Résumé de l'encyclique Deus Caritas Est de Benoît XVI
Résumé de la deuxième partie de la lettre encyclique: Caritas l’exercice de l’amour
de la part de l’Eglise en tant que “communauté d’amour”
Présentation de l’encyclique
DEUS CARITAS EST est la première encyclique du pape BENOIT XI. Elle fut donnée à Rome, près de Saint Pierre, le 25 décembre 2005, solennité de la Nativité du Seigneur, en la première année de son pontificat.
L’encyclique est consacrée à la spécificité de l’amour chrétien, et vise à raviver cette charité qui vient de Dieu au cœur de l’Eglise. Elle comporte deux parties et couvre 42 numéros ; le tout se termine sur une prière à la Vierge Marie.
Résumé
La charité de l’Eglise comme manifestation de l’amour trinitaire
Dans la première partie, nos réflexions ont porté essentiellement sur la Passion-Mort de Jésus-Christ qui inaugure la réalisation de la promesse de l’envoi du Saint Esprit. L’Esprit reçu pousse les chrétiens à aimer leurs frères. Ainsi mue par cet amour, l’Eglise soutient les hommes dans leurs souffrances et besoins par la parole de Dieu et les sacrements.
La charité comme tâche de l’Eglise
La charité est un devoir pour chaque fidèle et pour l’Eglise dans son ensemble. Il s’avère alors nécessaire d’organiser ce service de la charité. Depuis les origines, l’Eglise était consciente de cette tâche. Luc le rapporte dans les Actes où tous mettaient leurs biens en commun et ainsi il n’y a plus de riche ni pauvre. Cette organisation primitive a subi des mutations dans la croissance de l’Eglise.
En effet, dans l’Eglise primitive, des problèmes naquirent à propos du partage du pain quotidien aux veuves. Les apôtres instituèrent alors sept hommes diacres afin de rester libres pour le service de la prière et de la Parole. Cependant la fonction des sept diacres n’est pas simplement matérielle mais avait aussi une portée spirituelle ; c’est pourquoi le choix fut porté sur des hommes remplis d’Esprit Saint et de sagesse. Dès lors la structure fondamentale de l’Eglise comporta la diaconia, service de la charité.
Avec le temps, il était clair que l’exercice de la charité était autant essentiel à l’Eglise que le sont l’administration des Sacrements et l’annonce de la Parole. Des pères de l’Eglise l’attestent. Le martyr Justin (vers 155) montre comment les chrétiens exerçaient la charité au cours de l’Eucharistie dominicale : les riches faisaient des offrandes que l’évêque utilisait pour soutenir les indigents. Tertullien (après 220) parle de l’étonnement des païens face à la charité des chrétiens. Ignace d’Antioche, précisant que la charité est présidée par l’Eglise de Rome, signifie ainsi que le service de la charité était bien effectif dans l’Eglise.
Ce service de la charité connaîtra une structuration juridique. Déjà au IVème siècle, chaque monastère et chaque diocèse en Egypte avait une institution chargée des activités caritatives appelée la diaconie. Elles étaient même soutenues par les autorités civiles. La diaconie existait à Rome depuis les origines, bien que ses traces scripturaires remontent au VIIème et VIIIème. Le récit du martyre du diacre Laurent (258), chargé de l’assistance aux pauvres, en fait un modèle fort de la charité de l’Eglise.
L’empereur Julien l’apostat (363) a restauré le paganisme sous son règne en le restructurant. La restructuration consista essentiellement d’une part à instaurer une hiérarchie de métropolites et de prêtres et d’autre part à organiser dans le paganisme une activé de soutien sur le modèle caritatif chrétien. En effet, Julien disait que c’est l’activité caritative qui faisait la popularité de l’Eglise. C’est là encore un témoignage sur l’importance fondamentale de la charité dans l’Eglise.
A ce niveau, deux points capitaux se dégagent de nos réflexions :
a) L’annonce de la Parole de Dieu, la célébration des sacrements, le service de la charité sont trois tâches qui indiquent la nature profonde de l’Eglise. Elles sont inséparables et complémentaires. La charité est, de ce fait, intrinsèque à l’Eglise, une expression de sa nature.
b) La charité ne s’arrête pas aux limites de l’Eglise, elle s’adresse à tous les hommes comme le rappelle la parabole du Bon Samaritain. Cependant cet universalisme de la charité n’exclut pas l’attention particulière à porter aux membres de l’Eglise (cf. Ga 6, 10).
Justice et charité
Avec l’industrialisation qui fit éclore le système capitaliste au XIXème siècle, l’activité caritative de l’Eglise fut en proie à des critiques suscitées par l’idéologie marxiste. Il était reproché à l’Eglise de coopérer au maintien de l’ordre injuste par l’exercice de la charité ; les pauvres attendent plus une organisation sociale juste où chacun jouit de ses droits qu’un système caritatif. Cette objection comporte une part de vérité de même que des erreurs. Il est évident que le but premier de l’Etat est d’assurer à chacun sa part du bien commun. L’Eglise a toujours défendu cette position.
Le capitalisme a engendré, au XIXème siècle, des problèmes sociaux nouveaux que les dirigeants de l’Eglise ont fini par discerner. Mgr Ketteler, Evêque de Mayence (1877) fut l’un des éclaireurs. Pour faire face à cette situation de manque et de déficit éducatif, des cercles, des associations, des unions, des fédérations et des ordres religieux virent le jour. Les papes qui se succédèrent publièrent des encycliques et lettres pour interpeller : Rerum Novarum de Léon XIII (1891) ; Quadragesimo anno de Pie X (1931) ; Mater et magistra de Jean XXIII (1961) ; Populorum progressio(1967) et Octogesima adveniens (1971) de Paul VI ; Laborem exercens (1981), Sollicitudo rei socialis (1987) et Centesimus annus (1991) de Jean-Paul II. En 2004, le Conseil pontifical Justice et paix sortit le Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise. Le système marxiste, fondé sur la révolution mondiale, finit pas se révéler comme une illusion. Aujourd’hui, la doctrine sociale de l’Eglise joue un rôle de garde-fou dans le contexte actuel de crise.
Le lien entre la recherche de la justice et le service de la charité découle de deux situations :
a) Le christianisme affirme la nette distinction entre l’Etat (ce qui est à César) et l’Eglise (ce qui est à Dieu) [cf. Mt 22, 21]. C’est singulièrement au politique de garantir un état juste. L’Etat doit assurer la liberté religieuse et l’entente entre les différentes religions. C’est donc à l’Etat que revient la charge de créer les conditions de justice ; mais il faut d’abord que le politique ait une définition droite non partisane et intéressée de la justice. La foi vient alors en aide au politique au moyen de la doctrine sociale de l’Eglise. L’Eglise ne peut pas supplanter l’Etat dans sa tâche d’édifier une société juste. Cependant, elle y contribue par la purification de la raison et la formation éthique afin de faire reconnaître comme évident et objectif ce qui est juste.
b) La charité aura toujours sa place et son importance même dans la société la plus juste. Des situations auxquelles il faut répondre par l’amour ne manqueront jamais. L’Etat ne peut pas faire tout ni assurer un soutien empreint d’amour personnel et dévoué. Le rôle de l’Etat n’est pas de dominer, de diriger tout, mais de reconnaître et encourager les initiatives de soutien aux hommes en situation de besoins. L’Eglise est une de ces forces sociales, elle sème l’amour suscité par l’Esprit Saint. Aux hommes, cet amour apporte plus que du matériel, il se soucie aussi de l’âme. Penser que l’ordre juste rend inutile l’exercice de la charité est une conception matérialiste humiliante et réductrice de l’homme.
Nous pouvons maintenant préciser le lien qui existe au sein de l’Eglise entre l’engagement pour l’instauration d’une société juste et l’organisation du service de charité. L’Eglise apporte sa contribution à l’Etat pour l’établissement de l’ordre juste de façon médiate. Les fidèles laïcs, en tant que citoyens de l’Etat, sont appelés à agir de manière immédiate pour la formation de structures sociales justes. Aussi leur existence entière y compris leur activité politique doit-elle être imprégnée de charité. Par ses organisations caritatives, l’Eglise agit en plein responsable suivant sa nature propre. Il est clair que l’Eglise ne peut jamais se passer de l’exercice de la charité de même qu’il ne peut avoir de situation, aussi juste soit-elle, où la charité sera superflue.
Les nombreuses structures de service caritatif dans le contexte social actuel
Le développement des masses médias permet à tous de savoir ce qui passent partout en un temps record. Ainsi nous avons une plus grande conscience de la misère qui sévit dans le monde. De plus nous disposons aujourd’hui de systèmes de distribution et d’assistance plus performants. Avec la mondialisation, la sollicitude pour le prochain qui souffre prend des proportions planétaires.
Au niveau de l’Etat comme de l’Eglise sont nées des entreprises caritatives bénéfiques. Une collaboration entre les institutions ecclésiastiques et étatiques serait fort heureuse et permettra d’imprégner ces dernières d’esprit chrétien. De nos jours, nous sommes témoins de la multiplication des organisations à but caritatif et des formes de bénévolat. Je tiens à exprimer ma gratitude et à encourager toutes ces personnes. Cet état de fait fera acquérir aux jeunes le sens de solidarité et de disponibilité et la capacité du don de soi.
A la suite du pape Jean-Paul II de vénérée mémoire, je réaffirme que l’Eglise catholique est ouverte et disposée à coopérer avec les organisations caritatives des autre Eglises et communautés ecclésiales avec qui nous partageons le désir d’un véritable humanisme. Dans cette optique, l’Encyclique Ut unum sint a rappelé la nécessité de l’unité des chrétiens.
Le profil spécifique de l’activité caritative de l’Eglise
L’impératif de l’amour du prochain inscrit dans la nature de l’homme et la présence du christianisme dans le monde favorisent l’augmentation d’organisations de solidarité humaine. Dans ce contexte, il est impérieux que l’activité caritative de l’Eglise garde sa spécificité. Quels sont alors les traits caractéristiques de la charité chrétienne ?
a) La charité chrétienne, conformément à la parabole du bon Samaritain, est primordialement une réponse à ce qui constitue la nécessité immédiate : la faim, le dénuement vestimentaire, la maladie, la prison, etc. Les institutions caritatives de l’Eglise notamment la Caritas doivent mettre en place les moyens matériels et les ressources humaines nécessaires pour cette œuvre. La compétence professionnelle est indispensable mais les personnes ont avant tout besoin d’humanité. Aussi est-il requis que les personnes qui ont la charge de l’activité caritative dans l’Eglise aient, en plus de la préparation professionnelle, une formation du cœur. Ainsi de leur foi découlera un amour du prochain agissant.
b) L’exercice chrétien de la charité ne doit dépendre d’aucun parti ou idéologie mais doit être une source d’amour. Le marxisme condamne toute activité caritative se déployant au sein d’un système d’injustice. Cette théorie inhumaine voudrait qu’on attende l’instauration de la justice avant d’exercer la charité c’est-à-dire avant de se comporter de manière humaine. Là où l’amour est nécessaire, le chrétien n’attend pas, il agit. Toutefois l’activité caritative doit suivre des programmes et prévisions.
c) La charité doit être gratuite et non destinée à recruter de nouveaux chrétiens ou à imposer la foi. Cependant cela ne veut pas dire qu’il faut mettre en quarantaine Dieu et le Christ. L’amour dans sa pureté et dans sa gratuité est le plus beau témoignage de Dieu qui est amour. Rappelons que le mépris de l’amour est le mépris de Dieu et de l’homme et c’est la marque du désir de faire fi de Dieu. Les membres des organisations caritatives de l’Eglise doivent s’imprégner de cet esprit afin d’être des témoins crédibles du Christ.
Les responsables de l’action caritative de l’Eglise
Le pape Paul VI, de vénérée mémoire, a institué le Conseil pontifical Cor unum qui a la charge de l’orientation et de la coordination entre les organisations et les activités caritatives au sein de l’Eglise universelle. Il revient aux évêques de veiller à l’application du programme de charité comme mentionné dans Ac. 2, 42-44. Lors de l’ordination épiscopale, l’ordinand exprime sa disponibilité à accueillir et à réconforter les pauvres et ceux qui ont besoin d’aide. Le Code de Droit canonique rappelle que la tâche de l’évêque est de coordonner les différentes œuvres d’apostolat dans le respect de leur caractère propre. Avec la révision apportée par le Directoire pour le ministère pastoral des évêques, il a été signifié que l’exercice de la charité est une tâche intrinsèque à l’Eglise au même titre que le service de la Parole et les Sacrements.
Quant aux collaborateurs de l’œuvre de charité, ils doivent être sous la mouvance de la foi et être des personnes dont le Christ a conquis le cœur. Ils doivent vivre pour le Christ et avec Lui pour les autres. Tout collaborateur de l’activité caritative veut œuvrer avec l’Eglise donc avec l’évêque pour témoigner de Dieu et du Christ en répandant l’amour dans le monde. Les agents de l’exercice de la charité au sein de l’Eglise doivent être ouverts et disposé à travailler en synergie avec les autres organisations tout en gardant la spécificité chrétienne. Comme cela ressort de l’hymne à la charité de Saint Paul (cf. 1 Co 13), la charité est plus qu’une simple action concrète, il faut y ajouter l’élan d’amour qui évite qu’on humilie l’autre qu’on aide.
Agir ainsi met à l’abri de l’orgueil. Le fait d’être en position d’aider est une grâce et non un mérite. Quand on découvre ses limites face à l’ampleur des besoins, on peut être tenté de découragement. C’est à ce niveau qu’on doit se souvenir qu’on est qu’un instrument entre les mains du Seigneur (cf. Lc 17, 10). Alors on fera ce qui est possible et on confiera humblement le reste au Seigneur. L’immensité des besoins peut engendrer deux tentations : tomber dans l’idéologie de la solution universelle de tous les problèmes ou rester dans l’inertie. Le contact vivant avec le Christ dans la prière est le moyen pour vaincre ces tentations. L’action n’exclut pas la prière, c’est l’exemple qu’a donné la bienheureuse Teresa de Calcutta. La prière est capitale dans le travail caritatif et met à l’abri de l’activisme et du sécularisme qui guettent plusieurs personnes. La prière, loin de couver une prétention de modifier les plans divins, crée une familiarité avec Dieu et met ainsi à l’abri des doctrines fanatiques et terroristes. Ce faisant on évite de juger ou de lutter contre Dieu, l’accusant d’être sans compassion.
Au cœur de sa souffrance, Job exprime son incompréhension et son impuissance. C’est ce que nous expérimentons aussi quand nous ne comprenons pas pourquoi Dieu tarde à agir à nos heures de souffrance. Nous pouvons, du moins, exprimer dans un dialogue priant notre désarroi comme Jésus en croix. Saint Augustin nous averti que si nous comprenons la souffrance, Dieu n’est plus alors Dieu. Le cri que nous poussons dans la souffrance est au fait une affirmation de notre foi en la souveraine puissance de Dieu.
Les trois vertus théologales sont inséparables. L’espérance fait appel aux vertus de patience et d’humilité. La foi fait découvrir que Dieu, qui a donné son fils pour nous, est amour. La foi convertit nos inquiétudes et notre impatience en espérance. Nous vivons alors confiant que Dieu, dans son omnipotence, vaincra toutes les misères humaines comme le révèle l’Apocalypse. La foi crée en nous l’amour qui rend vivable notre monde qui ploie sous le poids des indigences. Créés à la ressemblance de Dieu, nous sommes capables d’amour. A travers cette encyclique j’aimerais appeler à vivre l’amour et de cette manière faire entrer la lumière de Dieu dans le monde.
Conclusion
Pour finir, tournons nous vers les Saints, eux qui sont des témoins de la charité. Saint Martin de Tours reste un modèle d’exercice de charité. Il n’a pas hésité à partager son manteau avec un pauvre, ce qui lui valut une apparition de Jésus. L’histoire de l’Eglise retient l’exemple de charité des moines. Depuis saint Antoine, Abbé (+356), les moines ont porté le souci
du prochain qui souffre. C’est ainsi que les pauvres ont toujours trouvés secours et
amour auprès des Ordres monastiques et mendiants relayés par les instituts religieux.
Des saints, par leur vie, sont devenus des références en charité sociale. Citons quelques uns : François d’Assise, Ignace de Loyala, Jean de Dieu, Camille de Lellis, Vincent de Paul, Louise de Marillac, Joseph B. Cottolengo, Jean Bosco, Louis Orione, Teresa de Calcutta.
Luc, dans son évangile, nous présente Marie, Mère de Jésus engagée dans un service de charité envers sa cousine Elisabeth enceinte. Marie, par ses paroles et actes, a toujours mis Dieu au centre. La prière et le service du prochain sont les occasions de rencontrer Dieu. Marie, humble, n’a voulu être que la servante du Seigneur et elle s’est mise à la disposition des initiatives de Dieu. Marie est une femme d’espérance et de foi. A travers le Magnificat, nous découvrons que Marie connaît bien la Parole de Dieu. Etant profondément pénétré par la Parole de Dieu, elle peut devenir la mère de la Parole incarnée. Les gestes silencieux de Marie dans les récits évangéliques de l’enfance, sa délicate sollicitude à Cana, son humble acceptation d’être délaissée lors de la vie publique de Jésus sont autant de signes qui indiquent que Marie est une femme qui aime.
Les saints, après la mort, continuent par porter le souci des hommes de qui ils deviennent encore plus proches. Par ces paroles de Jésus à Jean « Voici ta mère » (Jn 19, 27), Marie devient la mère de tous les croyants. Aussi la bonté maternelle et l’amour inépuisable de Marie répondent-ils à tous les cris des hommes qui se tournent vers elle. Les témoignages de reconnaissance au sujet de l’attention bienveillante et maternelle de la Vierge abondent et la dévotion des fidèles reste un signe que l’amour n’est possible qu’en union avec Dieu. A l’école de Marie, nous découvrons ce qu’est l’amour, sa source et sa force. C’est à ses bons soins que nous remettons l’Eglise dans sa charge d’exercice de la Charité.