Voir Dieu, c’est mourir à coup sûr…
Voir Dieu, c’est mourir à coup sûr…
Homélie du 4ème dimanche du tps ordinaire B
1èrelect : Dt 18, 15-20 ; Ps 94 ; 2èmelect : 1Cor 7, 32-35 ; Evg : Mc 1, 21-28
Avec la chute du jardin d’Eden, le péché originel, il est pénible à l’homme de supporter la vision de Dieu (Gn 3, 86-10). Et cette peur de voir Dieu, de se confronter à la face de Dieu est présente dans tout le corpus du Pentateuque. Voir Dieu, c’est mourir à coup sûr. C’est dans cette même perspective que le peuple d’Israël en marche vers la terre promise a demandé à Dieu un prophète qui jouera l’office d’intermédiaire entre eux et le Seigneur Dieu(cf.1ère lecture). Dans l’Evangile, l’esprit mauvais qui habitait l’homme tourmenté de la synagogue n’a pas pu supporter la vue du Christ, la seule présence de Jésus l’effraie, il sait que sa fin a sonné : « Es-tu venu pour nous perdre ? »
En politique, à l’approche des élections, on parle des fois d’alliance contre nature quand des partis qui ont des projets et visions de société foncièrement différents s’allient. En religion, dans le régime de la foi, cela n’est pas possible et c’est d’ailleurs heureux. En effet le règne des ténèbres cesse aussitôt que la lumière paraît. Un adage éwé dit que Sieur sel ne s’amuse pas avec Dame eau car à la fin du jeu, dame eau ne saura le laisser partir sain et sauf puisqu’il se sera dissout. Alors quand Dame eau s’approche trop de Sieur sel, il l’accueillera avec cette interrogation : « Es-tu venu pour nous perdre ? »
Et nous quel mot d’accueil lançons-nous au Christ quand il se tient au seuil de notre vie, de notre cœur ? « Es-tu venu pour nous perdre ? »
Dieu ne veut pas que l’homme meurt, c’est pourquoi il reconnaît devant Moïse que le peuple a raison de demander un prophète. Et Dieu donnera à son peuple toute une génération de prophètes. Cependant en dernier recours, il a envoyé son Fils Jésus, qui plus qu’un prophète envoyéest le Messie. Désormais l’homme ne mourra plus pour avoir vu Dieu car Dieu s’est fait homme et a vécu parmi les hommes.
Le Christ nous connaît, il sait de quoi est faite notre vie. Le Christ connaît chacun des fardeaux qui pèsent sur notre vie, il connaît tous nos soucis, nos peines, nos inquiétudes et nos joies. Et le Christ nous aime comme nous sommes, tel que nous vivons. Quand le Christ vient frapper à notre porte, il sait déjà ce qu’il y a de bons et de mauvais à l’intérieur. Quand le Christ frappe à la porte de notre cœur, il sait déjà de quel amour nous respirons, il sait déjà à qui nous avons donné notre cœur : à un être humain, à un projet, à Dieu. N’ayons donc pas peur de lui ouvrir, de l’accueillir. Le Christ ne vient pas pour nous perdre. Il vient nous délivrer de tout ce qui nous empêche d’appeler Dieu, Père ; il vient nous arracher à l’emprise des esprits mauvais ; le Christ vient nous guérir de nos maladies, nous libérer de nos liens de péchés. Arrêtons de jouer aux hypocrites, reconnaissons notre état réel et nous découvrirons que nous avons besoin du secours du Christ. Que pouvons-nous cacher à Dieu ? Rien. Alors arrêtons de paraître, de sauver la face et entamons une véritable thérapie de conversion.
Le Christ est là et il brûle de désir de sauver tous les hommes et pour cette mission, il voudrait lever une armée de combattants, de missionnaires qui n’auront d’autres soucis que le souci des affaires du Seigneur. C’est l’écho de cet appel spécifique que saint Paul fait retentir à nos oreilles en ce jour (2ème lecture). A chacun sa vocation et aucune n’est meilleure. A certains Dieu adresse un appel qui implique un détachement radical : quitter parents, femmes, terre et tout pour se mettre au service de la Bonne Nouvelle. Prions en ce jour pour toutes les personnes qui consacrent leur vie aux affaires du Seigneur afin qu’ils soient fidèles à leur engagement et qu’ils trouvent leur consolation dans le Christ lui-même. Amen !
Romain Séménou, diacre
28 janvier 2012
