préparer, avec la grâce de Dieu, un bel avenir pour votre Eglise, si vous cultivez avec persévérance la graine authentique de l’Evangile semée dans votre terre, et si vous veillez sur sa croissance. Ainsi, votre communauté catholique apportera elle-même sa richesse dans le concert de l’Eglise universelle, et, dans ce pays, en harmonieuses relations avec tous les citoyens, elle contribuera au progrès de la nation. »

 

Abbé Romain Mensan SEMENOU



15/04/2011
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