Eglise catholique au Togo : blog d'un prêtre de Lomé !

Guérir l'infidélité de son mari

Mon mari est infidèle, ma femme me trompe, que dois-je faire???

 

Une liste pour introduire


Vieilles filles, vieux garçons, célibataires endurcis, sans attache, feuilles libres, blessées de guerre, maris cocus, femmes trompées …, une liste lugubre d’appellations ou titres assez singuliers qui indique que la vie de couple n’est pas donnée.


En effet, bien que le mariage, élevé au rang de sacrement par le Christ, soit source de grâces, de bénédictions et de bonheur, certains époux chrétiens ne parviennent pas pleinement à jouir des bienfaits du lien matrimonial. Ceci est dû, entre autres causes, à un handicap matrimonial : l’infidélité. Que faire alors ?


Sans aucune prétention, nous proposerons un cheminement en dix petits points aux conjoints confrontés au drame de l’infidélité, quand il est avéré.

 

Dix pas pour ramener votre mari à la fidélité

 

1.      Garder son calme, pas de tapage

Souvent, le conjoint trompé ne se rend compte de l’infidélité de son partenaire que par personne interposée (rumeurs, insultes, allusions, …) ou progressivement par accumulation de soupçons, d’incidents, de circonstances. Cette situation, en elle-même, fragilise le conjoint fidèle qui se sent humilié (car tout le monde est au courant hormis lui) et abusé (dans sa confiance et sa fidélité à l’autre). Et la tentation est grande de faire du tapage pour crier son amertume ou de se venger en le trompant aussi. Ces deux options, loin d’être des solutions, ne font qu’amplifier le mal et annihiler tout espoir (cf. Ps 37, 7-9) : le mal ne se combat que par le bien. Le lien matrimonial est sacré et ses fins si nobles qu’on doit le préserver à tout prix. Aussi, quand on s’aperçoit que son conjoint est infidèle, doit-on garder son calme et rechercher les voies et moyens de sauver son foyer.

 

2.      Rechercher les causes et les motivations

 

Une fois que vous savez que votre mari ou votre femme est infidèle, il vousfautprendre un bain pour avoir la tête fraîche et vous asseoir pour répondre à une question : pourquoi ? Rechercher  ce qui pousse ou porte votre conjoint à l’infidélité est très important. Certes, le résultat de ces réflexions ne sera pas exhaustif mais ce n’est pas inutile. Pour se faire, il faut initier une relecture de vos discussions, de ses prises de positions, les remarques et les expressions de désaccords formulés. Ensuite voir si des changements sont intervenus dans la vie professionnelle du conjoint ou dans le vôtre (promotion, plus d’horaires, affectation qui implique éloignement, soucis, nouveaux collaborateurs,…) dans votre vie familiale (déménagement, naissance, décès, maladie, hôte, relation avec la famille du conjoint …). Il est de bon ton également de passer en revue les loisirs, les passes temps, les fréquentations du conjoint (amis, collègues : dit moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es !).

 

3.      Faire un auto-examen

 

Après avoir essayé de mettre en lumière les raisons de l’infidélité de votre partenaire, il est d’une impérieuse nécessité de chercher à savoir ce qui dépend de vous aussi. Découvrir et reconnaître que vous avez une part de responsabilité – si minime soit-elle – dans la conduite de votre conjoint est indispensable et salutaire. Cela permet de comprendre l’autre, de l’aimer tout en détestant le mal qu’il commet et de travailler à la restauration de la fidélité.

 

En effet il vous est plus facile de condamner votre mari ou votre femme, de lui jeter la pierre quand vous ne vous reprochez rien. Cet auto-examen ouvre la voie à une action : l’époux fidèle doit travailler à corriger ce qui dans ses actions, paroles, projets et omissions est au nombre des causes de l’infidélité du conjoint.

 

4.      Garder le silence

 

Après avoir recherché les causes externes de l’infidélité de votre conjoint et découvert votre part de responsabilité, l’heure n’est pas encore au dialogue avec lui. Donnez-vousle temps d’assumer cette situation, c’est-à-dire la digérer afin de vous aguerrir aux sacrifices et changements pesant qu’elle va générer.


Ce temps de travail sur soi pour dépasser la colère, les rancœurs, la haine et le désir de vengeance, le mépris, le désespoir est essentiellement un temps de silence (cf. Lm 3, 27-30). Silence autour de vous : vous n’avez pas à raconter à monsieur et madame tout le monde (amis, collègues, parents, …) que votre mari ou votre femme vous trompe. Cela permet de ne pas confirmer les rumeurs et donner le loisir aux colporteurs d’ajouter à la fin de leur récit : ce que je vous dis est vrai, c’est sa femme (son mari) même qui l’affirme ! De même, en gardant le silence vous évitez d’être ridiculisé par vos confidents qui ignorent la valeur du pardon et la sacralité du lien matrimonial indissoluble.


Enfin gardez le silence, car ceux qui vous écoutent ne sont pas toujours des interlocuteurs sages et prompts à donner de bons conseils. A ce stade, la douleur et la déception causées par l’infidélité du conjoint sont encore si vives que le silence est plus bénéfique que la relation de l’événement à autrui. Vous vous sentirez seul, très seul et même étouffé ; l’envie de vous confier à quelqu’un qui puisse aider, soutenir se fera très pressant : tournez-vous alors vers votre Dieu, qui sait demeurer fidèle en dépit de l’infidélité de l’homme.

 

5.      Se confier à Dieu


Garder le silence pour longtemps serait un fardeau trop pesant si nous n’étions pas dans un régime de foi. Le silence est au fait une ouverture qu’on laisse à Dieu, une invitation pressante qu’on lui adresse : viens Seigneur au secours de mon couple, viens Seigneur guérir le cœur de mon conjoint ! Quand on est confronté, en victime ou en fautif plein de remord, au drame de l’infidélité, le premier remède est de se confier à Dieu comme on se confierait au médecin(cf. Ex 14, 14). Se confier à Dieu revient essentiellement à soigner sa vie de prière et à entrer dans un cheminement de pardon. Le conjoint fidèle a l’obligation, au nom de l’essence même du mariage et des promesses ou consentements qui scellent leur lien (pour la vie) de prier pour l’autre. Il devra supplier jour et nuit le Christ Jésus, l’époux fidèle de l’Eglise, qui a élevé au rang de sacrement le mariage et le rendant ainsi source de bonheur pour les époux chrétiens.


Et comment prier pour votre conjoint, si vous ne lui pardonnez pas son infidélité ? Oser devancer le mal par le bien, est un acte de foi qui a force – je crois – de déplacer une montagne (cf. Lc 17, 6). Aussi accorder à votre conjoint le pardon pour son infidélité passée et à venir, est-il une attitude qui saura toucher le cœur du Seigneur autant que les paroles du centurion (cf. Mt 8, 5-13) ou de la femme cananéenne (cf. Mt. 15, 21-28)

 

6.      Agir

 

Agir, c’est prendre votre place dans la vie de son conjoint sans l’envahir ni devenir encombrant, car cela risque d’avoir un effet contraire.Ce point se rapporte aux initiatives à prendre, aux actions à mener avec et votre conjoint et les enfants – s’il y en a.La perspective est d’œuvrer à la reconstruction de l’harmonie familiale. Que faire concrètement ?


D’abord, redonnez sens et importance à tout ce qui rassemble et fortifie la famille ou peut : prier ensemble (les deux conjoints et les enfants) à des heures fixes (au réveil, le soir et au coucher) ; aller à la messe ensemble ; manger ensemble aux même heures et à la même table ; se divertir ensemble (télévision, sortie les week-ends, causer ensemble). Si ces diverses initiatives rompent avec vos habitudes, le conjoint infidèle voudrait s’y opposer ou cela pourrait lui sembler superflu et pesant. C’est pourquoi il faut indispensablement associer les enfants pour qu’il ne se croie pas directement visé par les réformes. Dans ces conditions, il ne pourrait valablement s’opposer à de si belles occasions de consolidation du tissu familial, à moins qu’il se soit résolument décidé à rompre les liens.

 

7.      Dialoguer

 

Le dialogue se fait à deux et pas plus si on s’en tient à l’étymologie du mot. Après avoir investi vos énergies à consolider les liens du couple, le dialogue est à instaurer avec le conjoint infidèle si en dépit de tout, il persiste. Parlez à son cœur (cf. Os 2, 16-17) : commencer par lui réaffirmer votre amour et votre ferme intention de rester avec lui toute la vie, puis faîtes-lui voir tout ce que vous (et les enfants) souffrez à cause de son infidélité, ensuite dîtes lui franchement ce que vous attendez de lui : qu’il respecte ses engagements, rassurer le de votre soutien et compréhension, enfin proposez lui de l’aider à briser ses attaches et à recouvrer la paix du cœur.


Si votre conjoint ne veut pas vous écouter ou refuse d’aborder le sujet, n’insistez pas outre mesure. Laissez le temps à Dieu de faire son œuvre en lui.

 

8.      Prendre sa croix

 

Au nombre des sept sacrements de l’Eglise, le mariage est l’unique où ceux qui reçoivent le sacrement sont en même temps ministres du sacrement. Ce jour-là, devant Dieu, devant l’Eglise et devant les hommes, vous vous êtes donné l’un à l’autre pour la vie ; vous vous êtes promis fidélité, amour et entraide ; vous avez accepté l’indissolubilité et l’unité qu’implique le mariage. Alors face à l’infidélité du conjoint, souvenez-vous de ce jour et faîtes face aux temps d’adversité en chrétien. Le Christ ne nous promet pas une vie facile sans joug ni fardeau mais il nous rassure, le joug sera facile à prendre et le fardeau léger si nous mettons nos pas dans ses pas. Accepter vivre avec son conjoint infidèle, lui pardonner et prier pour sa conversion, l’aimer en dépit du mal qu’il commet, c’est se saigner pour sauver son foyer, c’est rester fidèle à ses engagements même si en retour on se bute à l’infidélité, c’est prendre sa croix comme le Christ le commande (cf. Mt 10, 38). N’ayez pas peur, la grâce de Dieu suffit !

 

9.      En parler

 

La croix – la vraie, celle que le Christ a portée – est par définition lourde et il est heureux de rencontrer un Simon de Cyrène sur sa route ! C’est  dans cette économie qu’à un moment, il faut en parler. Mais pas à n’importe qui. Les parrains et marraines, les prêtres de votre paroisse sont, en principe, les personnes aptes à faire office de Simon de Cyrène qui aide le Christ à porter la croix ou de Marie Madeleine qui, bravant l’hostilité des bourreaux, va rafraîchir le visage du Christ. Le rôle du couple parrain est de vous accompagner et de vous aider aux heures difficiles. Alors parlez-en avec eux. Il est donc clair que le couple parrain est à choisir non par commodité, ni par intérêt, ni par affinité mais au nom de leur exemple de vie vertueuse. De même les pasteurs d’âmes que sont les prêtres sont formés pour vous soutenir, n’hésitez pas à les aborder.


Eviter de mêler, en première ligne, vos parents et amis à vos problèmes de ménage. Ce n’est pas toujours bienfaisant !

 

10.   Espérer

 

Quand vous aurez tout fait et que votre mari (votre femme) persiste dans l’infidélité, n’abdiquez pas, un dernier pas reste à poser : espérer. Celui qui espère en Dieu ne sera jamais et jamais déçu (cf. Lm 3, 24-26). En effet c’est l’espérance qui sauve (cf. Rm 8, 24) et permet d’avancer, d’être heureux malgré notre croix. Espérer que demain ne sera pas comme hier ni comme aujourd’hui ; espérer que votre conjoint reviendra à la maison même si c’est après des années. Celui qui espère ne compte pas le temps : pour le Seigneur un jour est comme mille ans  et mille ans  comme un jour (cf. Ps 90, 4 ; 2 P, 3, 8).


Espérez et un jour comme l’enfant prodigue, épuisé par les méandres du mal, désabusé dupseudo-bonheur mortifère des plaisirs du monde (cf. Pr 5, 3-6)et pleurant son infidélité, votre conjoint vous reviendra (cf. Os 2, 8-9). Espérez pour  avoir la force de guetter son retour et courir à sa rencontre sinon il n’osera pas entrer dans la maison ! (cf.Lc 15, 11-32)


Enfinméditons le psaume 126 (127)


Si le seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain ;
si le Seigneur ne garde la ville, c’est en vain que veillent les gardes… (Ps 126, 1-2)


La grâce de la fidélité, c’est Dieu qui l’accorde et Dieu seul peut garantir l’harmonie du couple. Donnez à Dieu la place qu’il faut dans votre projet de mariage, dans votre vie de famille et vous prospèrerez dans le bonheur et la paix. Le mariage ne se résume pas à un acte – échange de consentements –, c’est un cheminement qui passe par des plaines verdoyantes, des vallées fraîches mais aussi par des collines rocailleuses et des déserts arides. Pour tenir et réussir, il faut impérativement fonder son mariage sur le roc éternel, le Christ Jésus. Courage et confiance, Jésus a entendu tes cris et tes pleurs  et te demande : que veux-tu que je fasse pour toi ? Répond lui par ta vie de prière et de conversion : l’harmonie et la paix dans mon couple ! (cf. Mc10, 46-52)


Romain Séménou, diacre

Lomé, le 30 novembre 2011



30/11/2011
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