La Sainte Eucharistie comme instrument de conversion
La Sainte Eucharistie comme instrument de conversion
Introduction
Quel lien peut-on mettre entre Eucharistie et conversion ? D’abord il nous faut répondre à une question : des deux actes religieux, lequel est premier ? La conversion précède-t-elle la réception de l’Eucharistie dans la vie d’un chrétien ou est-ce plutôt l’inverse qui est vérifié ? Heureusement que cette question n’est pas aussi ardue que son analogue dans le cas de la parole et de la pensée : penses-t-on avant de parler ou parle-t-on avant de penser ? Il est évident que le sacrement de l’Eucharistie est réservé aux personnes déjà convertis et donc baptisés. Cependant l’Eucharistie implique également une vie de conversion. Aussi la conversion est-elle un cheminement qui encadre de part et d’autre l’Eucharistie : CONVERSION – EUCHARISTIE – CONVERSION. Notre présentation suivra donc ce schéma tout en montrant que même au sein de la célébration eucharistique, la conversion à une place.
Préliminaires : comprendre simplement les termes
- Eucharistie : messe, repas fraternel, assemblée de chrétiens réunis pour écouter la parole de Dieu et communier au corps du Christ …
- Conversion : changement de vie, faire le ménage dans sa vie, abandonner certaines manières de vivre et de faire pour opter pour une vie nouvelle …
- Instrument : moyen, voie, action par l’intermédiaire de laquelle un but quelconque est atteint …
- 1. Avant la célébration eucharistique : conversion par rapport à Dieu
(1er – 3ème commandement)
(1) prologue et interdiction d'adorer tout autre divinité que Dieu et d'adorer des idoles ;
(2) interdiction de blasphémer le nom de Dieu ;
(3) respect du jour du Seigneur
L’Eucharistie ne commence pas avec le chant d’entrée ou le signe de la croix. Elle commence depuis, bien avant l’entrée en église. L’Eucharistie débute normalement avec un temps de préparation. Et ce temps de préparation est une occasion d’examen de conscience et de réconciliation avec Dieu.
- Temps de décision
Avant la préparation, il y a le temps de la décision, décision d’aller célébrer. En effet, c’est Dieu qui convoque son peuple, c’est Dieu qui nous invite à l’Eucharistie. A cette invitation de Dieu, nous avons à répondre. En répondant favorablement à l’appel de Dieu, nous le reconnaissons comme notre Dieu, l’unique Dieu, le seul que nous devons adorer.
- Temps de réconciliation avec Dieu
Avant toute célébration eucharistique, il faut se donner un temps de préparation.
La préparation de l’Eucharistie couvre plusieurs dimensions à savoir matérielle (salle, sièges, accessoires, sonorisation…), liturgique (livres, textes, chants, ornements…), spirituelle (préparation pénitentielle, méditation…). Dans notre perspective, nous n’allons prendre en compte que la préparation spirituelle. Comme nous l’enseigne le Catéchisme de l’Eglise, nous devons être en état de grâce avant de recevoir l’Eucharistie. Aussi préparer l’Eucharistie revient-elle essentiellement à se réconcilier avec Dieu qui nous invite au sacrifice rédempteur de son Fils. Le premier pas dans l’acte de se réconcilier avec Dieu, est la reconnaissance de ses péchés, le second mouvement est tout naturellement la contrition et la confession sacramentelle de ses péchés. Et confesser ses péchés, c’est se mettre sur le chemin de conversion.
- 2. Pendant la célébration eucharistique :conversion par rapport à nos prochains
(4ème – 10ème commandement)
(4) honorer son père et sa mère ;
(5) interdiction de tuer ;
(6) interdiction de commettre l'adultère ;
(7) interdiction de voler ;
(8) interdiction de faire des faux témoignages ;
(9) interdiction de convoiter la femme de son voisin ;
(10) interdiction de convoiter les biens d’autrui.
L’Eucharistie se déroule en deux grands mouvements qui sont la table de la Parole et la table de la communion (ou partage eucharistique).
- Table de la Parole, comme appel à la conversion
Les parties saillantes de la table de la Parole sont le chant du gloria, les lectures, l’homélieet la profession de la foi.
Nous sommes tellement habitués au chant du gloria et au texte du credo, que nous les chantons et récitons sans réfléchir au sens des mots et sans prendre conscience des affirmations que nous clamons. Ce serait bénéfique que chacun de nous relisent ces deux textes à tête reposée pour en découvrir la portée.
Chaque célébration eucharistique a ses lectures propres et avec l’homélie, le prêtre ou le diacre nous en donne une interprétation, une actualisation. Aussi bien les lectures que l’homélie doivent nous interpeller et nous forcer à nous poser de vraies questions sur notre vie de chrétien. A la messe nous devons écouter les lectures et ne pas dormir pendant l’homélie afin de pouvoir faire le point entre la Parole de Dieu et notre vie. Nous devons après chaque homélie nous poser cette question : que dois-je faire pour que ma vie corresponde à la Parole que je viens d’entendre ? Que dois-je changer dans ma vie ? Ainsi il est clair que l’écoute attentive de la Parole de Dieu à la messe est un début de conversion.
- Partage eucharistique, comme appel à la conversion
Une fois la liturgie de la Parole terminée, la messe se poursuit avec la table eucharistique. Il s’agit essentiellement de l’offertoire, des prières consécratoires et de la communion.
Traditionnellement ce sont les fidèles réunis qui apportent eux-mêmes en procession le pain et le vin qui serviront à l’autel, c’est notre offertoire d’aujourd’hui. Comment pouvons-nous offrir ensemble des présents pour un même et unique sacrifice si nous ne nous aimons pas, si nous ne nous acceptons pas ? Par le fait que l’Eucharistie soit un rendez-vous à la fois avec Dieu qui appelle et avec mes frères et sœurs en Christ, elle m’interpelle sur ma relation avec mes prochains et ainsi célébrer l’Eucharistie doit me porter à réviser ma vie relationnelle : suis-je attentif à mes prochains, à ceux avec qui je vis ? Ne suis-je pas souvent indifférent et fermé en face des inconnus même si nous sommes assis dans le même banc à l’église ?
Avec la consécration, le pain et le vin deviennent le corps et le sang de Jésus Christ. Suit alors la communion où nous tous nous partageons l’unique corps du Christ. Comment puis-je m’avancer à la table sainte quand je méprise les membres de ma famille ? Comment puis-je me lever de mon banc pour aller communier quand je n’ai aucun égard/respect pour mes parents ? Comment puis-je me mettre dans le même rang pour aller à la rencontre de Jésus avec ma sœur, mon frère que je trompe, dont je suis prêt à sacrifier la renommée, la vie pour réussir mes projets ? Comment puis-je recevoir le Christ dans la main du prêtre que je diffame, que je traîne dans la boue par mes mensonges ? Comment puis-je supporter le regard de mon frère, de ma sœur que j’entraîne au péché de l’impureté (fornication, adultère, pornographie, …) une fois que je reçois le corps du Christ ?
Comment puis-je ouvrir ma bouche pour recevoir le corps du Christ, quand de ma bouche ne sortent qu’insultes, paroles impures et méchantes ? Comment puis-je communier au même corps du Christ avec mon frère, quand je n’ai d’autre projet que de conquérir sa femme ?
Se lever lors de la messe pour aller communier au corps du Christ est un acte grave qui nous impose le devoir de faire tout et tout pour sauvegarder les liens de fraternité qui doivent exister entre les fils d’un même Père.
- 3. Après la célébration eucharistique : le commandement de l’amour
Jn. 15, 17 « Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres »
L’Eucharistie est le sacrement d’amour où Dieu livre son Fils pour que nous les humains nous soyons sauvés. L’Eucharistie ne peut donc pas aboutir qu’à l’exercice de la charité.
- L’envoi en mission
A la fin de la messe, le diacre ou le prêtre dit : « Allez dans la paix du Christ ! ». Cette phrase est un envoi en mission et non un renvoi à la maison. La messe finie, tous les participants sont envoyés en mission pour témoigner de l’amour du Christ pour tous les hommes chrétiens ou non. Le premier témoignage, le plus agissant est l’exemple de vie. Nous devons nous convertir, changer notre façon de vivre afin que ceux de notre maison, quartier, lieu de service, puissent se demander qui a-t-il rencontré ? Et nous pourrons alors leur répondre : Jésus Christ. Le second témoignage est l’exercice de la charité : toujours faire preuve d’amour, de respect, de générosité, d’humilité envers toute personne que nous rencontrons et côtoyons quelle que soit sa situation sociale.
- La mise en pratique des résolutions
Enfin, si nous avons bien médité les lectures de la messe, nous devons en principe, en dégager des résolutions pour notre conversion quotidienne. Mettre en pratique ses résolutions est très importante pour notre vie de foi. Cependant si jusqu’à ce jour nous sommes toujours sortis des célébrations eucharistiques sans prendre des résolutions pratiques pour notre vie de conversion, il nous faut commencer maintenant. Il le faut si nous voulons grandir spirituellement !
Conclusion
Que dire pour conclure si ce n’est : convertissons-nous. Je préfère ne pas mettre de point final, alors arrêtons-nous sur une prière pour implorer l’Esprit Saint de poursuivre cette marche dans chacune de nos vie :
Seigneur Jésus, tu te donnes à moi chaque jour et partout dans le sacrement de l’Eucharistie.
Tu es là, toujours fidèle et tu m’attends pour que je vienne te recevoir. Dieu le Père, qui a accepté te sacrifier pour que je vive, m’invite chaque fois à venir te recevoir et j’aimerais tellement te recevoir pour guérir des maux qui m’accablent.
Cependant Seigneur, je ne suis qu’un pauvre pécheur et j’ai peur de venir à toi.
J’ai peur parce que avant de venir te recevoir je me découvre infidèle à ton amour.
J’ai peur car quand je suis avec toi à la messe, je me laisse distraire et ta parole ne porte pas son fruit dans ma vie.
J’ai peur car une fois que je t’ai reçu je ne parviens pas à te rendre un digne témoignage, j’ai même peur de te salir dans la boue de mes péchés.
Seigneur tu me dis de ne pas avoir peur et je te crois.
C’est pourquoi, Seigneur, malgré tout je viendrai et j’avancerai toujours pour te recevoir car je sais que tu me connais et que tu m’aimes comme je suis.
Oui Seigneur tu m’aimes, c’est pourquoi je te supplie de me donner ton Esprit de force, ton Esprit d’amour, ton Esprit de vérité afin qu’en te recevant, je puisse changer de vie.
Amen.
Romain Séménou, diacre
28 janvier 2012